Pays d’Olmes: les violences conjugales au cœur des débats

Publié le 04 avril 2008 par Theophile


Le Conseil Intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance du Pays d’Olmes (CISPD) et ses cinq commissions spécifiques œuvrent depuis trois ans à mieux «Vivre et agir en Pays d’Olmes»
Après le succès de la  journée multipartenariale sur le thème de la prison, organisée au mois de novembre dernier, le CISPD(*) présidé par Marc Sanchez, Maire de Lavelanet et la commission parentalité du CISPD, présidée par le maire de Laroque d’Olmes ont organisé en relation avec Nicole Surre, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité (DDDFE), une journée d’information et d’échanges sur les violences conjugales en direction des professionnels de la santé, du social, de l’animation, de la petite enfance...

«Les violences conjugales ne sont pas plus nombreuses ici que dans les autres pays d’Ariège, précise Kamel Chibli, vice-président du CISPD, notre action porte sur une appréhension globale de la délinquance dans le cadre d’une logique de territoire, visant à traiter les causes plutôt que les conséquences.

Les groupes de travail ont déjà traité les fléaux que sont la drogue et au-delà toutes les pratiques addictives, les problèmes de relations entre parents et enfants… nous travaillons en  partenariat avec les organismes sociaux et les associations»
Rappelant également que «le Pays d’Olmes est le seul territoire rural à avoir créé un poste d’animateur de rues, c’est une chance ! De plus les élus locaux prennent une part importante dans ce dispositif.
Les cinq maires des villes les plus importantes de notre territoire sont présidents d’une commission du CISPD
»

En organisant cette journée d’information et d’échange destinée aux professionnels du Pays des Pyrénées Cathares susceptibles d’être confrontés dans leur pratique professionnelle aux violences conjugales, il s’agit de donner des clés aux animateurs des services sociaux mais également aux personnels de la santé, de l’animation, aux responsables associatifs…

«Nous avons ici tous les outils pour agir, il suffit de savoir les utiliser»  ajoute pour conclure Kamel Chibli.
«Tous les professionnels susceptibles de rencontrer des victimes de violences conjugales ont répondu à notre invitation, poursuit Nicole Surre.
Le but étant de donner une information minimale sur les mécanismes des violences conjugales, d’expliquer la politique nationale et ses déclinaisons au niveau du département (avec les partenaires locaux Conseil général, Etat et associations)…
L’objectif est de permettre aux professionnels du terrain de se rencontrent afin d’échanger…pour améliorer l’accueil des victimes sur le département
»

Parmi les intervenants des juristes, les services de gendarmerie, des professionnels du milieu hospitalier ou associatif, ont évoqué les différents aspects des violences conjugales: «l’ampleur et le mécanisme des violences conjugales», «que dit la loi», «l’accueil des victimes en Ariège avec la présentation des services spécialisés»…

Des échanges avec la salle, constructifs,  à la mesure de l’ampleur de ce phénomène de société.

Suite aux études réalisées sur le territoire national, on sait désormais que tous les trois jours en France, une femme meurt des suites de violences conjugales.

Une femme sur 10 est victime de violences conjugales, environ 13.500 femmes sont violées par leur conjoint, un meurtre de femme sur deux est commis par le conjoint ou l’ancien conjoint de la victime et le coût des violences conjugales a été estimé, en 2006, à un milliard d’euros par an…

Sans parler du harcèlement sexuel dans le monde du travail qui toucherait 240.000 femmes, les mutilations sexuelles, les mariages forcés ou la prostitution (on l’estime à 20.000 personnes dont 80% de femmes).

Toujours d’après ces études, les violences conjugales touchent toutes les catégories socioprofessionnelles, cependant les femmes en situation de relative instabilité professionnelle sont plus exposées, les plus jeunes (20-24 ans) sont deux fois plus exposées que les autres, leur état de santé est profondément et durablement perturbé, les enfants sont dans la moitié des cas témoins des scènes de violence et la moitié des victimes n’osent pas en parler (quand elles en parlent elles ont d’abord recours à des médecins).

