Les meilleurs disques de musiques du monde de 2012 – Les héritages et le nouveau monde

Publié le 28 décembre 2012 par Fredlafortune

Comment attaquer le morceau? Pourquoi avoir délaissé des perles comme ce Rebirth de Jimmy Cliff, ce Fall of the Moon de Marcel Khalifé, ce Quatuor créole de Sylvain Leroux, ce Quinto d’António Zambujo, ce Indio de Apartamento de Vinicius Cantuaria ou tous ces autres brésiliens de la nouvelle génération comme Curumin, Céu ou Lucas Santtana? Pourquoi ne pas avoir accordé à Sagapool, Yves Lambert Trio, Vishten, Labess et Gadji-Gadjo le crédit qu’ils méritent. Dans le choix forcément aléatoire qui suit, une constante se dessine: cette volonté de créer un monde nouveau à partir des héritages.

1. Le Vent du Nord - Tromper le temps

Ils ont dix ans et le vent dans les voiles. Pour ce disque, ils ont remporté le mois dernier, le Grand Prix du Disque Charles Cros dans la catégorie «musique du monde»: un honneur pleinement mérité pour le quatuor et une reconnaissance internationale pour la musique trad. Même la Bottine n’a jamais raflé ce prix prestigieux. Rajoutons-en: avec son mélange de rêveries aériennes et de swing raffiné, le Vent a conservé son timbre et sa façon de faire, en se faisant toutefois plus sale et plus sauvage. Les quatre garçons dans le vent accordent maintenant plus de place à l’histoire du Québec et à l’engagement qu’avant, mais la constance créatrice et la grande intégrité perdurent.

Le vent du nord – Tromper le temps (mp3)

2. Emel Mathlouthi - Kelmti Horra

Le titre dit tout: Kelmti Horra, Ma parole est libre, et celle qui le fait résonner est une insoumise qui s’est d’abord fait entendre en Tunisie sous Ben Ali. Elle est aussi ce puissant cri de la terre, cette gravité mélancolique de l’émigrée et cette lueur dans les espaces célestes. Elle a imaginé des chansons comme des petits films: en toile de fond, le Maghreb sous les habillages électro, les textures classiques et les autres traditions. Un disque très porteur.

Emel Mathlouthi – Houdou’on (Calm) (mp3)

3. The Touré-Raichel Collective - The Tel Aviv Session

Dès le début du disque, la guitare sèche de Vieux Farka Touré fait respirer les beautés du blues saharien, un genre que les islamistes ont abruptement interdit, comme toutes les autres musiques entendues à Niafunké, la ville emblématique de Vieux Farka Touré, là où son père Ali Farka fut maire. Puis, Idan Raichel, une pointure des musiques d’ouverture en Israël, fait la paire avec ses introspections. Des invités s’ajouteront avec leur lot de climats plus ou moins orientaux. C’est impressionniste, mélodiquement magique et sacrement inspirant.

The Touré-Raichel Collective – Alkataou (mp3)

4. Baloji - Kinshasa Succursale

Pour son deuxième album, le rappeur belge a puisé dans ses origines en enregistrant une superbe fresque sonore de cinquante ans de musiques congolaises. Pendant que Baloji rape l’identité et la démocratie, on chante dans les hauteurs, on gospélise, on remixe le grand hymne de l’indépendance, on tourbillonne avec guitares et likembés, on refait le pays qui bouillonne, des genres afro à la rumba, en soukous ou en 2.0.

Baloji – Le jour d’après / Siku Ya Baadaye (Original Indépendance Cha Cha) (Extrait) (mp3)

5. Roberto López Afro-Colombian Jazz Orchestra - Azul

Après les urbanités latino, Roberto crée une nouvelle formation, plonge dans les sources des orchestres instrumentaux de la Colombie profonde et les mélange avec l’esprit des big bands de jazz. Il signe un disque original, subtilement rétro, brillant, tonifiant et dont l’intérêt croit sans cesse après chaque écoute.

Roberto López Afro-Colombian Jazz Orchestra – En Mi-Corazon (mp3)