Le traitement de la dépendance, et si on en parlait vraiment ?

Publié le 08 janvier 2013 par Seifenblase @Pointe_d_Actu

Pour ce dernier épisode d’une série de quatre articles sur la dépendance au cannabis, Jean-François Hauteville a décidé de parler des modalités d’usage et des traitements de sevrage existants.

Le cannabis est très souvent associé à d’autres produits ; Ce constat vaut autant pour les consommateurs « récréatifs » que pour les consommateurs réguliers.
Le premier produit associé reste l’alcool. Il peut s’inclure dans un cadre festif ou dans une recherche de complémentarité des produits

  • l’alcool est utilisé pour se« booster », s’euphoriser, lever les inhibitions ; sa consommation se situe alors dans la journée, parfois très tôt ou en milieu de journée
  • le cannabis arrive en fin d’après-midi pour se sédater – se calmer -, et très souvent pour préparer au sommeil.

L’effet de ce mélange est catastrophique car il cumule les effets des produits et a pour conséquence, entres autres, de multiplier par 15 le risque d’accident de la circulation.

D’autres produits sont également utilisés.

Les toxicomanes consommateurs d’héroïne ou de cocaïne l’utilisent pour soulager ce qu’on appelle la « descente » après la prise de ces derniers ; après une période d‘euphorie pour la cocaïne ou d’extrême relaxation liée à l’héroïne, les patients connaissent une période difficile et pénible à supporter qui arrive quand les effets recherchées s’estompent progressivement (fatigue, déprime, fortes angoisses…). Le cannabis soulage, en partie, ses symptômes. Mais d’autres associations sont possibles ; Médicaments, LSD….etc

Jean-François Hauteville est infirmier en Centre Hospitalier à Lyon et a suivi de nombreuses formations dans l’addictologie, notamment en alcoologie, toxicomanie, jeux pathologiques et troubles compulsifs alimentaires.


Quels traitements ?

Avant d’envisager une prise en charge, il est nécessaire d’évaluer :

  • D’une part le niveau de consommation, la fréquence, le nombre de joints consommé
  • La prise d’autres toxiques : alcool, médicaments, cocaïne, héroïne…etc
  • La situation familiale, sociale…pour savoir si nous allons pouvoir nous appuyer sur l’entourage pour aider le patient pendant la prise en charge

Les consommateurs « récréatifs »  de cannabis n’ont en principe pas besoin de traitement pour arrêter
Chez les fumeurs réguliers, on peut rencontrer à l’arrêt anxiété et irritabilité, perturbation du sommeil et de l’appétit, envie très importante de reprendre le produit…
Ces difficultés, que l’on appelle symptomatologie de sevrage, peuvent être soulagées par la prescription par un médecin  d’un traitement adapté. Il s’agit de tranquillisants qui ne doivent pas être pris trop longtemps.
Ensuite il faudra accompagner le patient pour l’aider à vivre sans l’aide du produit : On procède par :

  • des entretiens individuels médicaux, psychologiques ou infirmiers
  • des thérapies de groupe
  • …etc

La prise en charge est globale.  On s’occupe également des tiers touchés par cette dépendance (familles, entourages…) et avec l’aide d’assistante sociale, on essaie aussi de gérer les complications sociales, professionnelles….
Y interviennent des médecins, infirmiers, psychologues… l’addiction est une pathologie à la frontière entre la psychiatrie et le somatique.

Jean-François Hauteville

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