Quand Hamlet se rebelle contre le grand William...

Publié le 24 janvier 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Savoureuse proposition que celle de Charlotte Rondelez, codirectrice du Poche-Montparnasse, mettant en scène le personnage shakespearien tentant d'échapper à la destinée qu'on lui connait en voulant contraindre son dramaturge de père à revoir sa copie... Un spectacle espiègle, gourmand, ludique, plein d'esprit, référencé, à la manière du théâtre de tréteaux. Un aimable divertissement qu'il faudra aussi percevoir comme un encouragement à user sans réserve de notre liberté et refuser d'emprunter des chemins tracés d'avance. Délicieux moment.

Après plus de 400 ans et des centaines de milliers de représentations à vivre le même calvaire, c'en est trop pour Hamlet qui décide donc de fuir Polonius, Gertrude, Horatio, Ophélie et consorts afin de mettre la main sur la cause de son malheur (sacré William...). Au cours de cette quête improbable à travers le temps et la littérature, il croisera Pip, moussaillon échappé de "Moby Dick" (amusant clin d'oeil à Melville qui s'inspira beaucoup de Shakespeare), Alice (du pays des merveilles !), une équipe de cinéma, ou encore Godot, que certains attendent depuis un moment... Mais lorsque soudainement les comédiens, aspirant également à plus de liberté, s'émanciperont de l'auteur (Charlotte Rondelez) pour inventer leur texte, plus personne ne maîtrisera grand-chose...

Au coeur du charmant théâtre en rond qu'est la seconde salle du Poche, cinq artistes donnent vie avec alacrité à ce scenario rocambolesque et régénérant. L'imagination fertile de Charlotte Rondelez, sur le papier comme dans sa direction d'acteurs, pallie aisément un léger manque de précision dans l'interprétation (diction, gestuelle, contour des personnages...) qui devrait prochainement disparaître et soulève l'enthousiasme de chacun, célébrant au passage l'Art Dramatique dans sa forme la plus simple (pas de décor, peu d'accessoires), mais pas la moins plaisante.

Allez-y.

"To be Hamlet or Not", tous les soirs à 20h.

Photo : Alejandro Guerrero