"La voie du Dialogue" pour 2013 ?

Publié le 25 décembre 2012 par Valabregue

Quoi de plus émouvant que ce sourire d’une inconnue, perdus que nous étions, Bernard et moi, dans la périphérie des usines Renault de Flins, par une belle matinée de décembre. Un immense sourire et une parole qui nous ramène vers le chemin de notre sport de « vieux », le golf. Le golf où chaque pensée parasite, torpille la trajectoire de la balle et où chaque contact juste avec la terre, le vide et son corps procure un indicible plaisir.

Une année s’écoule avec son cortège de joies et de douleurs, d’êtres chers disparus trop tôt dans la galaxie, d’espoirs et d’exaspérations.


J’écoute la Norma de Bellini,  par la divine Callas, un après-midi de Noël, mon esprit est en dialogue avec Saint Exupéry à Cap Juby, dans le désert marocain. Saint Exupéry, le marabout qui tutoyait Dieu,  comme un homme plein de courage et qu’on appelait le commandant des oiseaux. Saint Exupéry qui évoque dans « Terre des hommes », les moments où « nous nous étions enfin rencontrés » avec ces autres égarés du désert.

La « voie du dialogue » est le titre de l’essai que je travaille depuis des mois, en tentant d’alchimiser  les mille et unes facettes de la perception que je me suis forgée sur les hommes  et les femmes et l’état de la planète.

Cette voie est une telle évidence, depuis un certain Mai 68, que je m’interroge pour savoir pourquoi j’ai pu errer en oubliant parfois  sa grandeur et son caractère irremplaçable.

Pauvre de nous submergés, que dis-je, rétrécis, anéantis par la toute puissance de la communication asservissante qui nous fait  trop souvent répéter comme des imbéciles, le moindre message qui nous arrive et vient caresser dans le sens du poil nos crédos.
Pauvres crédos, brinqueballés par les billes qui nous servent  de représentants, imbus de leur expertise, incapables d’écouter ne serait-ce que la moindre plainte du citoyen lambda qui s’adresse à eux !

Plaintes qui ne sont que la face cachée de notre difficulté à partager nos petitesses.
Plutôt que de se gonfler les roudoudous à dire que nous avons enfin trouvé le cap de la félicité, ou plutôt que de se replier dans de minuscules territoires compensatoires, partageons nos hésitations, nos doutes, notre médiocrité, pour retrouver la sève de notre existence et ouvrir le champ du possible.

Chacun le sent, peu ou prou, il est difficilement concevable que notre époque fasse l'impasse sur l'élaboration d'un autre "moi" responsable qui a été un des fleurons de la révolution française.

Le concept du moi se dégage à travers les siècles, voire les millénaires, puisqu'il apparait chez les premiers philosophes antiques, avant de s'exprimer en creux chez les peintres de la Renaissance.  Il se dégage ainsi lentement de la figure de Dieu auquel la soumission est de règle, tellement nous manquons de connaissances  et de courage pour nous y opposer.

Il n'est guère étonnant alors que cette figure du moi débouche sur un moi surpuissant, fier  d'être capable d'inventer des formules du monde, à l'image de celle de la théorie des  probabilités qui fait flores ces derniers temps, fier d'inventer des imprimantes en trois D, capables à terme de relocaliser la fabrication de certains objets, donc de modifier les équilibres planétaires, fier de disposer d'un système nerveux central à l'image du Net.

Tout un chacun est capable de repérer l'ombre portée de ces avancées majeures. Elle a pour nom, la grosse tête, le flicage général,  le gaspillage généralisé des ressources et bien d'autres horreurs encore.

Saurons-nous capable de porter le souffle d’une posture radicale et bienveillante, dégageant l’essentiel de l’accessoire ? Alors que les socialistes ont échoué ?

Si L'Europe est incapable de passer à une vitesse supérieure, alors qu'elle a tous les ingrédients intellectuels dans son histoire pour le faire, qui va le faire ?

Le débat entre Nature et culture n’est-il pas ce qui structure les rapports franco-Allemands et indique en creux la sortie vers un monde vraiment écologique, au sens où il pourrait mettre le geste adéquat au creux de la main de chacun d’entre nous ?

Comment sortir du "moi" surpuissant ou haïssable ? Comment sortir d'une tentative d'hégémonie d'un terme (culture ou  nature) sur l'autre ?  La tâche paraît rude, elle est pourtant essentielle. Nous en avons esquissé les prémisses dans la " voie de l'individu attentionné", permettant de dégager un être manifestant un autre rapport au pouvoir parce qu’il possède un autre rapport au temps. La démonstration de la chose n'étant pas l'objet de l'ouvrage.

Il est crucial de ne pas se tromper d'échelle de temps.

La première partie de l'humanité s'est déroulée dans une vision d'un temps répétitif qui était la réponse à la croyance en un dieu tout puissant. Cette croyance s'estompant, est apparu un temps linéaire infini que nous ne parvenons plus à contenir.  Dieu chassé par la porte est réapparu par la fenêtre de la science.

« Etre contenu », « contenir » ont scandé les épopées humaines.

De quelle façon vivre et promouvoir une autre voie en jouant des deux temporalités simultanément ? Voilà la question centrale.

Elle ne pourra s'inscrire dans la réalité qu'au travers d'un processus que je propose de nommer la simplexité.

La simplexité désigne le dispositif  intérieur et extérieur mis en place  par chacun  pour réduire la toxicité de notre monde afin que nos sociétés parviennent à une meilleure attention à tous  et à l'environnement.

Si l'industrialisation désigne le processus d'organisation de  la consommation, où tout est fait pour augmenter la jouissance, compenser l'angoisse de la mort, alors la simplexité désigne la voie d'intégration du cyclique et du linéaire.

Il est communément reconnu que chaque individu fait au mieux de ce qu'il peut, étant supposé qu'il a identifié ses intérêts et n'est pas suicidaire. Peut-on dire la même chose d’une société ? Les logiques d'un collectif ne semblent pas opter pour les mêmes principes que celles d'un être singulier, comme s'il manquait une dimension de l'intelligence à un collectif ?

Pourquoi ne pas la créer, ensemble !

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