L’infection du tractus urinaire chez le chat : » ce que vous devez savoir ! »

Par Patsurin

Infection Du Tractus Urinaire Chez Le Chat

L’infection du tractus urinaire(ITU) chez le chat fait partie  d’une des pathologies les plus communes de cette espèce, à savoir les maladies du bas appareil urinaire félin(MBAUF).

Anciennement appelé « syndrome urologique félin(SUF) », les maladies du bas appareil urinaire félin (MBAUF) affectent principalement la vessie et l’urètre.

Dans les maladies du bas appareil urinaire félin il faut distinguer deux groupes :

Les maladies obstructives (on peut constater une obstruction partielle ou complète (blocage) qui devient alors une urgence)

Les maladies  non obstructives

Causes des maladies du bas appareil urinaire félin(MBAUF) :

Symptômes de Infection du tractus urinaire chez le chat -

Il existe un ensemble de symptômes caractéristiques des maladies du bas appareil urinaire félin:

  1. une difficulté pour uriner (cela s’appelle une « dysurie »)
  2. une miction douloureuse avec une miction  goutte à goutte (cela s’appelle une «strangurie »), le chat peut miauler de douleur lors de miction
  3. un besoin fréquent d’uriner (cela s’appelle une «pollakiurie») ,le chat peut uriner à des endroits inhabituels et parfois rester de longues minutes dans sa litière sans uriner ( comme s’il était constipé)
  4. présence de sang dans les urines (cela s’appelle une «hématurie »)

Ces quatre signes cliniques sont pratiquement toujours présents lors des maladies du bas appareil urinaire félin.

Il existe un signe clinique particulier qui doit attirer votre attention : c’est le chat qui urine en dehors de sa litière.

Lorsque vous constatez ce signe, il ne faut pas tout de suite conclure à un problème comportemental, bien au contraire.

La première chose à faire, c’est de consulter votre vétérinaire pour qu’il écarte ou qu’il confirme une des maladies du bas appareil urinaire félin.

Ce n’est qu’après avoir écarté les causes médicales que le vétérinaire pourra conclure à un problème comportemental (« psychologique »).

Mais le véritable challenge pour le vétérinaire est d’avoir un diagnostic le plus précis possible, ce qui n’est pas toujours aisé malgré les tests mis à sa disposition.

Beaucoup de maladies du bas appareil urinaire félin sont sans causes connues, on les appelle les maladies idiopathiques (cystite idiopathique, urétrite idiopathique).

Différence entre une cystite et une infection du tractus urinaire chez le chat

La maladie la plus fréquente de l’appareil bas urinaire félin est la cystite. Il ne faut pas confondre cystite et infection du tractus urinaire chez le chat.

Une cystite est une inflammation de la vessie dont l’infection peut être une des causes.

Toutes les cystites ne sont pas d’origine infectieuse, loin de là.

Il est primordial de confirmer que le chat soit bien atteint d’une infection du tractus urinaire (ITU), car le traitement est différent entre une cystite inflammatoire et une infection du tractus urinaire.

Les remèdes pour traiter une inflammation ne sont pas les mêmes que pour traiter une infection!!.

Cette remarque est très importante et peut expliquer les fréquents échecs dans le traitement des maladies  du bas appareil urinaire félin (MBAUF).

Important:

Beaucoup de vétérinaires ou propriétaires (automédication) donnent des antibiotiques comme traitement en première intention pour les pathologies des voies urinaires alors que la cause primaire n’est pas une infection!.

On constate que les infections du tractus urinaire chez le chat sont relativement rares (de l’ordre de 2 -3 % pour les maladies du bas appareil urinaire félin).

Les infections urinaires sont souvent constatées chez les chats diabétiques ou souffrant de problèmes rénaux.

Maintenant vous comprenez pourquoi un vétérinaire devant une maladie du bas appareil urinaire félin doit faire des examens complémentaires et confirmer s’il y a bien une infection du tractus urinaire (ITU).

Examens complémentaires en cas de MBAUF et d’infection du tractus urinaire chez le chat

  1. récolte + analyse d’urine

C’est un examen indispensable que tout vétérinaire doit faire devant ce type de pathologie.

Pour cela il doit effectuer 3 tests bien distincts :

  • les tests chimiques : la bandelette urinaire
  • l’examen microscopique du culot (le sédiment) après centrifugation
  • mise en culture des urines pour une recherche bactériologique

2. Radiographie et/ou échographie du système urinaire 

 Pour les infections du tractus urinaire d’origine bactérienne, il existe une méthode de diagnostic assez précis.

