Samedi en Province, le 27 à Paris: égalité des droits maintenant !

Publié le 18 janvier 2013 par Lecridupeuple @cridupeuple

 Par Benoît

Dimanche 27, dans la rue, nous serons là. Qu’il neige, qu’il vente, nous serons là. Homos, bi, hétéros, nous serons là. Parce que nous sommes de gauche. Demain, samedi 19, en province, nous y serons déjà. Comme nous y étions le 16 décembre.

Pour beaucoup, ce mot n’a plus de sens. C’est un label que se donnent certains partis politiques pour se différencier des autres, ceux qui se disent de droite. Mais ça n’est rien d’autre qu’un argument électoral dont on espère qu’il déclenchera un réflexe pavlovien suffisant pour que l’électeur, cet imbécile, aille jusqu’à glisser le bon bulletin dans l’urne. C’est une allusion à certaines théories formulées par des barbus illuminés, ou par des institutrices inconscientes, dépassées depuis bien longtemps. C’est une référence aux passé, à certains épisodes historiques qui relèvent aujourd’hui plus de la mythologie que d’une réalité politique. Qu’est-ce d’ailleurs que la réalité politique ? La politique n’a plus court, nous sommes au 21e siècle, celui du pragmatisme, du réalisme. Aujourd’hui il n’y a plus que l’économie, celle que nous sommes bien incapables d’appréhender, nous simples mortels. Alors tout ce qu’il nous reste à faire c’est suivre la marche du monde, nous adapter, nous y plier.

Mais non. Nous sommes de gauche et nous n’en démordrons pas. Pas parce que nous sommes des idéologues furieux. Ou parce que nous idolâtrons un quelconque leader, des maîtres à penser. Non, nous sommes de gauche et c’est viscéral. Ca ne nous empêche pas de penser pour autant, n’en déplaise à tous ces charlatans qui ne rêvent que d’une chose, qu’on leur abandonne définitivement toute velléité de réflexion pour accepter de nous laisser guider en tout par leurs oracles.

Viscéralement parce que nous sommes guidés par une haine farouche de l’injustice. Mais cette injustice, avant de la nommer, nous l’analysons, nous la mettons en perspective. Et ça n’est qu’une fois que nous sommes certains d’être face à une injustice que nous nous permettons de l’exécrer, et de la combattre. Je vous explique ? Chaque année, une grande partie de mon salaire m’est réclamé par l’État. Pourtant j’ai travaillé pour gagner ce salaire. C’est injuste. Sauf que… sauf que si j’y réfléchis quelques instants je réalise que cette argent que je reverse à l’État a servi à payer mes études, me permettra d’avoir accès à des soins que je ne pourrais pas m’offrir seul, me garantira un revenu pendant un certain temps si je perds mon emploi… Et je réalise assez vite que ça n’a rien de foncièrement injuste. Ce qui l’est, c’est la répartition de cet impôt : il est beaucoup plus « douloureux » pour moi que pour Gérard ou Liliane à qui il restera encore des millions. Et que dire de celle qui ne pourra même pas se permettre d’allumer son radiateur toute la nuit, parce qu’il faut bien garder quelques euros pour que les enfants aient des pâtes demain, tandis que moi, je me plains parce que le bordeaux est trop jeune. La voici l’injustice. La vraie. Celle qui mérite notre haine et notre combat.

C’est contre celle-ci que nous nous mobilisons. Celle que vivent aujourd’hui les salariés de Virgin, en voie d’être sacrifiés pour la seule raison que ceux qui détiennent leur entreprise ne sont motivés que par la maximisation de leur profit immédiat. Celle que vivent ces femmes, mises au placard, humiliées, pour la simple raison qu’elles auraient « trahi » leur employeur. Celles de ces femmes, encore, que l’on force, à avoir des relations sexuelles, parce qu’on en a le pouvoir. Celle que vivent ces femmes, hommes et enfants condamnés à s’entasser dans des hôtels insalubres, à travailler comme des forçats dans le seul espoir de survivre, en espérant que l’on ne les jette pas dans l’une de ces prisons qui ne dit pas son nom, pour la seule raison qu’ils ne sont pas nés à la bonne latitude.

Pour tous ceux là, et bien d’autres encore, nous voulons pouvoir répondre présents. Pas tous à chaque fois, bien sûr. Elles sont si nombreuses, ces raisons de se battre. Mais nous sommes nombreux. Pas assez, c’est certain. Mais nous avons des raisons d’être motivés. Et la réalité nous apporte chaque jour son lot de motivation. De raisons de désespérer aussi. Mais nous voulons y croire, sinon à quoi bon ?

Alors toi qui es sorti dans la rue, sans doute pour la première fois, pour exiger que certains et d’entre-nous ne deviennent pas égaux en droits, pose-toi la question. Que réclames-tu ? Des droits pour ces enfants théoriques qui naîtront dans ces familles que tu fantasmes ? Mais les enfants ils existent déjà, et des droits ils en ont besoin, c’est certain. Le droit à ce que les personnes qui les élèvent et les aiment, et qu’ils aiment, puissent légalement se comporter comme tels. Le droit d’être adoptés et élevés par une ou deux personnes qui les aimeront, même si la vie ne l’avait pas prévu pour eux au départ. L’injustice que tu dénonces, parfois avec une conviction réelle, n’est pas une réalité. Elle n’est qu’un fantasme. Celui qui t’empêche de voir l’injustice réelle.

Alors oui, tu as peut être des amis homosexuels, mais ce que tu demandes, c’est qu’on ne les traite pas comme tes égaux. Au restaurant, dans un bar, peut-être, mais pas quand il s’agit de choses vraiment sérieuses. Pas au regard des institutions de la République ou d’un projet de vie. Tu cries, peut-être sans en avoir pleinement conscience, qu’ils sont un danger pour l’avenir de l’Humanité. Pas en eux-mêmes, non, bien sûr. Tu n’es pas homophobe. Mais s’ils souhaitent se marier ou avoir des enfants. Rien d’important finalement, ça n’est pas comme si cela constituait l’essentiel de ton projet de vie à toi. Ce que tu demandes, aussi, c’est un statu quo dont tu sais pourtant qu’il participera du fait que cette adolescente continuera à être stigmatisée parce que sa sexualité ne correspond pas à celle de la majorité des autres jeunes de son âge. Le maintien de cette réalité dans laquelle un couple d’adultes comme toi, n’osera souvent même pas se tenir la main en publique de peur d’être insulté ou même tabassé.

Alors la prochaine fois que tu te sentiras stigmatisé par certains propos que nous tenons. Que tu réclameras du respect pour tes opinions. Pense à cette réalité et demande-toi qui est stigmatisé, qui n’est pas respecté, qui est humilié.

C’est cette réalité que tu occultes, et c’est celle que nous combattons. Il est encore temps de t’en apercevoir. Cela dit, nous te l’avons souvent demandé : regarde ailleurs, autour de toi, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique, aux Etats-Unis… Y retrouves-tu ces horreurs dont tu veux nous protéger ? Et tous ces enfants élevés par deux parents de même sexe ou par des célibataires, ici même… Ils ont l’air d’aller beaucoup plus mal que les autres ? Sérieusement ?

Le 27 nous serons dans la rue parce que nous n’avons pas le choix. Parce que nous sommes de gauche et que cette injustice et réelle. Parce qu’elle nous est insupportable.

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Bonus vidéo : The Communards « So Cold The Night »