Nos ennuis les bêtes : 'Carnivores domestiques' d’Erwan Le Créac’h

Publié le 22 janvier 2013 par Melmont

   Je dois dire que j’ai failli lâcher le roman. Certes, certes, Carnivores Domestiques de Erwann Créac’h avait reçu le prix littéraire 30 millions d’amis, mais le ton employé par l’auteur me déplaisait. Un peu trop cynique sur les hommes, sur les bêtes, sur les relations hommes-bêtes. Certes, certes, il y a beaucoup de choses à dire sur nos liens homme/non-hommes. Mais voilà, je pense que nous sommes liés les uns aux autres, c’est comme ça, que non, un non-humain n’a pas forcément vocation à finir dans notre assiette ni à être un perpétuel étranger. Il est souvent plus facile d’établir une communication avec un chat qu’avec son voisin. Non, nous ne nous sommes pas si différents. Alors le ton de l’auteur, sorte de vétérinaire solitaire à la dérive, le côté très désabusé, cette attitude sous-célinienne ont bien failli me détourner du roman. De plus les quelques illustrations d’OlivSteen sont moches et le point de vue des animaux avant chaque nouvelle les concernant est mal écrit, inutile.

   Mais j’ai décidé de m’accrocher et d’aller jusqu’au bout de ces 18 nouvelles. Et au fur et à mesure l’émotion arrive, poignante. Il faut faire abstraction du ton, se concentrer sur la relation entre humains et bêtes. Sur ce qu’elles révèlent. Par exemple ce père de famille violent qui a pris le chien pour exutoire. Le Juif qui n’admet pas la mort de son pigeon. Le bourgeoise un brin lubrique qui est davantage à faire soigner que sa chienne. C’est très souvent triste, poignant. Et émouvant.

C’est à partir de l’histoire d’Achille, que j’ai continué de lire le roman. Les larmes me sont montées aux yeux. Sur cette vieille dame allemande, riche, seule dans un quartier bourgeois de Paris, qui dit d’Achille, son caniche : c’est la seule personne qui m’ait jamais vraiment aimée. Et qui rajoute d’ailleurs je ne lui survivrais pas.

Et qui meurt trois jours après la mort de son caniche.

C’est un roman sur nos humanités, nos animalités, nos ratages, nos failles, nos fins. A lire.

Carnivores domestiques, Erwann Créac’h, éditions Points.

L.M