Une mondialisation plus ancienne qu’on ne le croit
Normand Charest – chronique Valeurs de société, dossier Francophonie
On fêtait en 2012 le centenaire de la Commission de toponymie, qui publie à cette occasion, en collaboration avec l’Office québécois de la langue française, un livre intitulé Parlers et paysages du Québec – Randonnée à travers les mots d’ici, qui souligne la variété du vocabulaire populaire et des noms de lieux du Québec.
On peut déjà ressortir de beaux termes seulement en consultant la table des matières : aulnière, brûlé, bûché, herbé, mitan, ravage, renversis ; baissière, maringouinière, mocauque, plé, vasière ; dégelis, frimassé, rigolet ; barachois, caye, échouerie, marigot ; buttereau, cabourne, morne ; coulée, déboulis, rochière…
Métissage culturel : des noms venus d’ailleurs
Certains de ces termes ont circulé entre les colonies françaises, au 17e siècle, apportés d’un lieu à l’autre par les marins. Ainsi, les termes boucane, coulée, îlet, maringouin, morne, quatre-chemins ne viennent pas de la Nouvelle-France, mais plutôt des Antilles, de l’Amérique du Sud, de La Réunion, etc., et ils étaient souvent empruntés aux langues indigènes. Ainsi, le mot maringouin vient de mbarigui, de la langue tupi-guarani d’Amérique du Sud. Comme quoi le métissage culturel ne date pas d’aujourd’hui !
Au Québec, on peut retrouver certains de ces termes dans les noms de lieux Ruisseau de la Boucane, Montagne de la Coulée, L’Islet-sur-Mer, Montée des Quatre-Chemins, par exemple. Les noms de lieux suivants, par contre, ont une saveur typiquement locale : Lac de la Menterie, Lac Magané, Rivière-Qui-Mène-du-Train, sans parler du Lac aux Cinquante-Six-Roches.