2012: une fabuleuse année pour les Banques et les milliardaires

Publié le 08 janvier 2013 par Eldon

2012, la fin du Monde? La crise?Vous plaisantez. Tout n’a pas jamais été aussi  fabuleux. Oh, pas pour environ 120 millions d’européens par exemple, menacés de pauvreté. Mais alors pour les banques, c’est de la fo-lie. « Plus heureux que moi tu meurs ». Immunité et profits dantesques caractérisent leur année 2012.

Et les milliardaires? Alors là, c’est le bonheur. Les 100 plus riches de la planète ont gagné 241 milliards  supplémentaires en 2012.  Que feront-ils de cette manne? Mystère.

Loin de nous de penser qu’être banquier et/ou riche est un mal absolu.  Mais il n’empêche que dans ces temps obscurs, on constate que ce sont toujours les mêmes qui s’en tirent le mieux grâce aux détenteurs anonymes de deux petits bras qui eux se portent toujours aussi mal.

1°Les banques: des amendes plutôt que des poursuites et des profits considérables

Un excellent article de Bakchich  démontre l’absence de poursuites des banques aux Etats-Unis. Extraits.

« HSBC, UBS,Goldman Sach’s,  … ont échappé à des poursuites en échange d’amendes certes fortes mais sans aucune mesure avec leurs capacités financières casi-infinies. Les procureurs américains ont été priés de freiner leurs ardeurs. Le nombre des plaintes fédérales pour fraudes commises par les institutions financières entre 1991 et 2011 chuter de 56,5% d’après les chiffres compilées par la Transactional Records Access Clearinghouse (TRAC) . [...]

Des travaux universitaires consistant à comparer, par exemple de 1985 à 2010, le nombre de poursuites criminelles engagées avec celui du nombre de fraudes comptables identifiées confirment par ailleurs ce que dicte le simple bon sens : dans la durée, les fraudes sont inversement proportionnelles au nombre des poursuites. [...]

A échelle comparable, on estime que si les services de l’Attorney General Eric Holder avaient répondu contre les malfaisants de la finance avec la même détermination et les mêmes moyens légaux que ceux déployés par leurs pairs au cours de la crise des Caisses d’Epargne, ce sont environ 100 000 cadres de la finance qui auraient passé le réveillon de la saint Sylvestre 2012 en prison. [...]

Eliot Spitzer, ancien gouverneur de l’état de New-York et ex-procureur redouté par Wall Street, s’en est fait l’écho:

« La décision de ne pas engager de poursuites contre la HSBC réduit à néant tout ce que le gouvernement à pu réaliser jusqu’à présent en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants ; où que ce soit…je veux dire quand vous réfléchissez à la manière dont ils agissent envers les gens ordinaires lorsqu’ils se font pincer pour trafic de drogue, lorsqu’ils confisquent tous leurs biens et réclament les peines maximum alors que dans ce cas, ils mettent la main sur une banque qui blanchit des milliards de dollars des cartels colombiens et mexicains pendant des années, et on me raconte qu’ils ne parviendraient pas à trouver contre ces gens là un seul chef d’inculpation qui tienne la route ! Si la loi ne s’applique pas équitablement, nous ne sommes plus dans un état de droit… »

Le cas de HSBC est emblématique de cette immunité.

En se voyant infliger une amende de 1,92 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros), pour mettre fin aux poursuites dont elle fait l’objet aux Etats-Unis, concernant des accusations de blanchiment d’argent sale, HSBC s’en sort presque avec les honneurs.L’amende est ridicule quand on pense à ce qui lui est reproché:  7 milliards de dollars provenant probablement de l’argent des cartels mexicains de la drogue ont transité sur des comptes de HSBC aux Etats-Unis, 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l’Iran, 470 milliards au total, qui auraient «échappé» à la vigilance de la banque britannique.

L’amende infligée représente seulement 8% de son bénéfice de 2012, soit prés de 19 milliards. Juste un « pan pan cucu »: chose incroyable, aucun dirigeant de HSBC n’a été à ce jour pénalement poursuivi.