Regardons de plus près l’analyse des urines !

La récolte d’urine

La manière dont l’urine est récoltée  pour l’analyse joue un rôle important dans les résultats.

Si les urines sont récoltées par sondage, il faut que la manipulation soit faite avec douceur et dans les règles d’asepsie afin d’éviter une contamination par les germes extérieurs.

Les bandelettes urinaires sont très sensibles aux conditions du sondage et il n’est pas rare d’avoir de faux résultats positifs au niveau du sang par un sondage trop traumatisant.

En cas de calculs urétraux ou de bouchon muqueux, le sondage urinaire permettra soit de les extérioriser soit de percevoir le crissement caractéristique au passage de la sonde.

La bandelette urinaire

La bandelette urinaire permet de vérifier plusieurs substances dans les urines :

  • le glucose (sucre) : peut signifier un diabète si présence
  • la bilirubine : indicatrice des maladies du foie
  • hématies (globules rouges, sang) : indicateurs d’une inflammation ou d’une infection. Attention : un sondage sur des parois enflammées peut augmenter le taux des globules rouges dans les urines.
  • le pH : normalement les urines de chat sont acides (PH de 5,5 à 7). L’intérêt de connaître le pH des urines permet, en cas de présence de cristaux, de suspecter la nature de ces cristaux.
  • Les protéines (protéinurie) : sa présence peut indiquer une inflammation au niveau du tractus urinaire.
  • Les leucocytes (globules blancs) : chez le chat la présence de leucocytes dans les urines ne signifie rien, car la composition chimique de l’urine de chat provoque des faux positifs (la couleur de la plage de la bandelette est anormalement intensifiée)
  • la densité : mesure la concentration de l’urine

Mais pour avoir une mesure plus précise de la densité , on utilise un réfractomètre . 

Une urine dont la densité est élevée (concentrée) signifie une déshydratation de l’animal.

Une urine avec une densité basse (diluée) peut signifier plusieurs pathologies : l’hyperthyroïdie, le diabète et les maladies rénales.

Le test chimique (bandelette urinaire) permet au vétérinaire d’avoir certaines données mais reste, malgré tout, incomplet.

Se limiter à ce seul test serait une erreur! 

Un examen du culot urinaire (sédiment) doit être effectué en cas de suspicion de maladies du bas appareil urinaire félin, notamment en cas d’infection du tractus urinaire.

Examen du culot urinaire (sédiment)

Pour ce type d’examen, l’urine doit être centrifugée pour séparer le liquide des solides. Le culot urinaire se situe au fond du tube après cette étape.

Ce culot urinaire est ensuite examiné au microscope après avoir subi une méthode de coloration (coloration de GRAM).

Cet examen permet d’observer la présence éventuelle de globules rouges, de globules blancs, de cristaux, de cellules anormales et des bactéries ou autres organismes. Il permet aussi de quantifier cette présence.

C’est uniquement qu’à partir de cet examen que le vétérinaire pourra suspecter  une infection de l’urine chez le chat (présence de globules blancs + bactéries).

La microscopie urinaire demande une certaine expérience car il n’est pas toujours aisé de reconnaître les différents éléments du culot urinaire.

C’est la raison pour laquelle certains praticiens passent par des laboratoires plutôt que de le pratiquer au sein de leur structure (fiabilité des résultats).

D’autant plus qu’une étude américaine a démontré une différence de résultat entre un examen humide du sédiment et un examen par la méthode sèche de ce même sédiment. Il s’avère qu’avec la méthode humide il y a beaucoup de faux positifs à l’infection.

Par contre la culture de l’urine est un examen fiable pour confirmer l’infection du tractus urinaire chez le chat.

Mise en culture de l’urine

À partir du moment où  a été détecté la présence dans les urines d’organismes telle que  bactéries, champignons ou parasite, on peut demander une culture pour confirmer l’infection et identifier le type d’organismes.

La culture consiste à ensemencer un milieu (dans une boîte de Pétri) avec une quantité bien précise d’urine. Cette boîte de Pétri sera mise en incubation (37°) pendant 18 à 24h.

Après cette période, en cas de présence de bactéries on peut observer des colonies qui ont poussé et qui pourront ainsi être examinés microscopiquement.

