Que pourra t’on voir dans le ciel du 21 décembre 2012 ?

Publié le 18 décembre 2012 par Pyxmalion @pyxmalion

Image extrait du film « Melancholia »

Pour la 183 ème fois depuis la naissance de Jesus Christ, la fin du monde est annoncée. Ce devrait être ce 21 décembre 2012 comme le rapporte divers prophètes sur internet qui interprètent à la sauce “new age” le calendrier maya. A quoi ressemblera le ciel de ce premier jour de l’hiver ?

Depuis plusieurs années, une rumeur probablement née sur internet, s’est répandue et amplifiée à travers le monde si bien que nous en avons tous entendu parler : la fin du monde serait pour ce vendredi 21 décembre 2012 (à quelle heure au fait ?) comme le voudrait le calendrier maya qui s’achève ce jour-là ! Vraiment ? En collectant des informations sur cette brillante civilisation pré-colombienne, on apprend que leur calendrier clôt en réalité un long cycle de quelques 5 125 ans et en entame, dés lors, un nouveau. Le 21 décembre de notre calendrier marque donc la fin d’une ère pour cette culture.
Malgré le peu de chances de voir notre monde sombrer en quelques heures ce jour-là, la rumeur est tenace.

Ci-dessous, éclairages par le CNRS sur le calendrier maya.

Les Mayas, le calendrier et le 21-12-2012 by CNRS

Autrement, le 21 décembre marque le solstice d’hiver dans l’hémisphère nord et celui de l’été pour l’hémisphère sud. Un moment qui était vécu comme angoissant par nos ancêtres de l’antiquité qui voyaient le Soleil descendre de plus en plus bas à midi et les jours fondre au point de craindre que les ténèbres n’envahissent la Terre et que le Soleil ne revienne jamais …
A l’aube l’été, l’astre solaire se lève au nord-est et monte très haut au-dessus de l’horizon, en revanche à l’orée de l’hiver, il apparait au sud-est et ne se hisse guère plus haut que les toitures de nos maisons (en France, à plus ou moins 25° au-dessus de l’horizon sud). Aussi le voir se lever au-dessus d’un point de l’horizon vers l’est et donc le nord-est, remplissait de joie les romains qui choisirent de fêter Sol Invictus (Soleil Invaincu) le 25 décembre. Qui deviendra plus tard Noël, une fête des lumières. Le retour du Soleil et en somme, un nouveau cycle. Jusqu’au 21 juin, les jours ne vont cesser de grandir et le Soleil de grimper dans le firmament.

Qu’entendent par fin du monde, les prophètes des temps modernes qui n’hésitent pas à mixer leur imagination avec des légendes fantaisistes (fin du calendrier maya mélangé à une base extra-terrestre sous une montagne du sud de la France qui serait le seul refuge, des super-volcans, des astéroïdes, une planète géante nommée Nibiru, etc.) ? S’agit-il de la fin de tous les mondes ?, de l’Univers ?, de la fin de notre monde, la Terre ?, à moins que ce ne soit tout le système solaire ? Ou s’agit-il encore de la fin de l’humanité, des êtres vivants ? La fin d’un monde ?, etc.

Petit tour des rumeurs et de leur “faisabilité” :

Astéroïdes
Qu’un astéroïde s’écrase sur la Terre comme ce fut le cas plusieurs fois dans le passé (on pense surtout à celui qui a précipité la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années), cela reste une réelle menace prise très au sérieux par la NASA. Pour cette raison, un réseau de télescopes a été mis en place afin de les recenser, notamment ceux de plus d’un kilomètre qui sont considérés comme “potentiellement dangereux” car l’impact pourrait causer des dégâts à l’échelle planétaire. A l’heure actuelle, 90 % d’entre eux seraient désormais connus des chercheurs. Ceux qui échappent le plus aux filets des télescopes sont les plus petits. Leurs taille peut être de quelques mètres à un kilomètre. Les astronomes en découvrent régulièrement lors de leur approche de notre planète. Toutefois, si l’un d’entre eux se dirigeait sur nous, sa chute — cela dépend de sa taille, de la vitesse et de l’angle d’impact — pourrait provoquer une explosion dans l’atmosphère et des dégâts régionaux, à l’instar de celui qui a dévasté la région de Toungouska en 1908 en se brisant au-dessus. Pas de catastrophe globale mais locale. Dans ce cas, il est préférable que cela se produise au-dessus d’un désert ou d’un océan lesquels, rappelons-le, recouvrent 70 % de la surface de notre planète.
Dans l’immédiat, il n’y a pas de gros astéroïdes à l’horizon et aucun ne semble nous menacer directement avant plusieurs siècles. Toutatis, l’un des plus gros connu est passé prés de nous le 13 décembre (à 7 millions de km soit 16 fois la distance Terre-Lune) sans représenter une menace ! Cela pourra bien arriver en jour mais nous sommes de plus en plus en mesure de les dévier voire de les détruire avant qu’il ne soit trop tard.

