Interview de James Marsh et Andrea Riseborough pour SHADOW DANCER

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

A l'occasion de la projection presse de SHADOW DANCER, nous avons rencontrés le réalisateur et l'actrice principale du film.

Lundi 3 décembre 2012, direction l'hôtel Intercontinental à Paris pour rencontrer James Marsh le réalisateur du film SHADOW DANCER et son actrice principale Andrea Riseborough.
Le film SHADOW DANCER sort dans les salles en France le 6 février 2013, avec Andrea Riseborough mais également Clive Owen et Gillian Anderson.
Retrouvez l'interview de l'actrice par Spaz et la vidéo de l'interview du réalisateur par Yanchasp.

Interview vidéo de James Marsh

Pas encore très connu en France (mais ca ne devrait pas tarder), James Marsh nous parle librement pour nous dévoiller les secrets du tournage, nous expliquer le choix du scénario de SHADOW DANCER, sa vision sur les motivations des personnages...
Il nous parle même de son prochain film, de celui qu'il a préféré sur l'année 2012 et avec quel acteur il aimerait travailler.
Pour en savoir plus, regardez sans attendre la vidéo de la rencontre d'un réalisateur dont on va certainement beaucoup entendre parler en 2013.

La vidéo sur YOUTUBE (cliquez ici)
La vidéo sur DAILYMOTION (cliquez ici)

Interview de Andrea Riseborough

Suite 2358 de l’hôtel Intercontinental Andrea Riseborough arrive, teint pâle cheveux noirs de jais lèvres écarlates, elle s’assoit sur le canapé boit un verre d’eau, l’interview commence.
Entretien avec une actrice exigeante mais qui réponds dans le détail à nos questions sur sa performance dans SHADOW DANCER mais aussi sur sa collaboration avec Tom Cruise dans le encore mystérieux OBLIVION.

Le dossier de presse révèle que vous avez fait de nombreuses suggestions au réalisateur, quelle part de vs même avez-vous apporté au personnage de Colette ?

En tant qu’actrice vous êtes votre propre outil vous apportez votre physicalité, vos émotions malgré tout je n’ai pas « importé » Andrea dans Colette. Le tournage s’est déroulé à Dublin qui est une ville merveilleuse mais qui n’a rien avoir avec Belfast cela ne m’aidait pas beaucoup à rester dans l’esprit du personnage ainsi quand le tournage s’interrompait je retournais à Belfast ou je rencontrais énormément de gens qui m’apportaient beaucoup pour incarner Colette. Dans le script par exemple elle était très bavarde, après ces rencontres, il me semblait que la rendre silencieuse permettrait d’illustrer la peur, la paranoïa et l’isolation qu’elle pouvait ressentir.

Le film à une fin surprenante, le fait de la connaitre a-t-il influencé votre façon de jouer le personnage sachant les choix qu’elle aurait à faire à la fin ?

En tant qu’acteur vous ne pouvez pas interpréter un personnage en portant le poids de tout ce qu’il va faire dans le script vous devez être ouvert à toutes les réactions, celui-ci doit devenir une seconde nature. Bien sûr vous devez lire le script, s’il y en a un, ce qui n’est pas toujours le cas comme avec Mike Leigh, mais vous ne devez pas le laisser dicter tout ce que votre personnage ressent.

Au cours du film les sentiments qu’on éprouve pour Colette changent, elle semble être au départ victime des circonstances mais finalement faits des choix assez radicaux.

Colette à un seul but, le seul sentiment qui l’anime est l’instinct de survie, elle n’est pas tiraillée. Le sentiment d’oppression vient souvent des conditions sociales, il y a plus de 80% de chômeurs en Irlande du Nord, c’est cette injustice qui les pousse vers le terrorisme, dans ce film il n’y a que des victimes mais Colette, elle, a une grande force intérieure.

Avez-vous lu le livre dont est tiré le scénario ?

