Quand l’économie rencontre l’environnement – le cas du véhicule électrique

Publié le 22 janvier 2013 par Imedd @Imeddgroup

En 2010, à l’occasion de sa participation à EVER MONACO, l’IMEDD, l’Institut Méditerranéen d’Etudes et du Développement Durable avait publié une synthèse de l’ensemble des études réalisées dans le domaine des véhicules électriques en France (voir notre publication sur You Tube). La même année, une étude réalisée par l’IFOP pour LEGRAND révélait que près de la moitié des français estimait que le véhicule électrique serait une réalité dans les années à venir.
A l’aube de l’année 2013, où en est-on ? Quelle est la perception des utilisateurs ? Quel est l’équipement en France ?

PLANETE-VERTE-MOBILITE, plate-forme d’expertise et d’intelligence économique en réseau sur l’élaboration du marché du véhicule électrique a publié début 2013 les résultats d’une étude, sur la perception du véhicule électrique par les utilisateurs.

L’IMEDD analyse les résultats de cette étude pour apporter des éléments d’informations sur le marché des véhicules électriques.

1 – Abordons le cadre méthodologique de l’étude.

Début 2013, le nombre d’utilisateurs de véhicules électriques est de 10 000 personnes en France. Cette étude a interrogé 2,5% des utilisateurs (soit 250 personnes), apportant ainsi une fiabilité des résultats compte tenu de la taille initiale des utilisateurs.

2 – Abordons maintenant les principaux enseignements de cette étude.

Les raisons d’achat d’un véhicule électrique

Les français ayant acheté une véhicule électrique l’ont fait pour plusieurs raisons. Le premier critère reste la conviction écologique (72% des citations) où le véhicule électrique représente un moyen de transport peu polluant en comparaison des véhicules thermiques. Le second critière est matérialisé par l’avantage économique (65% des citations). Pour les utilisateurs, le véhicule électrique permet de dégager des économies (liées au non achat d’essence). Le troisième critère, dans une moindre mesure par rapport aux précédents, réside dans le confort de conduite apporté par le véhicule électrique en comparaison des véhicules thermiques (52% des utilisateurs le déclarent agréable).

Sur un marché, situé en phase de lancement, impliquant des profils d’utilisateurs fortement sensibilisés à l’innovation, à la technologie, à l’environnement, etc…, les deux principaux critères d’achats résident dans la capacité du véhicule électrique à répondre à un objectif de diminution des pollutions, et dans sa capacité à permettre aux utilisateurs de dégager des économies substantielles sur leurs consommations

Cette information révèle la ligne directrice pour les constructeurs de véhicules électriques, qui bénéficient de la confiance de plus de deux-tiers des français (Etude TNSofrès 2010).

Que remplace le véhicule électrique ?

L’enquête réalisée par PLANETE-VERTE-MOBILITE révèle que 81% des utilisateurs interrogés ont remplacé leur véhicule thermique par un véhicule électrique. Celui-ci devient une alternative forte au véhicule thermique.
Cependant, on constate aussi, qu’il existe un transfert vers le véhicule électrique, par des personnes qui ont déjà une mobilité douce.
Ainsi, 26% des utilisateurs qui prenaient les transports en commun, utilisent désormais un véhicule électrique pour leurs déplacements du quotidien.
La même tendance est visible dans une moindre mesure : 8% des déplacements en vélo, 7% des déplacements à pied, et 4% des trajets en scooters se sont transférés sur le véhicule électrique.
Si le véhicule électrique présente de nombreux avantages, notamment en termes de diminution des émissions de gaz à effet de serre, et en termes d’économies réalisées par les consommations et l’entretien, et bien qu’il puisse être considéré comme une véritable alternative au véhicule thermique pour 81% des utilisateurs interrogés, il en reste néanmoins vrai, dans une moinde mesure, que son caractère attractif "déporte" des déplacements totalement doux (marche à pied, vélos).

Les aspects d’utilisation du véhicule électrique au quotidien

Dans la synthèse réalisée par l’IMEDD en 2010, sur la base d’une étude réalisée par LH2 et Métro, il était ressorti que 61% des français parcouraient moins de 50 km/jour. Ils se prononçaient pour une vitesse maximale de 132 km/h pour un véhicule électrique, et pour une autonomie de 232 km. Qu’en est-il trois ans après, du point de vue de la perception des utilisateurs de véhicules électriques ?

L’enquête réalisée par PLANETE-VERTE-MOBILITE révèle que les déplacements réalisés par les détenteurs de véhicules électriques sont de l’ordre de 29 km/jour. La fréquence moyenne de recharge est de deux jours, l’autonomie déclarée avant recharge nécessaire est de 71 km en moyenne. La fréquence de recharge d’un véhicule électrique est plus importante que pour un véhicule thermique. En revanche, les utilisateurs ne semblent pas percevoir cette fréquence comme une contrainte.
En termes d’utilisation, 70% des personnes interrogées déclarent effectuer moins de kilomètres avec leur véhicule thermique depuis l’acquisition de leur véhicule électrique.

