Stonehenge revu et corrigé par des archéologues

Par Memophis


Les mégalithes de Stonehenge faisaient partie d'un ensemble architectural bien plus étendu que ce qu'on peut voir aujourd'hui. Vince Gaffney, professeur d’archéologie à l’université de Birmingham, a publié une nouvelle cartographie du site, et nous livre ses impressions.

Vous venez de publier les premiers résultats d’une cartographie très détaillée des alentours du monument mégalithique de Stonehenge, en Grande-Bretagne. Qu’a-t-elle révélé ?

V.G. Elle montre que Stonehenge n’était pas seul : il s’inscrivait probablement dans un ensemble de monuments situés à proximité. Nous en connaissions déjà certains. Par exemple, à 500 mètres au nord s’étend une très vaste allée rectiligne, de 3 kilomètres de long et une centaine de mètres de large, le « Cursus ». Ces dernières années, l’essentiel des recherches a consisté à dater ces monuments, ainsi que les différentes phases de construction de Stonehenge entre 3000 et 2000 av. J.-C. Mais aucune cartographie systématique de ce qu’il y avait entre ces monuments n’avait été réalisée.

Comment avez-vous procédé ?

V.G. Nous avons sondé le sous-sol avec plusieurs techniques - magnétomètre, radar, etc. - et enregistré le relief avec un laser. Les instruments étaient montés sur divers engins motorisés, comme des quads, sauf pour les zones fragiles, qui étaient prospectées à pied. Aujourd’hui, nous avons cartographié plus de 600 hectares autour de Stonehenge. L’objectif est d’atteindre, d’ici deux saisons, un peu moins de 1 000 hectares. Pour pouvoir accomplir une telle tâche, nous avons mutualisé nos moyens avec d’autres pays. L’équipe qui cartographie Stonehenge va ainsi étudier les alentours d’une agglomération romaine en Autriche et d’un établissement viking en Suède.

Qu’avez-vous découvert ?

V.G. Nous avons identifié plus d’une vingtaine de structures jusqu’ici inconnues. Trois ou quatre sont circulaires ou en forme de fer à cheval, et larges de quelques mètres à plus d’une vingtaine de mètres. L’une d’elle était vraisemblablement un monument fait de poteaux de bois. Les structures de formes circulaire ou ovale sont assez fréquentes à l’époque. Ce qui l’est moins en revanche, ce sont de grands trous, au moins quatre, atteignant environ 5 mètres de diamètre.

Quelle pourrait être la fonction de ces trous ?

V.G. Au moins deux, situés à chaque extrémité du Cursus, pourraient avoir une signification astronomique. En effet, l’un est exactement dans le prolongement de l’allée qui mène à Stonehenge. Or nous savons que c’est dans cette direction que le soleil se lève au solstice d’été, quand on se place à l’entrée du monument. L’autre trou est dans la direction du coucher. Les constructeurs de Stonehenge pourraient donc avoir placé ce dernier très précisément par rapport au Cursus, plus ancien de cinq siècles. Mais il y a un travail très important à accomplir pour le démontrer. Car ces alignements pourraient n’être que fortuits. Quand nous serons à peu près sûrs que certaines structures font partie de l’ensemble, alors il sera temps d’y engager des fouilles.

Propos recueillis par Nicolas Constans

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