Julia (2007)

Par Eric Culnaert

Comme la Gloria de John Cassavetes (Gloria, 1980) et la Dora de Walter Salles (Central do Brasil, 1998), la Julia d’Érick Zonca va se trouver encombrée d’un gosse de huit ans qui ne lui est rien. La différence réside en ce que Julia est une véritable idiote et s’est mise toute seule dans le pétrin. On t’explique.

Julia, personnage féminin d’une trente-cinquaine d’années, apparaît du genre déboussolée, qui boit pas mal et couche à droite et à gauche. Tous ses ennuis vont venir de ce qu’elle rencontre Elena, une autre paumée, qui lui raconte qu’elle veut récupérer son fils, Tom, que le père lui a soustrait. Julia est-elle la seule à ne pas voir qu’Elena est cinglée, mythomane en prime, et que la grosse somme d’argent qu’elle lui offre pour enlever le gosse à sa place n’existe que dans son imagination ? Pour ne rien arranger, alors que nous sommes à Los Angeles, le mythique pognon est censé se trouver au Mexique sous forme d’actions. Pourquoi pas en stock-options ou sous forme de parachute doré ?

Bref, Julia enlève l’enfant après avoir écrasé son accompagnateur avec sa voiture. En fait, le père n’existe pas, il est mort, on l’apprend de la bouche du gosse, qui est en fait élevé par son grand-père richissime. Julia commence par emmener Tom dans le désert, ne me demande pas pourquoi, puis le plante là pour aller téléphoner au grand-père afin de convenir des modalités d’une rançon : elle veut un million de dollars. Et c’est là que s’impose, à nous spectateurs, le génie de la ravisseuse : elle téléphone avec son portable, moyen idéal pour se faire identifier, ce qui ne rate pas. En outre, elle n’a pas été fichue d’imaginer un moyen pratique de mettre la main sur l’argent, et lorsque le million est déposé à la consigne de la gare de Los Angeles, elle n’ose pas le prendre car les lieux sont inévitablement sous surveillance, et file au Mexique avec le gamin pour se mettre à l’abri !

Là, c’est grandiose, elle se fait faucher l’enfant par deux voyous mexicains, qui la prennent pour la mère et qui, toujours par téléphone, exigent à leur tour une rançon. Après avoir tué d’une balle dans la tête l’indicateur qui lui a dit comment retrouver les deux voyous, il ne reste plus à Julia qu’à téléphoner au grand-père pour qu’il fasse envoyer deux millions de dollars à Tijuana (eh oui, tout augmente, ma bonne dame). L’argent arrive, les voyous s’en emparent alors qu’elle voulait garder la moitié pour elle, et lui rendent le gosse, ouf !

Par chance, entre-temps, elle s’était prise d’affection pour le mioche, et c’est réciproque, car entre deux maux l’enfant a su choisir le moindre. Ce qui colore cette histoire vachement crédible d’une bienvenue touche d’humanisme. Et l’on espère que, sur Allociné, ils sont plus aimables que les spectateurs qui, dans la salle, se marrent sans aucune pitié.

Choisis ton arme et flingue la fin du film
       

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