Israël: La contraception longue durée contre les Ethiopiennes

Publié le 30 janvier 2013 par Eldon

Selon le journal Haaretz, le ministère israélien de la Santé a demandé à tous les gynécologues et aux organisations de santé du pays de ne plus administrer un contraceptif longue durée, le Depo-Provera, aux immigrantes éthiopiennes  sans leur consentement. «Le ministère et d’autres organismes d’État avaient précédemment nié avoir eu connaissance  de ses pratiques, qui ont par ailleurs été signalées pour la première fois il y a cinq ans», précise le site du quotidien Haaretz.

De la contraception longue durée pour un public ciblé, à la limite de la stérilisation forcée. Ce n’est ni plus ni moins que de l’eugénisme.

En décembre 2012, le quotidien Haaretz ainsi qu’un reportage télé d’une journaliste, avaient relevé ce scandale, nié jusqu’ici par les autorités médicales dont la demande faite aujourd’hui auprès des spécialistes sonne pourtant comme un aveu.

Selon le quotidien, les femmes qui ont immigré d’Ethiopie il y a huit ans disent qu’ils ont été informés qu’elles n’auraient pas été autorisées à entrer en Israël sauf si elles acceptaient de subir le traitement par le Depo-Provera. Cela « pourrait contribuer à expliquer la baisse de près de 50 pour cent du taux de natalité de la communauté éthiopienne d’Israël au cours de la dernière décennie ».

« Cette injection n’est pas un moyen contraceptif couramment prescrit. Il est considéré comme un recours de dernière intention et il est habituellement réservé aux femmes placées en institution ou souffrant de handicap », expliquait alors le quotidien, soulignant que le Depo-Provera a « une histoire infâme » car il était, par le passé, injecté à des milliers de femmes pauvres, souvent noires, entre 1967 et 1978 aux Etats-Unis, afin de réduire le taux de natalité des populations pauvres, victimes par-dessus tout de la ségrégation.

« Les injections infligées aux femmes éthiopiennes font partie de l’attitude globale des israéliens à l’égard de ce groupe d’immigrants » qui font face à une « politique répressive, raciste et paternaliste (…) supposée respecter au mieux l’intérêt des immigrants, qui ne savent pas ce qui est le mieux pour eux. » « Au soi-disant motif qu’ils ont besoin d’être préparés à un pays moderne, ils subissent des lavages de cerveau et sont formés pour rester dépendants des organismes d’intégration » ( Saphir News)

Suite à cette enquête, L’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI) avait demandé des explications au ministère de la Santé, qui a donc répondu par cette lettre aux gynécologues.

Entre temps, plusieurs milliers d’Israéliens, essentiellement d’origine éthiopienne, ont manifesté le 18 janvier à Jérusalem pour dénoncer le racisme et les discriminations dont ils se disent victimes. Depuis trois décennies, l’Etat hébreu a organisé de grandes vagues d’immigration des juifs éthiopiens, -les Falashas-, mais leur intégration reste difficile. (RFI)

Reste à attendre des sanctions pénales et des renvois, fussent-ils déguisés en « dignes » démissions. Mais ne rêvons pas trop.

Israël, comme les autres démocraties d’ailleurs,  vire au doux fascisme, lentement mais sûrement, nous l’avons déjà écrit, en particulier à propos du traitement fait aux Palestiniens, et il est temps que les Israéliens démocrates et laïcs reprennent la main rapidement. Si l’alliance électorale de Benyamin Nétanyahou avec la formation ultranationaliste Israel Beitenou lui a coûté des sièges, il n’empêche que tout reste à faire dans ce sens.

Sources: L’Express – Slate Afrique