CINEMA : Renoir de Gilles Bourdos

Par Misteremma @misteremma

Lundi 17 décembre 2012, je me rends à la rue Lepic à Paris pour y rencontrer l’équipe du film « Renoir » de Gilles Bourdos. Je m’arrête à la boutique du Moulin Rouge mais là, je m’égare. Retournons à la conférence de presse où Michel Bouquet aura attiré toute l’attention des journalistes présents ne laissant que peu de place à Christa Theret et à Vincent Rottiers. Ce dernier est pour moi une révélation. Malgré sa filmographie déjà bien longue, je ne l’ai vu auparavant que dans le film du belge Stephan Streker « Le monde nous appartient« . Et pourtant, sa carrière démarre en 2002 dans « Les Diables » de Christophe Ruggia. Il n’a alors que 15 ans. En 2007 et 2010, il sera nominé au César du Meilleur Espoir Masculin pour « Le Passager » et ensuite « Je suis heureux que ma mère soit vivante« .

Les relations entre Vincent Rottiers et Michel Bouquet au début du tournage du film ont été particulières : « Quand je suis arrivé devant Christa et devant Vincent, j’ai senti – surtout de la part de Vincent – qu’il pensait Qu’est-ce que c’est ce vieux con? Il va nous emmerdé?. Et, pour la première fois, je n’ai pas éprouvé de colère contre cette attitude, j’ai trouvé que c’était normal. J’avais eu la même impression lorsque j’étais à la place de Vincent et que je tournais avec Jean Gabin. J’ai tourné avec Gabin 8 jours dans un film« .

« Mais je n’ai jamais pensé ça, Michel! » interrompera Vincent lors de la conférence.  »Et donc, reprend Michel Bouquet, c’était le temps où je devais comprendre quelque chose par rapport à cette nouvelle génération. J’ai vraiment été très attentif à ça. Au bout de 4-5 jours de travail ensemble, j’ai senti que cette attention d’eux vis-à-vis de moi se manifestait et cela ma profondément bouleversé et cela ne cesse de me bouleverser. Ils m’ont appris quelque chose de très important pour me soulager, quelque chose de rare, comme s’ils étaient mes enfants du métier. »

Michel Bouquet  a, aujourd’hui, 87 ans. C’est un homme de théâtre et c’est pourtant le cinéma qui lui apportera le plus de satisfaction : « C’est l’image qui fait l’acteur car l’image est fixée alors qu’au théâtre, tout est à refaire chaque soir. On ne peut donc y être satisfait« . Il trouve dans Auguste Renoir un rôle qui lui va comme un gant tant il aime la peinture : « Je vis avec la peinture depuis mes 17 ans. J’employais tous l’argent que j’avais pour me rendre aux musées et voir les tableaux. Donc je connais assez bien la peinture. Lorsque je me retrouve devant une peinture, j’éprouve une secousse, une fascination. » Il a une adoration pour Renoir dont il trouve que c’est un des plus grands portraitistes. « Pour moi c’est un peintre de portraits parmi les plus grands. Renoir reste engagé à la représentation de la chair comme elle est. Je n’en dirai pas autant de la composition car il en souffrait. il allait tout le temps voir Les Noces de Canards au Louvre pour se dire comment c’est fait?« 

La peinture ce sont des traits, des couches, des couleurs. Gilles Boudos a-t-il travaillé le montage d’une certaine manière pour se rapprocher de la peinture d’Auguste ? « Pour faire un film sur les Renoir, je me suis immergé dans leur univers pendant plusieurs mois : dans la peinture d’Auguste et dans les films de Jean. Il s’agissait pour moi de vivre avec et d’aller même aux États-Unis voir la Fondation Barnes à Philadelphie. C’est à cet endroit-là qu’il y a les Renoir les plus importants de cette époque. Et puis lorsqu’il s’est agit de travailler sur le film, j’ai laissé de côté tout ça. Je pense qu’il y a une illusion à croire faire de la peinture avec du cinéma. Ce sont deux médiums totalement différents, deux expressivités artistiques différentes. Par contre se servir des impressions que la peinture vous procure pour refaire des images, ça oui ! Il ne s’agissait donc pas de faire des citations frontales des tableaux de Renoir. Je travaille la palette. Je suis un cinéaste qui est très préoccupé par les questions de la couleur. Je me suis immergés des sensations de Renoir et de la couleur méditéranéenne. C’est un film que je voulais du côté de la volupté, du sensoriel. J’avais envie que le spectateur rentre dans le film comme s’il rentrait dans un bain chaud, qu’il soit complètement absorbé par une sensation.« 

Le film s’attache au personnage de Christa : « C‘est elle qui va faire la jonction entre la peinture et le cinéma. Elle sera le dernier modèle d’Auguste et la première épouse de Jean. Elle m’évitait de faire un film biographique car elle me permettait d’entrer dans le film via cette fille pleine d’insolence, de vitalité qui allait montrer la voie à ce jeune cinéaste. »

Dans le film vous trouverez, également, l’acteur belge Thomas Doret que vous aviez pou découvrir dans « L’Enfant » des frères Dardenne : »Thomas est un peu un pari car au départ on me disait mais ce n’est pas possible il a l’accent belge. C’est vrai. Mais je l’ai aimé immédiatement dès notre première rencontre. C’est un garçon qui a un talent inné, qui a aussi une très grande intelligence et puis venir de l’école des Dardenne, c’est la meilleure école au monde.« 

1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge, et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé… Mais une jeune fille, Andrée, apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence. Lorsque Jean, revenu blessé de la guerre, vient passer sa convalescence dans la maison familiale, il découvre à son tour, fasciné, celle qui est devenue l’astre roux de la galaxie Renoir. Et dans cet éden Méditerranéen, Jean, malgré l’opposition ronchonne du vieux peintre, va aimer celle qui, animée par une volonté désordonnée, insaisissable, fera de lui, jeune officier velléitaire et bancal, un apprenti cinéaste…

Sortie : 31/01/2013
Durée : 1h51
Année de production : 2011
Genre : Drame
Origine : France
Réalisateur : Gilles Bourdos
Acteurs : Michel Bouquet, Christa Theret, Vincent Rottiers