J’ai commencé à le lire puis j’ai arrêté car le film est devenu une entité indépendante, nous avions d’autres objectifs avec le film que ceux du livre, le réalisateur et moi avons décidé d’en faire le point de départ d’autre chose. Le film lui-même a évolué tout au cours du tournage.

Ce qui m’a poussé à le faire est la vision de James car un script n’est qu’une portion de ce que va être un film, j’ai mis un mois à me décider à accepter le projet.

Il y a énormément de scènes silencieuses dans le film, comment construire un personnage sans dialogues ?

Il y a énormément de recherches en amont pour arriver à distiller l’essence d’un personnage et finalement réussir à réagir comme elle qu’elle que soit la situation. L’essence du personnage est qu’elle ne peut se confier à personne pas même à sa famille sur sa situation, cette absence de liberté d’expression devait se retrouver même sur son visage.

Vous ne parlez d’une forme de paranoïa au sein même des familles, avec les autres acteurs comment réagissiez-vous en dehors du tournage restiez-vous à part pour maintenir ce sentiment d’isolation?

Parce que le sujet est si sombre, les moments de camaraderie avec les autres acteurs étaient très importants et nous avions besoin de l’énergie de ces moments, des rires afin de pouvoir gérer la tension extrême durant les prises. Nous avions un casting « glorieux », tous les acteurs étaient de vrais artistes mais aussi des personnes très joyeuses. Le seul exemple d’isolation avec un partenaire a été avec Clive Owen. L’ensemble du film avait été tourné quand nous avons mis en boite durant 3 semaines nos scènes ensemble.

Avant le début du projet Clive et moi avons énormément parlé du film, nous sommes tous deux issus de la même école d’art dramatique (RADA - The Royal Academy of Dramatic Art), mais quand nous en sommes venu au moment de tourner notre première scène ,qui est également notre première scène dans le film, nous avons gardé nos distances pour ne pas perdre la tension nécessaire. Car quand vous jouez avec quelqu’un que vous connaissez vous ne pouvez-vous empêcher d’avoir une connexion.

En France nous connaissons peu en dehors de Clive Owen vos partenaires mais ils sont excellents dans le film.

David Wilmot qui est terrifiant dans le film est un acteur incroyable avec qui j’ai eu un plaisir énorme à jouer (j’espère qu’il peut en dire de même) je l’appelais David « Oscar » Wilmot.

Brit Brennan est aussi une actrice phénoménale, j’ai beaucoup appris d’elle car elle a grandi dans les circonstances que décrit le film.

Donahl Gleeson est aussi un acteur excellent qui m’a beaucoup fait rire durant le tournage.

Peut-on jouer de la même façon dans un film comme Shadow Dancer tourné dans une atmosphère familiale et dans un énorme film de SF comme OBLIVION de Joseph Kosinski avec une énorme star comme Tom Cruise ?

La clé est de se battre pour des projets qui pourront m’apporter des choses artistiquement. Tom et Joe m’ont montré ce que le film allait être à travers les concepts arts car le script n’était pas suffisant pour appréhender l’ampleur du projet.

Le film m’a attiré car il a 3 éléments très forts :

Tout d’abord un élément dramatique, Tom et moi avons énormément travaillé en amont pour s’assurer que les relations entre nos personnages soient aussi complexes et vraies que possible dans ce contexte fantastique.

Joseph Kosinski bien qu’étant très visuel et ayant à gérer une énorme logistique est profondément attaché aux performances des acteurs, il va toujours choisir la prise ou le jeu est le meilleur ce qui est rare pour un réalisateur si technique.

Enfin esthétiquement cela va être époustouflant, je n’ai jamais eu à tourner sur fond vert durant les 6 mois de tournage, les design sont incroyables. Joe a créé la bande dessinée qu’il adapte lui-même donc c’était incroyable d’évoluer dans sa propre création.

C’est un film de SF à l’atmosphère étrange, captivant, original je suis impatiente qu’il sorte, vous allez voir la bande-annonce devant le Hobbit.