Journalisme #BD : Du rififi à Angoulême

Par Manuel Picaud

Didier Pasamonik
© Manuel F. Picaud

Angoulême se mériterait-il ? La société 9eArt+, la société qui gère le Festival International de la Bande Dessinée à Angoulême aurait refusé d'accréditer Didier Pasamonik pour sa 40e édition. Chroniqueur à Zoo, éditeur adjoint d'ActuaBD.com, qu'il a rejoint en 2003, il officie pourtant très largement et depuis des années dans le monde du neuvième art. Mais son ton libre et souvent polémique peut indisposer. Quelle limite aurait-il pu franchir ?

Franck Bondoux © Manuel F. Picaud

La direction d'Angoulême n'a pas démenti, ni souhaité épiloguer. Dans un entretien pour Livres Hebdo, le délégué général du Festival, Franck Bondoux s'est contenté d'expliquer que « nous accréditons qui nous voulons » et a refusé tout « commentaire ... sur ce qu’exprime Didier Pasamonik ». Il est vrai que la manifestation ne lui est pas interdite, mais il ne bénéficie, à cette heure, toujours pas du sésame de presse. Le principal intéressé a donc attiré l'attention de la profession dont la réaction ne s'est pas faite attendre, notamment de la part de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD). Franchement, on n'a pas mieux pour parler du mondial du neuvième art ?

Didier Pasamonik © Manuel F. Picaud

Après plusieurs semaines d'incompréhensions et de dialogues de sourd, Didier Pasamonik, excédé, a porté sur la place publique sa non accréditation au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, par voie de communiqué et d'un compte facebbok. Déjà lors de la conférence de presse de lancement à la Bibliothèque Nationale de France en fin 2012, il lui aurait été dit qu' «  il n’était pas désiré ». Il estime qu'il a été "blacklisté" en raison de ses publications, de « quelques-uns des rares articles de presse qui se montrent un peu critiques par rapport au Festival. »
L'ACBD dont il ne fait d'ailleurs pas partie et qui ne le désigne pas expressément a donc « déploré que certains collaborateurs de supports d'information, dont le suivi de l'univers de la bande dessinée est patent et reconnu, se voient refuser l'accréditation obligatoire pour travailler dans de bonnes conditions à Angoulême pendant le festival. Il est tout aussi regrettable que ces mêmes professionnels ne reçoivent pas les communiqués, invitations et autres informations ordinairement délivrés par le service de presse du FIBD. » Et d'appeler les organisateurs « à assurer la transparence et l'équité dans la délivrance des informations le concernant. Cette transparence et cette équité sont au cœur de la liberté de la presse. »
Il reste à espérer que le petit monde de la bande dessinée saura retrouver son calme et offrir à tous les professionnels, y compris ses détracteurs potentiels, les conditions de la meilleure couverture possible de l'événement. La liberté est une condition essentielle de l'exercice du journalisme. Elle mérite toujours et encore d'être défendue. Et le secteur de la bande dessinée a plus que jamais besoin d'être accompagné par les médias.