Ai Weiwei, never sorry

Par Christianpoulot @lemodalogue

Actuellement sur les écrans est projeté Ai Weiwei: Never sorry, documentaire américain d’Alison Klayman. L’occasion de découvrir un artiste complexe, aux multiples facettes.

Il n’a pas le parcours classique des autres artistes émergents des années 2000 de la scène chinoise, il n’a pas fait les beaux-arts de Pékin. Ai Weiwei est un autodidacte issu de l’aristocratie rouge, ce qui lui a permis d’avoir accès à un certain nombre d’informations avant de partir à New-York au début des années 80 où il sera étudiant à la Parsons.

Artiste, activiste et homme d’affaires, même s’il reste assez marginal en Chine, Ai Wei Wei est représentatif de notre époque en cela qu’il a compris le pouvoir des images et des réseaux sociaux (600 millions d’internautes en Chine, 400 millions d’utilisateurs de Weibo, le twitter local) et n’hésite pas à les utiliser abondamment.

Mais on ne peut comprendre Ai Weiwei et sa révolte, sans connaître le parcours de son père qui avait, lui-même, des démêlés avec le pouvoir totalitaire. Il fut déporté avec d’autres intellectuels en 1956.

Ai Weiwei est lui aussi en lutte contre le pouvoir centralisateur chinois. Mais lui compose en permanence, ce n’est pas un idéologue. Il n’hésitera pas à participer au projet architectural gigantesque des Jeux Olympiques (symbole du couronnement du pouvoir), mais se retirera avant la fin.
Puis on le retrouvera très engagé dans l’affaire de la tragédie des enfants de la région de Sichuan.

Cette attitude aurait été inimaginable dans les années 50 et ses détracteurs en profitent pour dire que la seule “existence” d’Ai Weiwei prouve que la Chine à changé.

Mais de quel changement s’agit-il? Ai Weiwei évolue tel un « électron libre » au sein d’une société qui n’accepte pas les trublions. Arrêté en avril 2011 et mis au silence pendant plusieurs semaines, il en ressortira très affecté. Le régime ne peut cependant pas le réduire au silence, Ai Wei Wei est soutenu par tous les musées internationaux (Guggenheim, Tate gallery) et a un réel impact sur une jeunesse intellectuelle et connectée.


Scène incroyable, témoin d’une société inadaptée à la nouvelle donne. Un policier filme les preuves des agissements « coupables » d’Ai Weiwei tout en étant lui-même filmé par le partisans d’Ai Weiwei…

La Chine, deuxième économie mondiale, est une société “neuve” encore incapable de trouver tous ses codes. Immense pays dont le système autoritaire est inadapté aux nouvelles conditions qui permettent, justement, de le court-circuiter.

Ai Weiwei, l’artiste, n’est pas comme ses homologues chinois tombé dans le rang des artistes contemporains “bankables” et qui se contentent de profiter du système sans rien dire. Lui aussi bénéficie d’une côte élevée et en profite bien entendu, tout en conservant son âme anarchisante.
Il perpétue son art de la provocation et « appuie là où sa fait mal » tout en évitant d’être récupéré par le système, de perdre sa raison d’être d’agitateur, ce qui serait pour lui la pire chose qui pourrait lui arriver.


Ai Weiwei, Never sorry
(1h 31min)
Documentaire, américain
Réalisé par Alison Klayman
Avec Ai Weiwei, Chen Danqing, Changwei Gu…