Selon le New-York Times, « Les autorités fédérales ont décidé de ne pas inculper HSBC dans [cette] affaire de blanchiment d’argent sale, craignant que les accusations très graves portées à son encontre mettent en péril l’une des plus grandes banques du monde et que cela finisse par déstabiliser le système financier mondial« . Rien qu’en 2010, continue le New-York Times, HSBC a autorisé pour 60 000 milliards de dollars de transactions impliquant 17 000 comptes suspects, sans aucune vérification !  (Source: Le Monde)

Par ailleurs, selon le New-York Times du lundi 31 décembre 2012, les régulateurs bancaires aux Etats-Unis et 14 banques sont proches d’un accord atteignant 10 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites fédérales sur des saisies immobilières abusives. En février 2012 déjà, cinq des plus grandes banques américaines (JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup et Ally Bank) avaient déjà passé un accord record de 25 milliards de dollars pour mettre fin à des poursuites du gouvernement fédéral et de 49 Etats dans le cadre du scandale des saisies immobilières douteuses qui ont mis à la porte plus de 4 millions d’américains depuis 2007. (Source: Chroniques de l’Info)

Pour finir sur ce triste épisode de l’immunité des banques, Bank of America a annoncé lundi 7 janvier qu’elle avait accepté un accord à 11,6 milliards de dollars pour régler un contentieux sur des prêts hypothécaires à risque vendus avant la crise à Fannie Mae, sur lesquels ce groupe semi-public de refinancement hypothécaire s’estimait trompé. (Source)

Chose choquante également en ce qui concerne les Banques Américaines, les « banksters » se sont vus accorder par la réserve Fédérale américaine, la Fed, 29 000 milliards de dollars afin de redresser leurs comptes et seuls quelques dirigeants ont été pénalement poursuivis.

Une agence fédérale américaine de supervision des banques coopératives, a engagé toutefois des poursuites contre la banque JP Morgan, l’accusant d’avoir vendu pour 2,2 milliards de dollars de titres adossés à des prêts immobiliers avant la crise. (La Tribune de Genève)

En Europe, le bilan est plus contrasté:

- des banques ont été condamnées comme en Islande ou en Italie, mais La Deutsche Bank s’en sort bien malgré des comptes truqués.

- mais en règle générale, il n’ y a pas de quoi se plaindre du côté des banques. En France, on a préféré recapitaliser Dexia et ses prêts toxiques, les banques ont reçu 1 600 milliards d’euros de prêts à des taux avoisinant le 1%,

Enfin, les profits 2012 des banques ont été considérables. Sans parler du  scandale du Libor, années fastes pendant lesquelles les banques, en particulier du Royaume -Uni, ont manipulé les taux d’emprunt, acte pour lequel elles devraient, du moins espérons-le rendre des comptes.

2° Des milliardaires encore plus milliardaires

Selon Chanllenges, les 100 plus riches de la planète ont engrangé 241 milliards de dollars, 181,5 millairds d’euros en 2012. La crise n’est décidément pas pour tout le monde.

Amancio Ortega. Le baron espagnol de la mode a vu son patrimoine grossir de 22,2 milliards de dollars, à 57,5 milliards, grâce au bond de l’action du groupe Inditex (Zara, Massimo Dutti…), dont il est le fondateur et l’actionnaire majoritaire. Seuls deux Français figurent dans le top 20 mondial. Bernard Arnault est 9ème et Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire L’Oréal, est 14ème, avec une fortune estimée à 26,8 milliards de dollars (+32,4%).

Choquant est le moins que l’on puisse dire.

Expatriations vers des paradis fiscaux, de filiales bidons, des niches fiscales, des salaires au rabais dans les Sociétés qu’ils dirigent et qui flirtent déjà en Europe avec l’esclavagisme et la soumission. Rien, absolument rien ne peut justifier de tels revenus. La Propriété de titres de sociétés qu’ils possèdent a bon dos.

36 milliards d’euros est le montant du patrimoine cumulé des 43 plus riches familles françaises qui ont élu domicile en Suisse, comme le révèle le magazine suisse Bilan, qui a publié son classement annuel des 300 plus grosses fortunes de la Confédération helvétique.

Et pendant ce temps, les écarts se creusent entre les riches et les pauvres. Le niveau de vie des 10% des Français les plus pauvres a reculé de 1,9% en 2010, à 10.400 euros par an, tandis que celui des 10% les plus aisés a baissé de seulement 0,3%, à 36.300 euros. Soit un rapport de 3,5, contre 3,4 en 2009, selon une étude de l’Insee.

La répartition des richesses est bien au coeur du problème mais on ne veut pas traiter la question. Jusqu’à quand?