[feuilleton] Pierre Drogi, « Animales », 8/12

Par Florence Trocmé

  
   tout laisser   tout déposer   pèleriner dans la pomme vide . 
      sous le fourreau mûri de la terre 
   la sottise à coup de chaussures   de chasseurs 
tire son pli 
   son pas d’épingle 
“ Hi hi hi c’est moi 
- Qui toi ? 
- C’est justement ce que je m’demande ” 
      Au théâtre ce soir   sur le vieux poste 
   gris qui grésille 
     courte et douce 
   tous les petits renards 
    des vignes 
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c’est le feu qui décide   l’âpre alcool de la conscience apprivoisé 
état sans mots   sous-jacent   qui ne soit pas d’hypnose 
(ni réduit à l’animal au sens contemporain de 
bête indistincte) 
   “ l’anglais, Monsieur, me fatigue veuillez passer à 
   l’espagnol ”  (Voulez-vous ?)  (s’il vous plaît) 
chacun, Charon dans sa barque au bord, le regard traversé 
un pic épeichette sur la tête 
   dans une odeur sucrée 
   de soupe 
   enfin 
   alors c’est toi 
      le sanglier ? 
      avec 
      tes 
      éclaircissements de coq - 
      face froide lucide 
      coulée sur la glace 
   ton jour entier avec ses dentelures ses écaillures le moindre détail de ses 
   pierres   l’élargissement de la plaque ventrale et solaire 
   le jour entier entre les mains 
gabare allongée dans la brume filant d’un moteur 
  sans escrime ni hoquet      tes cris d’orfraie, dans l’oseraie 
      saisie de froid 
   ♦ 
suite le vendredi 28 décembre 2012 
épisode 1 , 2, 3, 4, 5, 6, 7