L’étude de PLANETE-VERTE-MOBILITE souligne aussi les aspects économiques liés à l’usage et à l’entretien d’un véhicule électrique. En effet, 86% des utilisateurs déclarent une fréquence inférieure en termes d’entretien (pneus, freins,…), et 86% déclarent que les coûts d’entretien de leur véhicule ont baissé.
Si l’aspect économique du véhicule électrique est régulièrement valorisé pour ses consommations faibles en énergie (environ 2 euros aux 100 km parcourus), il est à noter que l’entretien est aussi une opportunité d’optimisation économique pour les utilisateurs. En effet, de nombreux postes d’entretiens disparaissent avec le véhicule électrique (voir notre article sur les Ladies in Mobility).
Toutefois, d’autres variables pourraient aussi contribuer à la diminution des coûts d’entretien, comme le type de conduite plus douce avec un véhicule électrique, pouvant par exemple amener à une meilleure résistance des pneus, ou encore les efforts entrepris par les équipementiers en termes de durabilité de leurs équipements amenant à des rotations moins fréquentes.

En termes d’habitudes et de pratiques de déplacements, l’enquête souligne les points suivants. Le véhicule électrique est devenu plus souvent le moyen de transport pour les trajets école/travail selon 54% des répondants, il remplace aussi plus souvent le moyen de transport du week end pour 54% des utilisateurs et 44% d’entre eux privilégient désormais le véhicule électrique pour les promenades.
Enfin, pour les vacances été, hiver, etc…, 11% des utilisateurs déclarent avoir utilisé leur véhicule électrique, ce qui est logique si l’on rapporte les distances parcourues pour les vacances à l’autonomie du véhicule électrique. Toutefois, ce chiffre est encourageant, signifiant, que dès qu’ils le peuvent au regard de la distance à parcourir, les utilisateurs privilégient le véhicule électrique.

Sur la base de ces résultats, le véhicule électrique est déclaré comme adapté par ses utilisateurs, pour les trajets courts : école, travail, courses, promenades. Pour les trajets plus longs, l’usage se développera avec l’augmentation de l’autonomie.
L’enquête de PLANETE-VERTE-MOBILITE soulève aussi cette question des trajets plus longs, où le véhicule électrique ne peut pas être utilisé. Dans ce cas, le report se fait majoritairement sur le véhicule thermique (71%), sur le train (50%), sur l’avion (25%), sur les transports en commun (18%), et sur le covoiturage (10%).

PLANETE-VERTE-MOBILITE a abordé la question du véhicule électrique face au type de conduite pratiqué par ses utilisateurs. Trois points ressortent de l’étude, le freinage au pied est moins utilisé au profit du frein moteur, permettant une conduite plus coulée (77% des répondants), ce qui corrobore le second point à savoir que l’éco-conduite est le style de conduite des utilisateurs de véhicules électriques (75%), amenant ainsi à une diminution de l’agressivité au volant pour 65% des utilisateurs. La mobilité électrique permet une conduite plus coulée et moins stressante. Là, où le véhicule thermique promeut la vitesse, la réactivité, le véhicule électrique se conduit dans le calme et la douceur. D’ailleurs, pour 54% des utilisateurs, le véhicule électrique a vocation d’être partagé, en famille, avec les amis, etc…

Concluons sur les résultats de cette étude

En 2010, les sondages, au travers des opinions des français, annonçaient la mobilité électrique dans les années à venir…
En 2013, le véhicule électrique est devenu une réalité pour 10 000 français, qui l’ont élu pour ses caractères environnementaux et économiques. Dans les usages au quotidien, les utilisateurs semblent satisfaits. Le véhicule répond à leurs exigences en termes de diminution de leurs consommations, les factures d’entretien baissent. Le gain économique est constaté.

Pour les utilisateurs, la mobilité électrique est coulée et calme. Elle correspond aux déplacements de la vie de tous les jours. Elle nécessite toutefois un ravitaillement électrique plus fréquent que sur un véhicule thermique, mais les utilisateurs ne semblent pas le percevoir comme un contrainte, car avant tout, leurs raisons d’achats sont la conviction environnementale et le gain économique à l’usage. Comme tout un chacun le sait, préserver l’environnement et réaliser des économies nécessitent des mutations comportementales, pouvant être perçues au premier abord comme une contrainte, puis, une fois la conscience établie, de nouveaux comportements peuvent s’installer, et c’est ainsi que l’on fait naître de nouveaux modes de vie, comme la mobilité électrique.

Lire la synthèse de l’étude réalisée par PLANETE-VERTE-MOBILITE : cliquez ici
Plus d’informations sur PLANETE-VERTE-MOBILITE

Article rédigé par Virginie Lelarge, Fondatrice de l’IMEDD, Directrice d’Etudes et de Sondages


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