Les bactéries sont de loin les organismes les plus fréquents et cette culture permettra de quantifier, d’identifier la ou les bactérie(s).

Un antibiogramme peut également être demandé afin de déterminer un antibiotique efficace contre ces germes (test de sensibilité).

Attention

Pour la culture  de l’urine, il est très important de recueillir une urine stérile et non contaminée par des germes extérieurs. En cas contraire, on peut avoir des faux résultats positifs à une infection urinaire.

Pour cela le vétérinaire pratiquera une cystocenthèse, c’est-à-dire qu’il va prélever directement l’urine au niveau de la vessie.

Technique de la cystocentèse

Après avoir isolé la vessie par palpation, le vétérinaire utilisera une aiguille qui traversera la paroi abdominale pour aller directement prélever une quantité urine dans la vessie au moyen d’une seringue stérile.

Dans la plupart des cas, c’est un acte ,rapide, bien accepté par le chat et non douloureux (sans anesthésie).Si le chat est agressif , une tranquilisation sera nécessaire pour effectuer cet acte.

Bactéries isolées les plus fréquentes

Le plus commun est E. coli, ensuite le  Staphylococcus intermedius, Proteus Mirabilis et Enterococcus spp.

Ce qu’il faut retenir sur les infections du tractus urinaire (ITU) chez le chat :

    1. Les infections du tractus urinaires chez le chat ne sont pas si fréquentes  (de l’ordre de 2 à 3 % pour les chats atteints de maladies du bas appareil urinaire.
    2. Devant une suspicion d’infection du tractus urinaire chez un chat, le vétérinaire doit le confirmer par un examen du culot urinaire (méthode sèche) plus une mise en culture de l’urine (en cas de présence de bactéries dans le culot).

    Attention, pour la mise en culture, l’urine doit être prélevée stérilement ( cystocenthèse) et non par sondage urinaire !

    Vous pouvez demander  confirmation auprès de votre vétérinaire sur la réalisation et la modalité de ces tests.

    Normalement une copie des résultats de laboratoire doit vous être fournie.

    Une culture positive est le seul  examen fiable de confirmation d’une infection du tractus urinaire et il est conseillé de pratiquer également l’antibiogramme pour être efficace avec le bon remède (antibiotique).

    Certains vétérinaires, après un examen du culot urinaire, mettent sous antibiotique des chats suspectés d’une infection du tractus urinaire.

    Comme cette infection n’a pas été confirmée par une culture, on peut constater des échecs de traitements car le chat ne souffrait pas d’infection du tractus urinaire mais d’une autre maladie du bas appareil urinaire.

    Rappelez-vous que près  de la moitié des maladies du bas appareil urinaire félin sont idiopathiques c’est-à-dire sans causes connues, ce qui est assez frustrant pour le vétérinaire et  le propriétaire.

    Mais pour affirmer ce diagnostic, le vétérinaire se doit d’écarter toutes les autres causes connues (calculs, bouchon urétral, infections bactériennes, fongiques, parasitaire, malformations anatomiques, tumeurs, lésions du système nerveux,…)

    Attention:

    Devant un problème urinaire, certains praticiens sont tentés de prescrire une (poly)-thérapie à base d’antibiotiques, anti-inflammatoires et antispasmodiques.

    C’est le traitement « parapluie »  !

    Mais cette prescription d’antibiotiques ,bien souvent à titre préventif et inutile,risque d’engendrer des résistances  et pour preuve l’association amoxicilline-acide clavulanique (synulox), pourtant molécule de premier choix, rencontre de plus en plus ce problème.

    Il en est de même pour les propriétaires qui font de l’automédication et administrent des antibiotiques à leurs compagnons pour une mauvaise indication.

    L’utilisation des antibiotiques doit se faire à bon escient, sous prescription, à une posologie adéquate, suffisamment longtemps et dans leurs indications.

    Enfin ce qui est important pour une infection du tractus urinaire du chat, c’est d’assurer un suivi et de confirmer la guérison de votre compagnon par l’examen du culot urinaire (méthode sèche) et une bactériologie à la fin du traitement.

    Ne vous fiez pas aux signes cliniques extérieurs ou de la disparition des symptômes caractéristiques d’une infection.

    C’est en négligeant cette confirmation de guérison que l’on développe des maladies urinaires chroniques avec des répercussions rénales pouvant être mortelles.

Infection Du Tractus Urinaire Chez Le Chat