Semaine Tarantino – Django Unchained : l’homme qui tua l’esclavage !

Publié le 18 janvier 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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Écrit et réalisé par Quentin Tarantino
Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson, …
2h45

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RESUME

1858. Django est un esclave acheté par un chasseur de primes nommé Dr. King Schultz pour retrouver trois frères sur lesquels il possède un contrat. Leur duo fonctionnant plutôt bien, Schultz propose un marché à Django : ils vont faire équipe ensemble durant tout l’hiver, et une fois la fonte des neiges arrivée, ils partiront ensemble vers le Mississippi pour tenter de récupérer la femme de Django, Broomhilda, des mains du terrible Calvin J. Candie. Django accepte  et jouit d’un merveilleux apprentissage auprès de cet ancien dentiste reconverti…

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AVIS

Un nouveau film de Quentin Tarantino constitue toujours un évènement en soi. Celui-ci ne déroge bien évidemment pas à la règle, et puisqu’il s’agit de surcroit d’un néo western spaghetti, l’attente s’avère finalement double.
Il faut dire que tout au long de sa carrière, QT n’a cessé de jouer avec les règles et avec les genres cinématographiques.
Après s’être confronté au film noir (Reservoir Dogs), au thriller choral (Pulp Fiction), à la Blaxploitation (Jackie Brown), aux films d’arts martiaux (Kill Bill), au slasher (Boulevard de la mort) et au film de guerre (Inglorious Basterds), il ose enfin se mesurer au genre qui l’a, sans nul doute, le plus marqué : le western.
Mais s’il déclare vouer un culte au classique d’Howard Hawks, Rio Bravo, c’est pourtant bel et bien du côté du western spaghettis et des deux plus grands Sergio du 7ème art (Leone et Corbucci) qu’il lorgne pour ce nouveau long-métrage.

Dès les premières images, le constat est d’ailleurs évident : Tarantino a du bouffer des centaines d’heures de western italien made in 70’s, et il maîtrise son sujet à la perfection (les références à Django, au Grand Silence, à la trilogie de l’homme sans nom, et même aux western-fayot avec en note finale la musique de On l’appelle Trinita !).
Quelqu’un se rappelle la dernière fois que les paysages montagneux américains ont été aussi bien filmés ?
Car s’il s’inspire grandement de ses maîtres italiens, Tarantino n’en oublie pas pourtant les légendes étatsuniennes et nombre de ses plans larges évoquent (sûrement plus inconsciemment qu’autre chose) les spécialistes du genre que furent Ford, Mann et même Hawks.

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On en arrive d’ailleurs toujours inévitablement à cette constatation lorsque l’on parle de Tarantino : il sait mieux que quiconque entremêler les genres, les styles, et parvient en les modernisant à leur donner un véritable coup de jeune et une aura nouvelle. Pourtant, même si il mêle encore une fois ici une multitude de références, Django Unchained est sûrement son film qui « choquera » le moins par son abondance de clins d’œil.
Nul besoin d’aller chercher très loin la raison de ce sentiment, elle est très simple : depuis toujours, Tarantino tourne autour du western (et plus particulièrement du western spaghetti), et il est donc tout à fait logique qu’en abordant ce genre de front, il use nettement moins de références à des genres externes.

Outre le fait qu’il s’amuse à manier les genres cinématographiques, Tarantino prend désormais, depuis Inglorious Basterds, un malin plaisir à se réapproprier l’Histoire avec un grand H, et à la faire sauter (au propre comme au figuré) de la même manière que les films, pour mieux les repenser, pour mieux la réécrire.
Après s’être attaqué au nazisme et à la seconde guerre mondiale dans son précédent opus, il défie ici un autre sujet au moins tout aussi tabou : l’esclavage.
Mais plus que d’esclavage, c’est avant tout de d’asservissement et de lutte pour la liberté et l’émancipation que traite le film. On a souvent reproché au metteur en scène le fait qu’il ne se concentre que sur des sujets de mise en scène et qu’il délaisse presque totalement les sujets autres que filmiques ou culturels. Tarantino représente le réalisateur « méta-cinéma » par excellence, c’est ce qui fait son talent, mais également sa faiblesse.

Cependant, depuis ce virage opéré, le réalisateur/scénariste semble avoir considérablement mûri.
Si ses deux derniers films sont toujours aussi ultra-violents physiquement et verbalement (sus à la polémique lancée par Spike Lee soit dit en passant : qu’il refasse un bon film, et on en reparle ensuite !), aussi portés sur l’hémoglobine et empreints à une obsession du « culte à tout prix », ils se démarquent essentiellement des précédentes œuvres du réalisateur par leurs aspects beaucoup plus réfléchis, moins instinctifs.
Bien sûr il n’y a peut-être plus la fougue et l’audace qu’on retrouvait dans Pulp Fiction ou dans Reservoir Dogs, mais son discours s’étend et son style perdure donc c’est peut-être un mal pour un bien.

Peut-être est-ce un hasard, mais on peut également voir en ce Django Unchained un film sur la quête de la maturité autant que sur la quête de l’émancipation.
On peut effectivement se poser la question : Django aurait-il agi ainsi s’il n’avait pas côtoyé longuement le Dr. Schultz et son art de la mise en scène ?
La réponse est oui, sûrement, car le désir obsessionnel de Django parait plus fort que tout, mais Schultz s’avère malgré tout un maître particulièrement efficace et persuasif.
L’emploi du mot « maître » dans la phrase précédente n’est d’ailleurs pas un hasard. Django, tout au long du film, est en effet un être qui dépend de quelqu’un ou de quelque chose.
D’abord esclave enchainé sur le point d’être vendu, Django se retrouve ensuite dans une relation maître/élève lorsque le Dr. Schultz (formidable Christoph Waltz) le libère de ses chaînes, puis enfin, il se retrouve prisonnier d’une obsession : retrouver sa femme. Obsession qu’il va pouvoir réaliser grâce à Schultz dont il dépend pleinement durant tout le film.
Certes ces trois dépendances n’ont rien en commun, mais elles démontrent bien le sort de ces esclaves sur ces terres hostiles : comment reconquérir sa liberté lorsque l’on est dépendant de tout, qu’on ne connait pas le pays et qu’on n’est plus les bienvenus sur cette terre ?

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Mais même si ces thèmes sont plus profonds que dans les autres films du réalisateur de Kill Bill, il ne faut cependant pas oublier que nous sommes avant tout ici dans un film d’action, et que même si Tarantino s’est quelque peu assagi, il n’en demeure pas moins l’un des plus grands enfants terribles du cinéma outre-Atlantique.
Django Unchained demeure donc avant tout un déluge d’action, de gunfights (typique du western) et d’effets jouissifs en tous genres.
On y retrouve tout ce qui a fait la gloire de Tarantino : des personnages extrêmement bien marqués (DiCaprio, parfait… mais encore snobé par l’Academy), des dialogues éclatants, des scènes chocs, une B.O. explosive (dont Aleks vous parlera sûrement mieux que moi ici) et une mise en scène splendides (ou irritantes, c’est selon les personnes !).

Django Unchained est un grand film de Tarantino. Le réalisateur évolue et c’est toujours de bon augure pour le futur. Il peut maintenant cocher la case « western » dans sa liste de genres.
Et la prochaine étape du coup, ça sera quoi ? Une comédie romantique à la Paul Thomas Anderson, ou bien un film de SF à la Nolan ?
Faisons-lui confiance : il trouvera bien encore de quoi nous épater !

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