Le Cuirassé Potemkine

Publié le 09 décembre 2012 par Olivier Walmacq

Genre : Drame, Historique, propagande

Année: 1925

Durée : 1H25

L’histoire : A l’aube de la révolution, dans le port d’Odessa, les marins du Cuirassé Potemkine découvrent de la viande avariée. Leurs protestations se font entendre et la tension monte. Bientôt les marins se rebellent contre les officiers et la révolte se propage dans toute la ville. 

La critique de Vince12 :

Existe t’il un film plus culte que Le Cuirassé Potemkine ? Combien y’a-t-il de scènes aussi célèbres que celle des marches de l’escalier d’Odessa ? Et combien de fois cette scène fut elle reprise ?

Vous l’aurez compris, Le Cuirassé Potemkine est un authentique chef d’œuvre qui a marqué les esprits et qui a surtout changé à jamais la face du cinéma. Qui aurait pu croire que ce film de propagande allait révolutionner le septième art et devenir un des films les plus importants et les plus influents de l’histoire.

Car c’est ainsi que tout a commencé, à la base le Cuirassé Potemkine est un film de propagande réalisé par Sergueï Eisenstein sur commande de Lénine qui souhaitait honorer au cinéma l’anniversaire de la révolution russe de 1905. Eisenstein qui n’avait que 27 ans et qui s’était fait remarquer par son film La Grève, était favorable aux opinions communistes soviétiques.  Il travailla sur un script dont il ne conserva qu’un court épisode en raison des mauvaises conditions de tournage. Il divisa cet épisode en cinq parties pour faire le film qu’il tourna en sept semaines.

Une fois encore Eisenstein n’a jamais caché son rattachement à l’idéologie communiste soviétique. Quant à ses films, ils n’ont jamais caché l’immense talent d’un réalisateur considéré comme l’un des plus grands et comme « le Père du Montage ».   

Ainsi d’un film de propagande, Eisenstein parvient à tirer un véritable chef d’œuvre.

Attention SPOILERS

Premier acte : « Des Hommes et des Vers »

En 1905 en Russie, à bord du Cuirassé Potemkine, les hommes de bord trouvent de la viande pourrie, ce qui provoque des protestations. Le marin Vakoulintchouk est à la tête de la manifestation. Le médecin du bord obéissant aveuglément au commandant nie la réalité. Les menaces de punition pour insubordination pèsent alors sur les marins du bord. Certains cèdent, d’autres résistent.

Deuxième acte : « Drame sur le gaillard d’arrière »

L es hommes qui ont refusé le repas sont mis aux arrêts et condamnés à mort. Ils sont traînés sur le pont devant leurs compagnons et devant le peloton d’exécution. Mais quand l’ordre de tirer se fait entendre, les soldats refusent de tuer leurs camarades. Tout tourne alors à la mutinerie. Les hommes se révoltent et prennent le contrôle du navire. Les officiers supérieurs sont tués et le médecin jeté par-dessus bord.

Troisième Acte : « La mort demande justice »

Au cours de la révolte, Vakoulintchouk est blessé mortellement. Arrivé au port d’Odessa, son corps est exposé sur les quais et la foule vient saluer le marin insoumis. Les soldats fraternisent alors avec les habitants. Ces derniers deviennent bien vite solidaires du mouvement et la révolte se propage alors dans la ville.  

Quatrième Acte : « L’Escalier d’Odessa »

Sur l’immense Escalier d’Odessa, alors que la révolte fait rage, un groupe de cosaques avancent en rangs serrés. Ils se mettent alors à tirer sur la foule qui s’enfuit en descendant l’escalier. Hommes, femmes, vieillards et enfants sont abattus. Du port, les canons du Cuirassé Potemkine ouvrent le feu sur les cosaques. On apprend alors qu’une escadre navale a été envoyée, pour stopper les révoltés.

Dernier Acte : « La rencontre avec l’escadre »

L’escadre venue mater la rébellion approche. A bord du Cuirassé Potemkine, on hisse le pavillon rouge et tout le monde est à son poste. Le Potemkine reprend la mer pour aller affronter l’escadre navale du Tsar. Alors qu’ils arrivent en face de leurs adversaires, ils sont accueillis par des cris de solidarité. L’escadre laisse passer le Cuirassé Potemkine sans tirer un seul coup de feu.  

Voilà donc pour les grandes lignes de ce chef d’œuvre à la propagande révolutionnaire et à la forme tout aussi révolutionnaire.

Eisenstein réalise un coup de maître qui l’impose comme l’un des plus grands cinéastes de l’histoire. Tout d’abord on est ébloui par la puissance visuelle du film. Que ce soit la scène des marches de l’escalier d’Odessa, la révolte du navire ou encore le final, Eisenstein fait preuve d’un œil véritablement affuté.

Mais outre la puissance visuelle, les innovations du film. Sur le plan narratif d’abord, puisque le film n’a pas recours à des héros ou des personnages principaux, l’histoire se concentre sur une foule de personnages.

Sur le plan visuel, on pense bien sur aux cadrages privilégiant les détails. Les gros plans serrés succèdent aux images spectaculaires.

Mais c’est sur le montage que le film se révèle surtout novateur. Là où beaucoup de films de l’époque souffrent clairement de longueurs de par le manque de rythme, ce n’est clairement pas le cas du Cuirassé Potemkine. Tous les évènements s’enchaînent de façon très rythmés et rapides, conférant ainsi aux scènes de violences toute leur puissance et au film son côté radical.  

On pourrait passer des heures à parler de la forme du film qui se démarque clairement des réalisations de l’époque et qui réinvente le cinéma.

Pourtant le tournage ne fut pas des plus faciles en raison du mauvais temps et d’un script tenant sur quelques pages. D’ailleurs beaucoup de scènes seront improvisées sur place.   

Le film sort en Union soviétique en 1926 et déclenche une vague d’enthousiasme. Il sera par la suite projeté à Berlin où il devient un classique. Plus tardivement, Le Cuirassé Potemkine parviendra même à conquérir l’occident avec succès. Même aux USA, on chantera les louanges de ce film de propagande communiste!  C’est dire !

Oui c’est dire à quel point Eisenstein a réalisé un vrai coup de maître avec ce film qui de nos jours encore, continue de procurer le même émerveillement. Régulièrement cité et à juste titre comme l’un des plus grands films de tous les temps, Ce chef d’œuvre reste également l’un des monuments essentiels et importants de l’histoire du cinéma. Dire qu’il a eu une énorme influence est beaucoup trop faible.

Certaines scènes sont gravées à jamais dans les annales du septième art. La plus célèbre étant bien sur celle de la dégringolade du landau sur les marches d’Odessa en plein cœur d’un massacre hallucinant. Cette scène absolument incroyable sera reprise un nombre incalculable de fois notamment dans Les Incorruptibles de Brian De Palma entre autres. 

    

En bref un chef d’œuvre absolu de chez absolu à voir absolument (mais alors vraiment absolument).

L’un des diamants du septième art.

    

Note : 21/20