Concernant le département de l’Ariège, les statistiques font état pour 2006 de 26 infractions pour la zone police et de 59 infractions pour coups et blessures volontaires et 4 atteintes à la dignité en zone gendarmerie.

Nicole Surre a rappelé qu’un système de recensement des faits de violences conjugales a été élaboré en 2004 en relation avec les services de la police, de la gendarmerie, le CIDFF, le centre Hérisson Bellor, le CHIVA, l’inspection académique, la DDDFE et depuis 2007, l’ADS et l’ASJOA.

Des fiches relatives aux violences déclarées par les victimes sont adressées dans ces différents services, puis centralisées  et exploitées à la DDDFE.
L’évolutions des faits comptabilisés est la suivante:

- 2004 : 192 faits signalés concernant 190 femmes et 2 hommes
- 2005 : 118 faits signalés concernant 118 femmes
- 2006 : 311 faits signalés concernant 303 femmes et 8 hommes
- 2007, données provisoires : 154 faits signalés concernant 144 femmes et 10 hommes

La rapide analyse des données fait état, de victimes majoritairement de sexe féminin, originaires du département (et ressortissants de l’union européenne à près de 53%), on note une prédominance des victimes résidant dans les communes du Pays de Foix et Portes d’Ariège (emplacement des villes les plus importantes du département), la majorité des victimes sont jeunes (26-35 ans), ont des enfants (73%) et sont majoritairement sans emploi (49%).

Les auteurs de ces violences sont en majorité (75%) les conjoints et les concubins, les violences psychologiques sont majoritaires (74%) viennent ensuite les violences physiques (61%) et plus de la moitié des victimes déclarent des violences antérieures dont 91% ont été exercées par le même auteur.

Au final un tiers des faits déclarés ont donné lieu à plainte ou PVRJ et à un certificat médical.
A priori les actions menées tout au long de ces dernières années portent leurs fruits, les femmes osent parler et s’adresser aux services concernés.

En 2006 en Ariège, 311 faits de violences conjugales ont été signalés et sur le plan pénal cela se traduit par davantage de poursuites.
En Ariège, un auteur sur deux de violences conjugales a comparu en 2007 devant le tribunal correctionnel.

Notons également que la politique pénale est plus stricte et dès que les services judiciaires sont informés de faits de violences conjugales, la comparution de l’auteur est systématique même si la victime n’a pas porté plainte et le délégué du procureur fait systématiquement un rappel de la loi.

La comparution est immédiate pour récidive avec incarcération depuis le 1er janvier 2008 et on peut procéder à l’éloignement du conjoint violent du domicile conjugal…

«En matière de justice le département s’est donné les moyens d’agir et l’on ne peut que se féliciter de la détermination du Procurer pour appliquer la loi» ont ajouté les juristes intervenants…

«Des progrès sont enregistrés mais il ne faut pas pour autant baisser la garde, a conclu Nicole Surre, le plan triennal 2008-2010 de lutte contre les violences faites aux femmes insiste sur le volets prévention et sensibilisation, le renforcement des réseaux d’accueil et d’accompagnement des victimes et la mise en œuvre de procédures facilitant l’accès au logement des victimes»

Cette journée d’information et d’échange sur les violences conjugales organisée par le groupe de travail «formation des professionnels» du plan d’action départemental de lutte contre les violences faites aux femmes en partenariat avec le CISPD du Pays d’Olmes est la première d’une série …

En effet d’ici la fin de l’année la même opération devrait se reproduire sur les trois autres pays d’Ariège.
Le 3919 est le numéro national d’appel gratuit destiné aux victimes ou témoins de violences conjugales.

*CISPD: Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance

Photos et vidéo: ©AriegeNews TV 2008