L'épilogue de l'affaire Arche de Zoé fait grincer des dents en Afrique.

Publié le 03 avril 2008 par Zench

Qui paiera les 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts dus aux familles des victimes ? demande la presse africaine, unanime pour critiquer vertement la grâce accordée par le président tchadien Idriss Déby aux six membres de l'association.


Les six bénévoles de l'association L'Arche de Zoé qui s'étaient illustrés dans une tentative rocambolesque d'enlèvements de 103 enfants au Tchad ont été graciés le 31 mars par le président Idriss Déby et sont sortis des différentes prisons françaises où ils étaient détenus. Condamnés à huit ans de travaux forcés par un tribunal de N'Djamena en décembre 2007, ils sont toujours redevables de 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts à verser aux familles des enfants.

"L'affaire de L'Arche de Zoé a révélé à quel point cette bête immonde qu'est la Françafrique est coriace. Elle a tellement la peau dure que, chaque fois qu'on la croit atteinte à jamais, elle revient toujours à la charge", souligne l'hebdomadaire Le Bénin aujourd'hui, qui s'en prend violemment à Nicolas Sarkozy et à ses promesses de rupture. "Après de tels marchandages, qui feraient honte au plus vénal des épiciers, osera-t-on encore nous rebattre les oreilles avec la fameuse rupture", insiste pour sa part le magazine sénégalais Nouvel Horizon , qui ajoute que "la lamentable équipée des membres de L'Arche de Zoé prouve que, plus de quarante ans après les indépendances, l'Afrique reste un immense terrain de jeu où une bande de pieds nickelés, au nom d'une fumeuse morale humanitaire, peuvent kidnapper 103 gosses sans risquer grand-chose."

Pour le quotidien burkinabé Le Pays, le Tchad est le grand perdant. Si Sarkozy peut se frotter les mains, car les intérêts des Français sont saufs, Idriss Déby n'a pas les moyens de faire pression sur Paris pour récupérer les quelque 6 millions d'euros de l'amende infligée aux accusés, que ceux-ci ne peuvent pas payer. Quant au gouvernement français, il a été clair, "pas un kopeck du contribuable français ne sera engagé dans cette affaire". Et pourtant, rapporte le quotidien, "le président tchadien a tenté de lier le paiement des indemnités à la grâce, en vain". Il ne pouvait pas en être autrement quand on se rappelle qu'au mois de février dernier Paris a sauvé le régime tchadien "contre la horde des rebelles qui tentaient de le renverser".
Alors qui indemnisera les 103 victimes et leurs familles ?

Source : Courrier International


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