21 Jump Street de Phil Lord avec Channing Tatum, Jonah Hill

Par Kojimaemi

Au lycée, Jenko était le beau gosse populaire et crétin qui se moquait volontiers de Schmidt, intello rondouillard catalogué loser. Quand ils se retrouvent à l'école de police, ils décident de s'entraider et deviennent amis. Leur première mission consiste à infiltrer un lycée pour démanteler un trafic de drogue. Le problème, c'est que les lycéens d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux de leur adolescence et les deux amis sont vite perdus.

Rien qu'en lisant le synopsis, on se rend compte que le film ne vole pas haut, et pourtant... Le début est ultra rapide, un peu cliché mais se clôt sur une course poursuite mythique. Puis le retour en cours de Jenko et de Schmidt réveille en eux des vieux complexes, et paradoxalement, celui qui est considéré comme le plus cool n'est plus Jenko mais Schmidt. Quand ce dernier intègre la bande des lycéens les plus populaires et décroche le premier rôle dans Peter Pan, l'autre est considéré comme une brute et se retrouve coincé avec les apprentis chimistes de l'établissement. Ils se retrouvent dans la situation inverse de leur première scolarité, du coup, le choc des cultures est vraiment drôle.

Etant trop jeune pour avoir pu regarder la série originale, je n'ai pas pu être déçue de cette adaptation - j'ai quand même apprécié l'apparition clin d'oeil de Johnny Depp; au contraire. Comme toujours chez les américains, certains gags sont exploités jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus rire, et au début, j'ai eu peur de retrouver la vulgarité omniprésente d'American Pie ; 21 Jump Street ne fait pas dans la légèreté mais ça reste digeste grâce à des scènes délirantes comme Schmidt en costume de Peter Pan en New Beatle rose pâle poursuivi par un biker. Au final - et c'est le but quand on regarde ce genre de films - je me suis bien marrée (oui c'est le mot) et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé un Channing Tatum de comédie qui n'a pas eu peur de casser, brièvement, son image de beau gosse avec une coupe de cheveux atroce.

La psychologie des personnages est bien cachée derrière la comédie, mais elle est quand même présente. Sa mise en retrait nous épargne des atermoiements inutiles et ridicules tout en montrant la difficulté de maintenir une amitié qui n'est pas approuvée par le regard des autres. Jonah Hill est le personnage principal du film parce qu'il a, semble-t-il, plus à prouver que son compère. Son jeu est énergique, un peu hystérique parfois, mais la sobriété de Channing Tatum compense ses sursauts frénétiques typiques des comédies américaines (et qui, personnellement, m'énervent au plus haut point). Le duo Jonah Hill/Channing Tatum est très bien trouvé et la complicité partagée par leurs personnages est visible entre les deux acteurs.

Si j'ai bien aimé ce film, outre les course-poursuites, les blagues potaches, et Channing Tatum et ses bras musclés, c'est aussi parce que je suis plus ou moins de la génération de Schmidt et Jenko, et que si jamais j'étais propulsée dans un lycée aujourd'hui, je serais aussi perdue qu'eux parce que la jeunesse actuelle n'a rien à voir avec celle que j'ai fréquentée et que j'ai vécue. Les codes ont changé, et c'est ce que cette comédie nous montre.