Le virus de la GRIPPE AVIAIRE identifié chez des porcs chinois – Journal of Clinical Microbiology

Par Santelog @santelog

La transmission naturelle de la grippe aviaire aux porcs n'a été que très rarement documentée. Ces chercheurs rapportent pour la première fois la séroprévalence de trois souches de virus de la grippe aviaire chez des porcs dans le sud de la Chine. Ces travaux, publiés dans le Journal of Clinical Microbiology contribuent à la surveillance internationale des pandémies et appellent à une vigilance accrue.


Le virus grippal A est responsable à la fois de pandémies qui ont tué des millions de personnes à travers le monde mais aussi d'épidémies saisonnières bien moins sévères. Mais on sait que les porcs peuvent être infectés par le virus de la grippe humaine et aviaire et servir de réservoir et de creuset de réassortiments génétiques qui pourraient conduire à une nouvelle souche pandémique.


Une transmission récente du virus de la grippe aviaire aux porcs : Guihong Zhang et ses collègues du Collège de médecine vétérinaire de l'Université agricole de Chine du Sud (Guangzhou) ont testé, de 2010 à 2012, 1080 porcs pour les sous-types H3, H4, H5, H6 du virus de la grippe aviaire, et H1 et H3 du virus de la grippe porcine.


·   35% des échantillons de sérum s'avèrent positifs pour le virus H1N1,


·   20% pour le virus H3N2 de la grippe porcine


·   et respectivement 0,93%, 1,6% et 1,8% pour les sous-types H3, H4 et H6 du virus A de la grippe aviaire.


Ces résultats sont totalement nouveaux, par rapport à 2001, alors qu'aucun des échantillons de sérum n'était positif pour l'un de ces virus. Ces résultats suggèrent donc une transmission récente du virus de la grippe aviaire aux porcs.


Quels risques ? La question cruciale est de savoir si un virus grippal humain et un virus de la grippe aviaire ou porcine peut se réassortir pour créer un nouveau virus réassorti ayant la capacité de se transmettre d'humain à humain. Il semble aujourd'hui peu probable que l'oiseau puisse être source d'une nouvelle pandémie, car 11 ans après l'épidémie de Hong Kong, la transmission interhumaine est restée limitée. La plupart des experts suggère que les mutations conduisant à un tel virus hautement transmissible dans les virus de la grippe pourraient prendre des décennies. Certes, il y a eu les développements, en laboratoire, de supervirus H5N1, transmissible entre humains et la théorie qu'un tel pourrait bien se développer naturellement et circuler dans la nature. Mais, ici, les chercheurs « optent » plutôt pour une menace plus immédiate d'un virus en provenance du porc. Car les porcs ont sensibles à l'infection par des virus grippaux aviaires et humains à la fois. Le double réassortiment génétique (aviaire / humaine; humaine / porcine) voire le triple (humain / aviaire / porcine) peut donc se produire chez le porc.


Ainsi, les auteurs rappellent l'émergence récente de nouveaux virus réassortis H2N3 isolés à partir de porcs des Etats-Unis. Ces virusétaient infectieux et hautement transmissible chez le porc et les furets sans adaptation préalable, et ont été à l'origine d'une douzaine de cas humains, expliquent les auteurs qui font référence à une étude de 2009 (Wenjun Ma et al.*). Au-delà de l'importance de ces données virologiques, les chercheurs font une recommandation à l'industrie mondiale du porc, surveiller la prévalence de la grippe chez ces animaux, compte tenu de leur rôle important dans la transmission du virus à l'homme.


Sources: J. Clin. Microbiol. doi:10.1128/JCM.02625-12 online 21 November 2012 Seroepidemiological Evidence of Avian Influenza A Virus Transmission to Pigs in Southern China


*J Mol Genet Med. 2009 January; 3(1): 158–166. The pig as a mixing vessel for influenza viruses: Human and veterinary implications (Virus aviaires H5N1-CDC)


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