Le CDDH Béjaia organise un forum des droits de l'Homme

Publié le 13 décembre 2012 par Kabyle @Madjid_SERRAH

Plaidoyer pour le respect des droits humains


Une large panoplie d’acteurs de la société civile issus d’horizons variés ont pris part à la rencontre-débat organisée ce lundi 10 décembre 2012, au théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa, par le centre de documentation des droits de l’Homme (LADDH), et ce, à l’occasion de la célébration d

e la journée mondiale des droits de l'Homme.
Ainsi, des représentants du monde syndical, universitaire, associatif, culturel et artistique etc. sont intervenus durant toute l’après-midi de cette journée dédiée au combat pour les droits humains, tant au niveau national que mondial.  C’est le membre du bureau national de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) et de la coordination Maghrébine des droits de l’Homme, Saïd Salhi qui ouvrira le bal des débats de cette rencontre baptisée « Forum des droits de l’Homme de Béjaïa ».
M. Salhi axera son discours inaugural sur la portée symbolique de cette date charnière du 10 décembre 1948, où la déclaration universelle des droits de l’Homme fût adoptée par l’assemblée générale des Nations unies (ONU).
L’intervenant ne manquera pas, en outre, de déplorer qu’« en Algérie de 2012, des militants des droits de l’Homme se font encore arrêter, voire torturer dans des commissariats », avant d’ajouter que « quand on parle aujourd’hui de torture, il n’y a pas que la torture physique. Il y a aussi de la torture morale ou psychologique qui fait également mal ». 
Pour sa part, le coordinateur de la wilaya de Béjaïa du Cnapest, Slimane Zenati, fera une rétrospective succincte de l’histoire du syndicalisme en Algérie, rappelant le monopole du syndicat historique, l’UGTA en l’occurrence, durant les dernières décennies.  Evoquant la naissance du Cnapest, créé en 2003, l’orateur qualifiera l’avènement du pluralisme syndical de bouffée d’oxygène, puisqu’il a permis à plusieurs secteurs d’activités de se doter de syndicats autonomes capables de représenter dignement la classe ouvrière. 
« Bien que notre syndicat ait amplement contribué à la promotion des libertés syndicales, il n’en demeure pas moins que pas mal de nos militants ont subi des pressions, tels que les harcèlements judiciaires, les intimidations et autres exactions... », indiquera M. Zenati. La présidente de l’association pour l’émancipation de la femme (AEF), Mme Soumia Salhi, tient, à son tour, à rendre « un grand hommage à toutes celles qui ont lutté à toutes celles qui ont résisté », exprimant une pensée « à notre défunte amie, Nabila Djahnine, Architecte et ex-présidente de l'association « Thighri n'Tmetut » (Cri de femme), assassinée le 15 février 1995 à Tizi Ouzou ». Ensuite, l’oratrice enchainera en ces termes : « Je voudrais souligner tout d’abord que le déni du droit des femmes est dans tous les pays du monde. Car l’humanité a connu partout un ordre patriarcal depuis plusieurs millénaires. L’ordre patriarcal, c’est celui de la prééminence des hommes sur les femmes du père sur le fils. Les femmes sont exploitées à cause de leur statut d’opprimées. On les embauche pour les payer moins cher ; mais le résultat est une indépendance économique qui leur donne les moyens de demander le droit à l’égalité et des possibilités de s’organiser pour lutter contre les discriminations qu’elles subissent ».
Revenant à la place de la femme algérienne dans la société, Mme Salhi estime qu’« en Algérie, des droits égaux sont reconnus aux femmes par les textes législatifs, en conformité avec l’article 29 de la constitution à l’exception énorme des droits des femmes dans la famille. Les femmes jouissent, à égalité avec les hommes ; des droits politiques et civiques, mais dans le même temps la législation familiale les cantonne dans un statut de minorité au sein de cet espace privé par excellence !! Qu’est la famille. Cette reconnaissance abstraite de l’égalité entre les sexes est très en avance sur les réalités et les pratiques sociales. Bien au contraire de ces principes généreux la réalité algérienne est faite de discriminations nombreuses ».
De son côté, le responsable du Café littéraire de Béjaïa, Kader Sadji, développera un discours au vitriol à l’égard du pouvoir algérien qu’il accuse de « faire preuve d’entraves sournoises envers toute liberté de création, en fermant tout espace de communication et de rencontres entre créateurs libres ». Pour le conférencier, « ce déni culturel a pour objectif d’acculturation et de déculturation de la société pour la stériliser et la rendre plus facile à manier idéologiquement par nos gouvernants ».
Afin d’étayer ses propos, il citera à titre d’exemple, « les festivals et autres manifestations culturelles initiées en grande pompe par le pouvoir qui mobilise des sommes colossales et une armada de participants pour finalement encourager la médiocrité au détriment des artistes libres et engagés. Les organisateurs veillent bien sûr à bien les rémunérer pour les satisfaire en leur apprenant comment on peut de l’argent non mérité. Cette pratique renseigne sur les intentions réelles de cette politiqué de corruption de l’artiste. ». In Liberté