L'âne frotte l'âne

Par Arielle

Les sots se complimentent mutuellement
Ce proverbe se moque des personnes qui s'adressent entre elles des compliments outrés.
Il est une traduction littérale du latin "asinus asinum fricat" et a été sorti de l'oubli, comme beaucoup d'autres, par notre fabuliste habituel Jean de la Fontaine, dans "Le lion, le singe et les deux ânes".
Il est né de l'habitude qu'ont les ânes (réputés à tort pour être idiots) de se frotter l'un à l'autre pour calmer leurs démangeaisons.
On trouve de bons exemples de ces situations chez Molière dans "Les femmes savantes", par exemple, mais un peu avant chez Erasme dans son "Éloge de la folie" :
« Rien n'est plus plaisant que de voir des ânes s'entregratter soit par des vers, soit par des éloges qu'ils s'adressent sans pudeur :
- Vous surpassez Alcée, dit l'un
- Et vous Callimaque, dit l'autre
- Vous éclipsez l'orateur romain
- Et vous vous effacez le divin Platon »
Ceux qui ne connaissent ni Alcée, ni Callimaque, ne peuvent comprendre l'ironie de l'auteur dans la montée du niveau des flatteries dans le dialogue précédent.
Je vous laisse donc vous renseigner sur le poète grec Alcée du VIIe siècle avant J.C., qui, quoi que de Mytilène, n'était pas un bleu  et sur le poète d'Alexandrie Callimaque, du IIIe siècle avant J.C., qui, quoi que de Cyrène, ne faisait pas beaucoup de bruit.
Ils sont maintenant largement tombés et en poussière, et dans l'oubli, mais le premier était, paraît-il, l'inventeur du ver alcaïque hendécasyllabique dont le quatrième pied était anapestique (ce qui, pour un pied, nous fait une belle jambe, n'est-il pas ?).


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