Silicone par ci, Silicone partout

Publié le 31 mai 2007 par Vanessa Jullien

Incontournable.

"Toucher soyeux" "Fini poudré" "Matifiant" "Démêlant" "Lissant" Des dénominatifs comme autant de qualificatifs élogieux à la gloire de l'ingrédient multi-fonction de la cosmétique d'aujourd'hui: LE SILICONE.

Grande famille que celle des silicones: un même principe de production et des déclinaisons presque infinies. D'un minerai, la silice, broyé, mélangé à du chlorure de methylène, monté a des températures extrêmes (production des chlorosilanes), distillé puis hydrolysé l'on obtient ces polymères organo-siliciliques dont la configuration, la taille, le dégré de réticulation définissent les propriétés. L'acide chlorhydrique généré en fin de process est récupéré dans la production du chlorure de méthylène.

Les polymères cycliques ou linéaires à courte chaîne sont volatils. Appréciés en cosmétique pour améliorer les touchers (sensation de glissant) et les finis (plus sec, moins gras) ils sont relativement faciles à manipuler. Vous les identifiez dans la déclaration INCI sous le nom de cyclomethicone, cyclopentasiloxane (image jointe)...

Les autres silicones, non volatils, se répartissent en de nombreuses familles qui ont toutes en commun d'apporter de la substantivité.

  • Les cires, obtenues par greffage d'une entité -OH aux chaînes polymériques sont largement utilisées dans les formules sticks et crème riches.
  • Les élastomères, obtenus par réticulation des chaînes de polymères, autrement dit par la constitution d'un réseau, sont largement utilisés en maquillage: ils ont fait par exemple les beaux jours des fonds de teints "Matifiants" de L'Oréal qui a d'ailleurs brêveté cette dénomination.
  • Etc

De vos capillaires à vos crèmes en passant par votre maquillage les silicones sont partout...tellement partout qu'ils en deviennent gênants...surtout quand le retour au naturel est en lame de fond.

Bien évidemment leur origine synthétique est en ligne de mire. Bien que partant d'une ressource naturelle, le sable, les traitements mis en oeuvre jusqu'à l'obtention du polymère sont décriés: les silicones ne sont pas autorisés par Ecocert et la question de leur biodégradabilité est souvent mise sur le tapis. Les silicones se retrouvent dans des produits destinés au grand public, soins, hygiène, entretien, mais aussi traitement de surface et détergence. Ainsi la plupart des ingrédients qu'ils contiennent sont éliminés avec les eaux usées et se retrouvent sur des sites de traitement et stations d'épurations. D'autre part les scientifiques ont démontré l'absence d'effet toxicologique néfaste sur une grande variété d'espèces d'eau douce et marine, sur les organismes vivants dans les sols ou les sédiments, et sur les récoltes agricoles.

Quid des silicones...volatiles? Evaporation? Vers l'atmosphère, puis oxydation par les UV du soleil avec création de sable, d'eau et de CO2. Le caractère volatil dépend de la taille du cycle: D4 (cyclotetrasiloxanes), les plus volatils, jusqu'alors classés PBT (Persistant, Bio-Accumulable, Toxique), ont été délisté du fait de leur courte durée de vie ; les D5 (cyclopentasiloxanes) sont potentiellement PBT dans l'attente de nouvelles données (évaluation de la sécurité, de la persistance et de la bioaccumulation potentielle). Les sigles ont tendance à affoler: toute proportion gardée, les taux atmosphériques dont il est question sont largement inférieurs au seuil d'effet non observable. Par contre ces ingrédients devront être soumis à autorisation sous REACH.

En préparation à l'implémentation de REACH les fabricants de silicones oeuvrent à ce jour très activement à fournir aux législateurs et à la communauté scientifique l'information sur le devenir et les effets des silicones dans l'environnement. Les fabriquants de produits finis affichent une volonté croissante d'explorer des pistes de substitution.

A l'heure de l'explosion du bio en cosmétique, les huiles végétales se présentent en alternative de choix mais sont loin d'être une solution idéale: un coût de production élevé, des problématiques environnementales sous-jacentes, une tendance à l'oxydation et donc au rancissement qui oblige à l'utilisation accrue de conservateurs souvent décriés, des allergènes nombreux...et la problématique du toucher, La valeur-ajoutée des silicones!

A la question de l'utilisation des silicones en cosmétique l'innovation sera porte-parole:  les textures originales et les touchers incroyables qu'ils offrent ont considérablement influencé la cosmétique ces dernières années. A la question de leur autorisation sous Reach, les données scientifiques en grand nombre tendent à montrer que les silicones ne sont pas dangereux quand utilisés comme prescrits et qu'ils n'ont aucun impact négatif sur l'environnement. A la question de leur acceptation par le marché l'engouement pour le naturel aura sûrement son mot à dire.

Sources: Centre Européen des Silicones ; Dow Corning ; Wikipedia

Images: Cila