Pour ceux qui vivraient dans une bulle depuis 7 ans, je vais tout de même introduire notre protagoniste !
Le jour, Dexter Morgan (le charismatique et subtil Michael C. Hall) est un expert en médecine légale au MMPD (Miami Metro Police Departement) spécialisé dans l’analyse du sang sur les scènes de crimes. Mais la nuit, il nous confie sa nature de serial killer. A la différence près qu’il suit un code strict initié par son père adoptif : il ne tue que les autres tueurs qui ont échappé au système judiciaire… du moins au début…
Dexter est un être traumatisé et habité par une pulsion meurtrière sans cesse canalisée. Incapable de comprendre ou ressentir la moindre émotion, il navigue entre son masque social (relation avec les collègues, semblant de vie amoureuse) et son coté obscur qu’il appelle son « dark passenger ».
Malgré une esquisse de ce personnage qui ne semble à priori pas très réjouissant, la série parvient à créer une réelle empathie entre le spectateur et notre tueur en série. Dexter a des raisons d’être tel qu’il est et les saisons nous donnent petit à petit des indices sur son passé, son mode de pensée, son rituel et ses démons. En cela, la série passionne car elle propose une analyse profonde et tout à fait judicieuse d’un protagoniste qui détonne des autres. C’est ainsi que, par une voix-off des plus raisonnées, nous accompagnons et comprenons cet intrigant personnage. Cet aspect foncièrement psychologique permet à la série d’avancer, de se renouveler et de s’approfondir. Car Dexter est un homme d’analyse et de réflexion qui ne sait comment concilier sa psyché avec celle des autres. D’un coté, les relations qu’il entretient avec le monde extérieur (notamment sa sœur adoptive et sa petite amie) lui redonnent peu à peu une humanité qu’il s’interdit lui-même. De l’autre, une série de Némésis et d’êtres construits sur une obscurité à priori « similaire » l’enchainent toujours à son passager noir.
Les scénaristes ont compris que la force de leur show reposait sur deux notions : le « point de vue » (notamment via l’usage de cette voix-off) et le maniement du suspens. Car, oui, Dexter n’est pas seulement une consultation passionnante chez le psy mais aussi une série haletante. Chaque saison introduit son lot de mystère et d’intrigue, parfaitement distillée. Mais, pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur et potentiel spectateur, aucune information concrète ne sera révélée.
Bon, tout le monde l’aura compris, le personnage et son histoire sont les points forts mais quid du reste ?
- La photographie et en particulier la lumière merveilleusement traitée. L’image retranscrit aussi bien chaleur caniculaire et humide de Miami par ce filtre légèrement surexposé et grillé que l’obscurité inquiétante et pesante de la nuit. Le cadrage est quant à lui cohérent et maitrisé, participant à une mise en scène jouissive et immersive.
- Une bande son très subtile signée Daniel Licht qui a également composé la musique de deux Silent Hill (le jeu vidéo pas l’adaptation cinématographique). Nous passons de mélodies hispaniques sur une guitare classique à des compositions orchestrales soulignées par une langueur aussi aiguisée qu’un couteau.
Prenez donc tous ces éléments – et bien d’autres –, mixez-les, et obtenez un chef d’oeuvre frisant la perfection. Originale, prenante et superbement réalisée, Dexter est l’une des meilleures séries de cette dernière décennie et, en aucun cas, il ne serait judicieux de passer son chemin**.
Pour être complètement persuadé que vous devez sauter le pas, offrez-vous le visionnage du générique réalisé par l’agence Digital Kitchen. Une minute trente-sept qui parviennent à exprimer toute la nature de Dexter sur une musique des plus originales.
Débutée en 2006 il y a déjà 7 saisons – 73 épisodes.
Série de genre dramatique (policier, thriller psychologique, suspense, humour noir) créée par James Manos Jr., produite par John Goldwyn (Showtime, avec Michael C. Hall, Julie Benz et Jennifer Carpenter.
* A ce jour, 6 tomes sont sortis : Darkly dreaming Dexter, Dearly devoted Dexter, Dexter in the dark, Dexter by Design, Dexter is Delicious et Double Dexter. Même si, dès la deuxième saison, la série quitte la trame des romans, Jeff Lindsay participe à l’écriture de plusieurs épisodes.
** A sa quatrième saison, la série a battu des records historiques sur la chaine Showtime, loin devant The L Word ou Californication, deux monstres de Showtime et HBO. Aussi, en 2010, la série Dexter a remporté deux Golden Globes dont Meilleur acteur dans une série télévisée dramatique pour Michael C. Hall.
Diana. Le Contacter la rédaction. Commenter .