La Chine poursuit son expansion

Publié le 29 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

La Chine est en train de dépasser l’Europe dans l’industrie spatiale, a dépassé l’Europe dans les TGV, a dépassé l’Europe dans la technologie informatique. Est-ce irrémédiable ?

Par Thibaut Doidy de Kerguelen.

L’Europe s’occupe de politique et plus d’économie

Alors que l’Europe mise en place depuis maintenant plus de quarante ans n’a pas avancé d’un iota sur le plan économique, perd régulièrement de l’importance sur les marchés mondiaux, n’impose plus ses règles, ses normes, ses volontés, alors qu’elle s’embourbe chaque jour un petit peu plus dans des arguties politico-idéologiques où elle multiplie les circulaires, les notes, les directives sur des sujets qui ne regardent que les peuples (avortement en Irlande, crucifix dans les prétoires en Pologne, dans les écoles en Italie, corrida en Andalousie, chocolat et camembert en France etc.), des puissances, qui, il y a quarante ans, ne pesaient presque rien, deviennent les grandes puissances du monde.

La Chine réalise en deux ans ce que l’Europe n’a pas fait en vingt

La Chine a dépassé l’Europe dans la conquête spatiale. Elle est capable d’envoyer des être humains dans l’espace, ce que l’Europe, pourtant présente dans l’espace depuis bien plus longtemps n’a toujours pas été capable de réaliser. Elle réalisera sa propre station spatiale avant la fin de la décennie et prévoit une mission d’exploration sur la lune avant 2025 afin d’y étudier la mise en place d’une station habitée.

Mais, me diront certains, l’Europe a fait le choix de l’espace commercial et tient le leadership dans ce domaine. Oui, pour combien de temps et sur quelle technologie ?

La Chine vient de réaliser en deux ans ce que l’Europe n’a pas été capable de faire en vingt : elle a mis en service commercial dans la région Asie-Pacifique son propre système de navigation satellitaire, Beidou, gage d’indépendance stratégique et commerciale à l’égard du GPS américain. Le système, qui s’appuie actuellement sur un réseau de 16 satellites de navigation et quatre autres expérimentaux, a commencé à fonctionner jeudi. Eh voilà, pendant que les responsables européens coupent les cheveux en quatre et se perdent en jeux politiciens, Galileo, le projet européen, reste à l’état de projet. Ça, c’est à la fois commercial et stratégique. L’armée chinoise, l’aéronautique chinoise, l’industrie spatiale chinoise ne dépendront plus du GPS. Leurs homologues européennes, si.

Le porte-parole du Bureau chinois pour la navigation satellitaire, Ran Chengqi, a jugé les performances de Beidou («La Grande Ourse», en chinois) «comparables» à celles du GPS américain, selon le China Daily. «Le signal de Beidou peut être reçu dans des pays comme l’Australie», a-t-il assuré. L’extension du réseau satellitaire chinois prévoit l’envoi de 40 engins supplémentaires dans l’espace d’ici 2024, selon le porte-parole, lui permettant dès 2020 de fournir une couverture mondiale.

Le marché de la navigation satellitaire est estimé à 500 milliards de dollars d’ici 2020 et Beidou pourrait conquérir 70 à 80% de ce marché si les usagers optent pour des équipements compatibles avec plusieurs services, et non pour un seul comme c’est le cas actuellement, a encore indiqué le porte-parole.

Ce succès spatial chinois vient deux jours après un autre succès : la plus grande ligne TGV du monde.

La ligne de TGV la plus longue du monde est l’occasion de voir que le réseau TGV chinois est déjà le plus étendu de la planète.

Dans ce domaine encore, l’Europe était leader. Du temps de Delors, nous avions entendu évoqués des projets de lignes TGV européennes - Paris, Berlin, Varsovie, Minsk, Moscou - Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Skopje, Athènes - et d’autres encore. Aujourd’hui, nous avons vendu notre technologie et nous regardons passer les trains et les projets à toute vitesse.

Pékin-Canton en TGV. Ce train reliera les deux métropoles éloignées de plus de 2.000 kilomètres en huit heures et en traversant une vingtaine de grandes cités du pays. Ceci constitue le plus long trajet à grande vitesse au monde et ce n’est pas terminé, puisque les autorités chinoises ont promis de prolonger la ligne jusqu’à Hong Kong d’ici à 2015. En fait, le pays vise 18.000 kilomètres de lignes à grande vitesse d’ici à 2015.

Les esprits chagrins diront que la Chine s’endette pour construire ces lignes de TGV. Sauf que la dette de la Chine est loin d’égaler celle de l’Europe et qu’il s’agit d’une dette d’investissement et d’équipement quand d’autres sont obligés d’emprunter le 20 octobre de chaque année pour payer les salaires de ses fonctionnaires jusqu’au 31 décembre.

Nous devions conserver la technologie

Vous souvenez-vous du discours de ceux qui nous ont vanté il y a quelques années les bienfaits de la désindustrialisation ? Il paraît que nous devions exporter dans les pays à forte main-d’œuvre les tâches répétitives et à faible valeur ajoutée pour ne conserver en Europe que la haute technologie qui à elle seule devait générer une plus-value suffisante à faire vivre nos peuples. Ceux qui criaient que cela n’était que leurres et que nous ne ferions que transmettre une technologie à des pays qui l’exploiteraient et la retourneraient contre nos intérêts étaient traités de ringards par tous, d'antilibéraux par la droite, de xénophobes protectionnistes par la gauche. Idéologues de tous poils, regardez ce qu’est devenue la Chine et dites-vous qu’elle n’est qu’à l’aube de son développement. Regardez ce qu’est devenue la Corée (et contrairement aux affabulations de Monsieur Montebourg pas en transformant ses travailleurs en esclaves). Dans moins de dix ans si nous ne redressons pas la barre, l’Inde nous dépassera au classement des plus grandes économies.

Nos structures européennes sont dépassées et contre-productives

Souhaitons que 2013 nous apporte un petit peu de sérénité. Que l’intelligence prévale enfin sur l’idéologie et que nous abandonnions ces cauchemars d’Europe politique pour construire enfin une vraie Europe économique, avec des projets communs, des moyens communs, des ambitions communes, une gestion commune du marché intérieur, une défense commune de nos intérêts économiques.

Alors là, enfin, nous verrons que l’Europe est la première puissance économique du monde. Mais cela passe par la défense de nos intérêts, exactement comme les Chinois défendent les leurs et les Américains les leurs.

Apprenons de nos erreurs et ayons le courage de changer ce qui ne va pas.

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