Nous sommes tous la Tunisie

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Nous sommes tous la Tunisie !


L’Émirat du Qatar, l’ami très fortuné et très adulé des pays se réclamant les garants de la démocratie planétaire (USA, Grande Bretagne, France, Allemagne …) décore et récompense pompeusement des poètes étrangers tels que Bernard Noël, André Miquel et Adonis  tandis qu’il condamne sans vergogne à la prison à vie un des siens pour avoir écrit et déclamé en public, en novembre 2011, un poème en soutien aux révolutions arabes et à la démocratie dans un pays, le Qatar, qui prétend pourtant les soutenir.  

Ce poème figurera certainement un jour en tant que morceau d’anthologie dans la mémoire écorchée vive du monde arabe lequel se trouve actuellement aux prises avec tous les démons déchaînés du capitalisme, du fanatisme religieux téléguidé par les suppôts du fascisme barbare made in USA. Je remarque non sans plaisir que ce poème intitulé « Nous sommes tous la Tunisie » ne fait à aucun moment allusion à l’Islam ni à son dieu et en cela, qu’elle que soit la croyance de son auteur, il s’insère dans la grande tradition de la poésie de résistance laïque. Mohammed Ibn al-Dhib écrit pour éduquer son peuple comme le fit Darwich en Palestine ou Hikmet en Turquie, Vallejo et Neruda en Amérique du sud,  Maïakovski en Russie et tant d’autres de par le monde dont bien sûr les poètes français de la Résistance. <!–
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P { margin-bottom: 0.La France qui est de moins en moins la France, ne s’est-elle point cette fois-ci déshonorée une fois de trop en s’alliant pour des raisons ignominieusement économiques avec les pétromonarchies à grosses moustaches du Golfe… tout en reniant les principes fondateurs qui, par le passé, lui avait valu la ferveur de tous les peuples opprimés du monde entier ?
Le fraîchement élu François Hollande avait entre les mains un maximum d’atouts pour entrer glorieusement dans l’Histoire en refusant la dictature de la finance anglo saxonne avec ses agences de notations à la noix mais aussitôt « en place » il a renoncé, comme les Zapatero et autres Papandréou, à sa responsabilité de garantir la souveraineté de la France en se prosternant de façon ridicule devant les représentants de l’oligarchie capitaliste mondiale qui n’ont de cesse de piétiner sans états d’âme cette magnifique utopie en marche que représente la démocratie. N’oublions jamais l’affront impardonnable fait aux citoyens français en 2005 quand le résultat du référendum sur l’Europe a été promptement gommé comme si de rien n’était. Ainsi, aucun gouvernement n’aura plus la moindre légitimité tant qu’il ne rendra pas justice au peuple. Sans pour autant vouloir dire qu’il serait un parangon de vertu, Bachar al-Assad était pourtant en train de lutter contre la corruption sévissant dans son pays en faisant modifier la constitution par voie de référendum lorsqu’il a été accusé de tous les maux ravageant le Moyen-Orient … Après l’Irak, l’Afghanistan, on peut aujourd’hui apprécier ce qu’il est advenu de la Libye libérée de l’Ogre Kadafi : un coupe-gorge dont il faudra bien un jour où l’autre que le sang rejaillisse sur quelques chemises immaculées de certaines têtes mal pensantes. Que de carnages officiellement et médiatiquement occultés afin que des compagnies extra territoriales – sans autre foi ni loi que celles de cumuler des profits colossaux -  puissent absorber et privatiser toutes les richesses et les ressources de la terre avec la bénédiction urbi et orbi des marchands de canons et de mirages.

Le monde va complètement à hue et à dia et je souhaite ardemment que les égyptiens et les tunisiens auront encore, après tant d’épreuves endurées, la force et la bravoure de réinventer la démocratie et de nous rendre un peu de notre dignité perdue en ne prenant jamais plus comme exemple à suivre ce que notre Occident est devenu sous la pression d’un système économique mortifère complètement dévoyé. Que la poésie accompagne les révolutions, n’est-ce pas dans l’ordre des plus hautes aspirations humaines ? Les tyrans, eux, l’ont bien compris, et ce, depuis très longtemps.   

André Chenet

Pour la traduction du poème de Mohamed Ibn Dhib « Nous sommes tous la Tunisie, c’est ici