Max, de Stéphanie Murat

Par Celine_diane


Le deuxième long métrage de Stéphanie Murat, fille du metteur en scène Bernard Murat, s’est lancé un challenge de taille : déconstruire le cliché. La démarche, forcément, intrigue. Tout commence avec une histoire qui sent bon le cliché (donc), celle d’un voyou grande gueule (mais au grand cœur) qui rencontre une prostituée grande gueule (mais au grand cœur). Jusque là, rien de bien intéressant si ce n’est ce choix de casting (d)étonnant : ce seront justement les deux comédiens du moment les plus prisonniers des clichés qu’ils véhiculent (lui, Joey Starr le rappeur rebelle ; elle, Mathilde Seigner, la sale gosse du cinéma français) qui incarneront le couple à l’écran. L’entreprise est séduisante : dynamiter l’image habituelle du prince charmant et de la princesse amoureuse via ces figures d’écorchés vifs, qui ne désirent rien d’autre qu’arracher les étiquettes qu’on leur a collé. Au final, Max, ressemble à un Pretty woman à la française, version années 2000, où la cinéaste, habitée par le désir omniprésent de tordre le cou aux codes des genres utilisés, laisse la galère sociale et la crise s’infiltrer dans le conte de Noël promis, et les fantômes du passé (ici, le deuil d’une mère) dans la promesse d’une comédie romantique simple. Le résultat à l’écran est mitigé. 
Déjà, parce que l’alchimie entre les deux acteurs ne prend pas. Que se passe-t-il quand un vilain petit canard rencontre un autre vilain petit canard ? Rien. Les corps et les gueules de Joey Starr et Mathilde Seigner semblent fasciner la cinéaste (gros plans sur ses mains à lui, ses yeux à elle) mais leur étreinte à l’image ne fonctionne pas. Comme s’ils étaient, in fine, piégés derrière des vitres, exposés là aux regards, figés comme des posters, dans l’impossibilité même de se toucher du doigt. Jamais, ils ne dépassent alors leurs images publiques. Voilà peut-être le plus grand échec du film. A l’instar des personnages qu’ils incarnent d’ailleurs. On sent l’effort de Murat : elle veut déshabiller ses anti héros des clichés. Elle ne fait que les enfermer à l’intérieur. Ainsi, le voyou ne vole que par obligation (il a une fille à nourrir vous comprenez), et la prostituée possède, elle aussi, des instincts maternels et des rêves de princesse. Plus cliché tu meurs. Au milieu d’un scénario qui s’étire péniblement sur 1h20, alors que tout le monde en connaît déjà les enjeux et aboutissants, on trouve une petite fille qui fait du shopping avec une mère de substitution, un Jean-Pierre Marielle sacrifié qui beugle sans raison, une Sylvie Testud sur des talons hauts couleur léopard. Autant dire, pas grand-chose.