France : le plus haut niveau de chômage depuis près de 15 ans

Publié le 27 décembre 2012 par Ralph

Lors d'un déplacement au marché international de Rungis, près de Paris, François Hollande a appelé jeudi à la mobilisation sur le front de l'emploi, avant la publication des chiffres du chômage de novembre. 27 décembre 2012. Crédits photo : Reuters/Benoît Tessier

NICE, par Ralph Bechani
Avec Jean-Baptiste Vey à Paris (Reuters)

Après avoir dépassée la barre symbolique des 3 millions de chômeurs l'été dernier, la France reste engluée dans une spirale infernale. Ce 19e mois de hausse du chômage en novembre vient ainsi ajouter un peu plus d'inquiétude à la frustration déjà pesante que doit assumer le pays et l'ensemble du continent européen.

Comme nous le soulignions en août dernier, près de 30.000 chômeurs de plus en moyenne chaque mois, c'est ni plus ni moins un millier de demandeurs d'emploi de plus tous les jours, du lundi au dimanche. Une cadence infernale que tente de réguler le gouvernement.

Mais l'équation est peu réjouissante. Depuis la rentrée 2008, avec la chute de la banque Lehman Brothers, la crise des "subprimes", celle de l'euro, de la quasi-faillite de la Grèce et des situations inquiétantes de l'Espagne, de l'Italie ou l'Irlande, les pouvoirs naviguent à vue.

Pour espérer créer des emplois et sortir de cette situation, la France et ses voisins européens ont besoin d'un minimum de croissance - au moins 1,5%'- sans quoi c'est l'emploi qui est chaque jour menacé, à l'image du cortège indénombrable d'entreprises qui mettent la "clé sous la porte" depuis ces quatre dernières années.

Embourbée dans une dette de près de 90% du PIB (1.800 milliards d'euros environ), inquiète, voire impuissante face à son manque de compétitivité qui plombe ses chiffres à l'exportation, la France peut croire "au moins" à un ralentissement de la hausse du chômage pour 2013, jusqu'à une stabilisation mais sans espérer une quelconque baisse du nombre de demandeurs d'emploi.

Hôtel du Châtelet situé rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement de Paris, est l'actuel siège du ministère du Travail, de l'Emploi.

Pourtant, après la publication de ces chiffres, le plus haut niveau de chômage depuis près de 15 ans, le ministère du Travail et de l'emploi garde espoir en declarant que l'objectif de "faire baisser" le chômage serait la priorité du gouvernement pour 2013.

Quant à François Hollande, conscient selon son entourage que la réussite de son quinquennat se jouera sur ce dossier, il a lui aussi réitéré jeudi son engagement d'inverser la courbe du chômage d'ici fin 2013.

"Nous devons être tous sur le pont pour le travail et la lutte contre le chômage", a dit le président français lors d'un déplacement au marché international de Rungis, près de Paris.

JEUNES ET SENIORS LES PLUS TOUCHÉS

Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (ceux n'ayant exercé aucune activité) a augmenté de 29.300 (+0,9%) le mois dernier en France métropolitaine, pour atteindre 3.132.600, son niveau le plus élevé depuis janvier 1998.

Il s'approche du plus haut niveau de la série statistique du ministère, qui débute en janvier 1996, qui est de 3.205.300 demandeurs d'emploi en janvier 1997.

Sur un an, la progression en catégorie A est de 10,8%. En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi progresse de 0,7%, soit 30.400 personnes de plus, pour atteindre 4.617.400 (+9,2% sur un an).

Avec les départements d'Outre-mer, le nombre de demandeurs d'emploi en catégories A, B et C est de 4.904.900.

Dans le détail, en novembre, le nombre de demandeurs d'emploi âgés de plus de 50 ans a progressé de 1,2% en catégorie A (+17,5% sur un an) et de 1,0% en A, B, C (+15,6% sur un an).

Le nombre de demandeurs d'emploi âgés de moins de 25 ans a également augmenté de 1,2% en catégorie A (+10,2% sur un an), et de 0,7% en A, B, C (+9,1% sur un an). Le nombre de personnes âgées de 25 à 49 ans a moins progressé (+0,8% en catégorie A et +0,5% en A, B et C).

Le nombre des chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d'un an) a progressé de 1,2% en catégories A, B et C (+12,1% sur un an), alors que le nombre de personnes inscrites depuis moins d'un an a augmenté de 0,3% (+7,4% sur un an).

Les entrées à Pôle emploi en métropole en catégories A, B, C ont reculé de 3,9% en novembre (-4,9% sur un an).

Les entrées pour fin de contrat à durée déterminée ont diminué (-7,5%), tout comme celles pour fin de mission d'intérim (-7,0%), licenciements économiques (-4,0%), autres licenciements (-1,2%), démissions (-5,9%), premières entrées (-1,1%), reprises d'activité (-3,6%) et "autres cas" (-1,9%).

Les sorties de catégories A, B, C ont quant à elles augmenté de 4,6% sur un mois (-1,0% sur un an).

Les sorties pour reprises d'emploi déclarées (+9,0%), arrêts de recherche (+15,2%), cessations d'inscription pour défaut d'actualisation (+2,2%) et autres cas (+9,1%) ont augmenté, tandis que les sorties pour entrées en stage (-3,2%) et radiations administratives (-0,3%) ont reculé.

Le nombre d'offres d'emploi collectées par Pôle emploi a augmenté de 15,9% en France métropolitaine en novembre (-1,8% sur un an).

Enfin, l'Insee a annoncé la semaine dernière s'attendre à 40.000 suppressions de postes par trimestre sur la première partie de 2013 dans les secteurs marchands non agricoles et à un taux de chômage à 10,5% fin 2012 et à 10,9% mi-2013, proche des plus hauts touchés début 1997.