Ressources animales

Publié le 13 janvier 2013 par Malesherbes

Au temps où les congélateurs n’existaient pas encore, on parvenait malgré tout à disposer de glace. Des entrepreneurs construisaient des glacières dans lesquelles ils stockaient la glace réalisée à partir de la neige amassée pendant l’hiver. L’été venu, ils débitaient depuis ces glacières des pains de glace qu’ils livraient alentour grâce à des charrettes tirées par des chevaux. Cette activité de livraison avait par essence un caractère très saisonnier. Savez-vous ce qu’il advenait de ces chevaux à l’arrivée des premiers froids ?

Eh bien, le plus souvent on les conservait à l’écurie où l’on continuait de leur apporter leur ration de foin régulière. Il ne venait à l’idée de personne de les envoyer à l’équarrissage ou de les chasser de cette écurie, pour s’en remettre alors à quelque providence équine pour leur donner un nouveau maître qui leur assurerait gîte et mangeoire. On appréciait de pouvoir, dès la saison prochaine, employer à nouveau leur force musculaire et aussi leur connaissance des tournées à accomplir grâce à laquelle les livreurs pouvaient se concentrer sur leurs listes de commandes.

Ils étaient ainsi mieux traités que leurs correspondants d’aujourd’hui, communément dissimulés sous l’oxymore « ressources humaines ». L’eau, le pétrole, voilà des ressources. Les a-t-on déjà vues se suicider ? Par contre, on a pu voir ce qui se passait lorsque l’on ne considérait plus les hommes que comme des ressources. On remarque également que des patrons ne leur proposent que des contrats à durée déterminée, sans se soucier de la façon dont leurs employés temporaires pourraient traverser les phases d’inter-contrats. Ils les traitent ainsi moins bien que certains de leurs prédécesseurs n’usaient à propos de bêtes.

Beaucoup de ces entrepreneurs ne connaissent guère qu’une façon d’améliorer leur rentabilité, réduire les dépenses c’est-à-dire, le plus souvent, diminuer la masse salariale. Il ne leur apparaît alors pas toujours nécessaire d’accompagner le chômage partiel ou la fonte des effectifs du personnel d’exécution de mesures proportionnelles dans le management et en particulier parmi ceux qui, sans état d’âme, manient la grande faux, ceux des DRH.

Ce doit être ça, le progrès.