Evangiles et Upanishads

Par Joseleroy

Un lecteur du blog avait demandé s'il existait des textes qui comparaient l'enseignement de Jésus et les Upanishads.

C'est sans doute Henri Le saux qui s'est le plus profondément et le plus honnêtement interessé aux proximités et aux dissemblances entre les deux enseignements. J'ai déjà posté pas mal de texte sur lui ; voir ICI.

Sahajananda (Frère John Martin) un des ses lointains disciples qu vit au monastère de Santivanam fondé par Le saux en Inde,  a publié un livre aux Editions Les Deux Océans dans lequel il essaye d'interpréter l'Evangile à la lumière de la spiritualité non-duelle indienne :

Vous êtes la lumière
Les évangiles à la lumière de la sagesse millénaire de l'Inde de Frère John Martin Sahajananda
 
Voici un extrait de son livre :

"Puis Jésus dépassa ce niveau de conscience dans lequel il avait fait l'expérience de son unité avec le Père. Il réalisa que, par delà son identité de Fils, par delà le « je » du Fils, se trouve le « je » du Père qui est la lumière du monde. Le « je » de Jésus disant « Je suis la lumière du monde » n'est plus du domaine des trois « je » précédents, non réels, mais représente Thuriya, le quatrième état, dans lequel le « je » réel est Dieu, Brahman, vérité, lumière, vie, Dieu des Upanishads. Jésus disait que son « je » véritable était la lumière du monde, c'est-à-dire Dieu, et qu'il n'avait aucune existence réelle en dehors de Dieu. D'autres affirmations telles que «Je suis la vérité » ou « Je suis la lumière » peuvent être comprises de la même façon ; c'est Dieu qui les a prononcées, puisque Jésus a réalisé que son vrai soi était Dieu.

La réalisation de son propre soi réel en tant que Dieu aurait été incomplète si Jésus n'avait pas également réalisé que le soi de chaque être humain est aussi Dieu, ou la lumière du monde. C'est pourquoi il fut en mesure de dire « Vous êtes la lumière du monde », signifiant par là que cette lumière, cet éveil, est enterrée en chacun de nous sans que nous en ayons conscience. Il proclama donc : « Vous êtes la lumière du mondemais vous avez placé cette lumière sous un boisseau et vivez dans les ténèbres de l'ignorance ». Il appela ses disciples et l'ensemble des hommes à réaliser que la lumière était cachée en eux et qu'il leur fallait l'exposer et la laisser briller. Il leur dit qu'ils étaient le « sel de la terre », mais qu'ils avaient perdu cette conscience, en conséquence de quoi la terre avait oublié son sens et son but.

Lorsque Jésus a dit : « Moi et le père sommes un », ce n'est pas son « je » limité et non réel qui a affirmé cela, mais son véritable « je », le fondement de sa conscience humaine que la tradition védique appelle L'atman. Depuis son quatrième niveau de conscience, Jésus a établi que son fondement faisait un avec le père, la source, la base de tout l'univers. C'est exactement ce qu'ont dit les sages des Upanishads des siècles plus tôt lorsqu'ils réalisèrent que l'atman, le fondement de la conscience humaine, et Brahman, le fondement de l'univers, sont un seul et même. La grande déclaration de Jésus : « Moi et le père sommes un », est presque identique à celle des Upanishads : « atman Brahman », c'est-à-dire «Atman est Brahman ».

Sa thèse selon laquelle le soi de chaque homme est le soi de dieu, est sans doute conforme aux Upanishads, mais pas à l'enseignement officiel de l'Eglise catholique qui a toujours refusé cette thèse appelée "ontologisme". Pour l'eglise la nature de l'homme et celle de Dieu ne sont pas identiques; le "je" de l'homme et celui de dieu sont distincts.

Mais c'est pourtant sans doute ce que Jésus voulait dire, et c'est d'ailleurs ainsi que les grands mystiques l'ont compris.

jlr