La financiarisation de l’économie ou l’illusion de l’économie réelle

Publié le 12 janvier 2013 par Eldon

La financiarisation de l’économie est désormais acquise. L’importance grandissante du recours au financement par l’ endettement des agents économiques est aujourd’hui la norme. Etats, particuliers, collectivités, entreprises, organismes nationaux ou internationaux, l’agriculture, les métaux, les brevets, la nature et même le vivant, tout est financiarisé.

Même les plus pauvres d’entre les pauvres doivent avoir recours au micro-crédit parce que les dirigeants de leur Etat ne sont pas fichus d’organiser une solidarité nationale et une juste répartition des richesses. Comme l’a dit Michel Rocard, on est « dans un système qui pousse à l’endettement ». Système, qui vous l’aurez compris, n’est pas la résultante d’un hasard malheureux de circonstances mais bel et bien d’une volonté éclairée.

La finance pour la finance, l’économie n’est plus un but, mais qu’un moyen d’accroître la manne financière des déjà multi possédants. Adieu à l’économie réelle, ce n’est plus que juste une illusion.

Express.be a repris un article de l’excellent site américain The idealist qui donne dix exemples de l’illusion de nos économies. Il est sans doute le reflet d’ un mode de pensée très libéral selon lequel  l’homme héroïque est entravé par un Etat démoniaque et concerne pour l’essentiel ce qui se passe aux Etats-Unis. On peut y trouver toutefois sans aucun souci, une résonance en France.

« 1/ Les faux emplois. Non seulement les chiffres du chômage sont minimisés artificiellement par les instances gouvernementales, mais 80% des emplois ne produisent aucune valeur. Ils pourraient disparaître demain sans menacer la survie et le bonheur de l’humanité. (un faux emploi est surtout pour nous, un emploi dont le salaire ne permet pas de vivre convenablement: emplois précaires, emplois partiels subis, emplois payés au smic actuel, …;)

2/ Les problèmes créent des emplois, et non des solutions. Nous ne réglerons jamais les problèmes de la drogue, de la violence, des codes des impôts trop complexes, …etc., parce que ces problèmes permettent d’employer des policiers, des percepteurs, des gardiens de prison, des fonctionnaires… En d’autres termes, nous avons besoin de ces problèmes totalement fabriqués pour créer de l’emploi artificiel.

3/ L’argent n’a pas de valeur. L’argent est l’illusion la plus trompeuse. L’argent n’a de la valeur que parce que la loi le décrète. Mais l’argent n’est que du papier avec de l’encre, et sa valeur réelle est nulle. Les seules choses qui aient de la valeur, c’est le travail, les matériaux, la nourriture, l’eau et l’énergie.

© Inconnu – Ajouté par nous

4/ Les  by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance">banques centrales rachètent les dettes des nations. Aux Etats Unis, la Fed prête de l’argent au gouvernement américain qui émet des obligations pour financer ses dépenses. Ces obligations sont ensuite proposées aux investisseurs. Mais en pratique, c’est la Fed qui en rachète près de 90%. C’est ce que l’on appelle la monétisation de la dette. Dans la zone  by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance">euro, cette monétisation de la dette a aussi lieu lorsque la BCE rachète des obligations souveraines des pays en difficulté, comme Mario Draghi s’est engagé à le faire en juillet de l’année dernière.

Or ceci ne consiste en rien de moins qu’une chaîne de Ponzi. Dans ce système, les taux d’intérêt sont artificiellement maintenus à un bas niveau (s’ils étaient le reflet de la demande réelle des investisseurs pour ces dettes, ils seraient plus élevés).

5/ La détermination de la valeur est faussée. Le mécanisme de fixation des prix est désormais tellement affecté par des variables exogènes qu’il devient difficile de déterminer quelle est la valeur réelle des choses. Les subventions de l’Etat, les taxes, les lois et les règlements, la manipulation des taux d’intérêt, et la spéculation sur les matières premières sont autant de facteurs qui compliquent la valorisation des biens et des services. (ce qui fausse également la valeur des choses est le salaire de misère que perçoivent ceux qui les produisent, les marges des intermédiaires, la répartition inéquitable des revenus de la production, …)

6/ L’échec est récompensé. On demande aux citoyens de se serrer la ceinture pour porter secours à des gouvernements, des institutions financières, ou des entreprises. Et lorsque quelqu’un réussit par la force de son travail, il est lourdement imposé pour financer les plans d’aide d’institutions qui se sont mal comporté. (nous ne sommes pas tout à fait d’accord, mais c’est vrai que les contribuables payent pour les comportements fautifs voire criminels des banques)

7/ Les organisations privées ont les mêmes droits que les êtres humains, mais pas les mêmes sanctions. Cela devient évident lors de catastrophes industrielles : à quoi aurait été condamné un homme qui aurait provoqué une catastrophe de l’ampleur de celle de la plateforme Deepwater Horizon? Il aurait été jugé comme un tueur psychopathe, et on aurait veillé à ce qu’il ne puisse plus jamais nuire. (alors là, plutôt d’accord: il suffit de penser aux banques et à leurs dirigeants qui ont acheté leur impunité par ex. Quant à l’impunité des dirigeants politiques…)

8/ Les gens achètent des choses avec de l’argent qu’ils n’ont pas. Malgré l’inflation, le chômage en hausse et l’effondrement des marchés immobiliers, l’achat à crédit ne ralentit pas. Or, rien n’est pire pour une économie que des emprunts adossés à des valeurs dont les retours sur investissement sont négatifs : voitures, cartes de crédit, et prêts  by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance">étudiants, par exemple.(faire un crédit pour une voiture neuve est en effet un calcul économique aberrant; pour ce qui est des prêts étudiants, voir ce qui se passe aux Etats-Unis et où ça mène)

9/ Les créateurs d’entreprises sont punis. Réglementations abusives, multiplication des considérations écologistes (pas toujours fondées)… Nos économies créent de la dépendance là où il n’y en a pas besoin. La bureaucratie toujours plus lourde entrave les entreprises, quand elles ne les étouffe pas de façon fatale. (ce n’est pas faux, il faut le reconnaître; « ceux qui en veulent », les entrepreneurs au sens noble du terme,  ne sont pas toujours aidés ou encouragés et souvent entravés par des formalismes inutiles)

10/ L’esclavage moderne. Les banques centrales et les banques commerciales créent de l’argent à partir de rien, et cette création monétaire transforme les gouvernements, les industries et les familles en esclaves. Et même en l’absence d’endettement lié à un crédit, il faut payer des impôts et les effets de l’inflation… »

Source: Express.be

En complément de cet article, nous vous invitons à (re)visionner l’excellent documentaire, « Noire Finance« , que nous vous avions présenté il y a quelques temps et qui démontre comment la finance s’est emparée de l’économie réelle. Dans ce premier volet, les auteurs remontent au fameux jeudi noir d’octobre 1929 à Wall Street, pour montrer comment une crise boursière se transforme en crise bancaire, qui elle-même se développe en crise économique mondiale. Des « barons voleurs » d’hier aux golden boys des années Tapie, des accords de Bretton Woods à la création de l’euro, il retrace ensuite les différentes étapes qui ont conduit à la libéralisation des flux financiers. Assurances, produits dérivés, fonds spéculatifs (hedge funds)… : les dispositifs techniques se succèdent pour accroître les profits, augmentant toujours plus le risque et la fraude systémiques.

embedded by Embedded Video