Un disque Hortus pouvant être acheté ICI
Né en 1860, Isaac Albéniz est surtout connu de nos jours pour ses oeuvres destinées au piano, bien qu'il ait composé de la musique instrumentale (Suite Hongroise, Suites Espagnoles...), de la musique concertante (un Concerto et une Rhapsodie pour piano), deux opéras (Merlin et Henry Clifford, tous deux édités et disponibles chez Decca, le premier ayant même fait l'objet d'un DVD chez Opus Arte – à découvrir)...Et encore, lui devons-nous des zarzuelas (Pepita Jimenez, San Antonio de la Florida...) ! Grand voyageur, il fit la découverte de New York, Bruxelles, Leipzig, Budapest, Londres ; avant de se fixer à Paris, comme tant d'artistes de cette époque, auprès de qui il établit de fructueuses fréquentations.
Isaac Albeníz (1860-1909)
Le Japonais d'à peine trente ans n'est pas, cependant, un inconnu. Lauréat de la Fondation Gina Bachauer, premier prix au Centre National Supérieur de Musique de Paris en 2005, il a étudié - excusez du peu - avec Leon Fleischer, Alicia de Larrocha, Maria-Joao Pires, Dominique Merlet et Aldo Ciccolini. En 2003, il remporte le premier prix Chopin au Concours International de Piano de Cleveland.Ainsi qu'il l'explique lui même dans la préface de son disque, la fascination immédiate que provoqua chez lui la découverte de l'oeuvre l'amena à se rendre plusieurs fois en Espagne, pour mieux ressentir cette l'idiome de musique, et s'imprégner de son extraordinaire personnalité au plus près de ses sources.
Dès les premières mesures d'Evocacion (extrait audio tout en bas), c'est un choc reçu en pleine figure : il est inutile de réfléchir longuement, pour percevoir que nous nous trouvons face à un grand pianiste, et que le périple de douze étapes, qu'il nous propose de suivre palier par palier en sa compagnie, à travers l'Espagne du siècle nouveau, sera l'un de ces pèlerinages que nous chérirons durablement.
La ville de Malaga, © non communiqué
De l'instrument qu'il touche (mais quel est-il ? Le livret fourni ne nous en apprend rien), Fukuma sait distiller toutes les nuances dynamiques, toutes les ressources rythmiques, tout l'éventail de teintes : nous n'en voulons pour preuve que ce Lavapiés – disque 2, plage 3 (extrait audio tout en bas). C'est émerveillement d'entendre fandango, flamenco, toutes les danses ibères renaître ainsi sous des doigts... qui savent aussi se faire tendres, simples, élégants (Fête-Dieu à Séville, ou Corpus Christi en Sevilla – disque 1, plage 3, extrait audio tout en bas).Chaque partie de ces quatre Cahiers est ainsi ciselée avec un égal bonheur. Chose encore plus rare, c'est bien à une totalité, cohérente et continue, qu'il nous est donné d'assister... comme si toutes les contraintes purement techniques s'étaient effacées, laissant place au plaisir pur du jeu : en l'occurrence, les touches de couleur d'un peintre paysagiste.
Kotaro Fukuma (né en 1982), © Le portail artistique français
La discographie de cette oeuvre revendique, nous le savons, quantité de réussites : Alicia de Larrocha (à trois reprises !) naturellement, mais aussi Aldo Ciccolini, Daniel Barenboim, Rosa Torres-Pardo... Et surtout, Estebán Sanchez, dont la lecture a été rééditée il y a peu chez Brilliant Classics, complétée par España, la Suite Espagnole, la cinquième Sonate...Kotaro Fukuma partage au moins un caractère avec ce Merlin que le compositeur offrit au théâtre : il enchante, et vient certainement de signer auprès des Éditions Hortus l'un des plus beaux recueils Albéniz de ces dernières années.
‣ Cliquez pour lire la présentation et l'entretien avec Kotaro Fukuma, au sujet de cet Iberia, sur le site Piano Bleu.
‣ Cliquez pour lire un autre entretien, sur le site Tutti Magazine.
▸ Stéphane Houssier
‣ Isaac Albeníz (1860-1909) - Iberia (1908), quatre cahiers (deux disques) - Kotaro Fukuma, piano.
‣ Le site web de Kotaro Fukuma (en anglais).
‣ Un disque Hortus pouvant être acheté ICI.