Quelqu’un a des nouvelles de… ? (#2: Detox)

Publié le 14 décembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru



Deuxième épisode de ces regrettés disparus et/ou oubliés de la musique. Aujourd’hui ce ne sera pas un artiste sur lequel il faut s’interroger mais bien un album, prévu depuis six ans et qui n’a toujours pas vu la lumière du jour: Detox de Dr Dre.

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Il s’agit sans doute de la plus grande arlésienne de l’histoire de la musique. Tout du moins de l’histoire du rap. Tout le monde en a parlé, rêvé, fantasmé, cauchemardé puis s’en est lassé. Pour à nouveau en parler quelques temps après. Il faut dire que l’auteur de cette immense rumeur n’est pas connu pour son stakhanovisme. Deux albums « solo » en plus de vingt ans de carrière, on a vu plus régulier. Et pourtant, personne ne lui en veut parce qu’à chaque fois, ses disques ont été d’immenses succès reléguant la concurrence à deux, trois années de retard. Il est peut être temps de dire que l’on parle de Dr Dre pour ceux qui ne l’avaient pas encore deviner.
Petit cours d’histoire: Dre est à la base le producteur du légendaire groupe N.W.A, avant de devenir le plus grand représentant de la West Coast mainstream, avant de devenir le plus grand producteur rap US grand public des vingts dernières années. Et par producteur, on entend pas seulement « beatmaker », mais bien producteur dans le sens large. Snoop Dogg, 2 Pac, 50 Cent, Eminem et The Game lui doivent entièrement leur carrière dans la lumière.
Pour en arriver jusqu’ici, Andre Young a gravi les échelons de la gloire à grandes enjambées. N.W.A donc mais surtout son premier album, The Chronic,sorti en 1992 et qui a marqué l’histoire du rap californien, du rap tout court et même de la musique. Violence, sexe, fric, fumettes, tous les meilleurs ingrédients réunis autour de productions G-Funk, directement inspiré du géant George Clinton (Parliament/Funkadelic). Une réussite totale qui permettra à Snoop Dogg d’éclater au grand jour lui aussi. 
D’ailleurs, les deux compères se retrouveront un an plus tard pour ce qui constitue l’apogée de leur symbiose: Doggystyle, le premier solo de Snoop. Un classique des classiques qui finit d’installer le duo tout en haut du rap US, en même temps que le label Death Row de cet escroc de Suge Knight.

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S’en suivra une période faste pour Dre (un peu moins pour Snoop « Lion »…), fer de lance du label et qui agira en total roue libre derrière le phénomène de foire 2Pac. Tout va bien donc, jusqu’en 95 où les rapports au sein de Death Row partent en couilles entre tous avec en toile de fond un joli beef West Coast vs East Coast avec les conséquences que tout le monde connait. Dre veut plier bagage pour rouler sa bosse tout seul et fonde Aftermath Records en 96 avec Jimmy Iovine. Les débuts sont peu reluisants, pas de grosses sorties, mais quand même quelques tubes bien sentis pour les autres, California Love pour Shakur Tupac ou No Diggity avec les Blackstreets. Jusqu’au coup de génie: la signature d’Eminem. Le mec est blanc, fou, hyper talentueux et n’a peur de rien. Le crime marketing parfait. Un premier album pour tester la bête sur le marché puis deux nouveaux coups de maître.
Tout d’abord son deuxième solo, 2001, en 99, véritable compilation de tubes en tout genre qui consolide le statut de hitmaker #1 de Dre sur toute l’Amérique (et qui participera en grande partie à la fortune du bonhomme). Et ceci même s’il faut commencer à noter que le bonhomme ne bosse plus vraiment tout seul et se fait grandement aidé de toute part. Malgré ceci, personne ne peut lui enlever son génie visionnaire une fois de plus. Et que dire alors de The Marshall Matters Lp, le second opus d’Eminem qui va propulser le rappeur de Detroit au statut de superstar mondiale. Et même s’il est la caution rap de beaucoup de gens n’aimant pas le rap, là aussi personne ne peut lui enlever son incroyable talent au micro. Dre peut s’en donner à coeur joie avec lui, il sait qu’il peut tout lui faire faire.
Cette double sortie rappelle étrangement le passage The Chronic-Doggystyle dans la forme. Et marque aussi malheureusement le début de la fin.

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En carrière solo tout du moins, puisque pour le reste, Dre est encore au-dessus. L’explosion immense de 50 Cent avec le banger In Da Club en 2003 puis de The Game vont encore permettre à Young de faire des petits bébés dans son compte en banque. De 2001 à 2005, les productions à base de clavier vont inonder le marché rap-R&B, de Mary J Blige, Eve, Truth Hurts, Gwen Stefani à Eminem, 50, Jay-Z et tant d’autres. Trop facile pour lui.

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   (Trop Swagggg & Soin)

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Une fois encore, il s’accorde une trêve dans sa carrière personnelle pour se focaliser sur celles des autres. Mais c’est pour mieux revenir se dit-on. Et l’annonce du nouvel album tant attendu ne tarde pas à arriver. Et forcément l’engouement prend à nouveau. On se met à palabrer sur le prochain casting, comme dans un blockbuster. 50, Jay-Z, Nas et d’autres superstars au micro, Dj Khalil, Hi-Tek et même RZA pour l’aider à la production. A faire bander un mort.
Sauf que rien n’avance jamais. A chaque nouveau morceau du Doc, on se dit qu’il s’agit du premier single et il n’en est jamais rien. Pire, le manque d’inspiration s’incruste même au niveau des productions. La formule n’a plus trop changé depuis dix ans et à quelques exceptions près, il ne surprend plus personne. Il reproduit pour ses poulains de toujours, Snoop et Eminem ou alors pour les grands Nas, Jay-Z et Raekwon mais la magie n’opère plus vraiment. Et même les fans hardcore du bonhomme commencent à s’en rendre compte.
Il tente tant bien que mal de tenir en haleine les gens, notamment avec Under the Preasure, aidé par Jigga man. On va de nouveau y croire… mais plus trop longtemps. De nombreux rappeurs essaient même de raviver la flamme en annonçant participer à une nouvelle session studio avec Dre, que ce soit des anciens ou des nouveaux. Pour prouver la bonne santé du projet, on a le droit à des tweets, des photos, des annonces de participation d’artistes hors-rap (La Roux, Lady Gaga) etc etc. Mais rien de concret entre les oreilles, que du vent.
Depuis, ce Detox est devenu une sorte de même sur le Net, les fans préférant en rire qu’en pleurer. Dre a sûrement commis la première erreur de sa carrière: à force d’attente, on sera forcément déçu et il le sait lui-même. C’est sans doute pour ceci qu’on n’aura plus jamais un album de Dre, ou alors sous un autre nom et sous un autre projet.

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Et si l’ami André n’est plus trop dans le coup musicalement, il sait encore y faire niveau marketing: il vient de lancer sur la Lune la carrière de Kendrick Lamar mais surtout, il a réussi à pigeonner des millions de gens avec son casque Beats by Dr Dre. Le mec vend un produit d’ingé son 180€ à la populasse qui ne se rend pas compte que ce n’est pas avec un Ipod ou un MP3 quelqconque qu’elle peut profiter pleinement des capacités auditives du dit-casque. Comme quoi, le génie ne disparait jamais vraiment.

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