Nibiru
Si une certaine planète nommée Nibiru existait, nous serions en mesure de la voir depuis un moment déjà. Or, en levant les yeux au ciel, vous pouvez constater comme moi que — à quelques jours de la soi-disante catastrophe globale — il n’y a pas d’astre gigantesque qui occupe une large place dans le ciel ! La légende (urbaine !) veut que, venue des confins du système solaire, cette planète errante vient nous rendre visite tous les 3 600 ans !
Si un tel astre devait exister, il serait probablement éjecté hors du système solaire.

Position du Soleil dans le Sagittaire à midi, le 21 décembre 2012 ; le trou noir (invisible) se situe plus-bas, à 26 000 années-lumière de nous !

Conjonction avec le trou noir
Il est souvent (pré-)dit que cette fin du monde sera provoquée par l’alignement du Soleil avec le trou noir tapi au centre de notre galaxie. Et bien cela arrive chaque année sans causer le moindre problème !
Comme chacun sait, puisque nous tournons autour du Soleil en 12 mois, du point de vue terrestre, nous voyons l’astre solaire passer toujours devant les mêmes constellations : celles du zodiaque. Ainsi, ces derniers mois, traversait-il la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Serpentaire (Ophiuchus, treizième constellation du zodiaque) pour entrer ce 18 décembre dans le Sagittaire. Le trou noir nommé Sagittarius A* se situe dans cette constellation, au coeur de la Voie Lactée. Distant de 26 000 années-lumière (26 000 x 9 500 milliards de km !), il est impossible d’en ressentir l’influence gravitationnelle. D’ailleurs, au régime depuis quelques temps, les observations récentes montrent qu’il se contente de quelques encas : nuages de gaz et astéroïdes.

Le ciel du 21 décembre, au crépuscule, une heure après le coucher du Soleil, au-dessus de l’ouest

Alignement planétaire
On parle aussi beaucoup d’un alignement planétaire exceptionnel qui perturberait gravitationnellement la Terre ou encore réveillerait les super-volcans … A moins que cela ne soit la conséquence d’une énorme éruption solaire, comme le suggère le film-catastrophe « 2012″.
Il n’y a pas d’alignement exceptionnel (voir cartes du ciel) et pour en avoir un, il faudrait 147 milliards d’années pour que cela se réalise. Les planètes et notre étoile auront disparu depuis bien longtemps … Et combien même cela se produisait, cela n’aurait aucune conséquence.

Le matin du 21 décembre, une heure avant le lever du Soleil, côté est et sud-est

Orion, ses deux chiens, le Taureau, les Gémeaux règnent sur la nuit du 21 décembre ; ici vers minuit au-dessus de l’horizon sud (méridien)

Eruptions solaires
Quant aux puissantes éruptions solaires capables, selon les scénarios, d’exciter le magma ou de profiter d’un affaiblissement du champ magnétique terrestre pour nous anéantir, il y a peu de chances que cela arrive. Notre Soleil qui connait des cycles d’activité d’une durée moyenne de 11 ans, approche certes de son maximum prédit pour la mi-2013. Cela se traduit par une multiplication des régions actives à sa surface, les taches solaires, et des éruptions plus fortes et plus intenses que de coutume. Mais pour qu’elles soient dévastatrices, il faudrait que les taches solaires soient énormes (visibles à l’oeil nu quasiment) et dirigées vers la Terre. Or rien n’y ressemble pour l’instant et tout le monde peut consulter les images en direct du Soleil capturées par les satellites STEREO ou SDO pour se rassurer. Le Soleil est actif, bien sûr, mais il n’y a rien de menaçant. De surcroit, il faudrait qu’on est la malchance que le champ magnétique terrestre (notre bouclier avec l’atmosphère), s’interrompt soudainement, au moment de la violente éruption ! Même si le champ magnétique diminue depuis environ 150 ans, une inversion des pôles ne se fait pas en un jour.

Taches à la surface du Soleil, en temps réel (image SDO)

Pour autant, notre monde n’est pas éternel et sa fin arrivera un jour – dans plus ou moins 5 milliards d’années –, lorsque le Soleil devenu géante rouge engloutira notre planète. La fin de la vie sur Terre devrait se produire bien avant, dans environ un milliard d’années selon les projections. Car avant de devenir une géante rouge qui s’étendra au-delà de l’orbite actuel de Vénus, notre Soleil augmentera progressivement sa température de surface et réchauffera toutes les planètes. Si notre espèce et/ou d’autres existeront toujours, probablement qu’elles auront fuies notre planète pour “emménager” sur une autre qui lui ressemble … ou pas.

La NASA a publiée une page sur ce sujet : « Why the world didn’t end yesterday ? » (« Pourquoi le monde ne s’est pas achevé hier ? »).