La Fashion Week de Milan en 5 tendances et 16 défilés

Publié le 31 janvier 2013 par Modissimo

En retard certes, mais pas d’inquiétude, les silhouettes présentées à Milan il y a quelques jours n’ont pas bougé !

Et pour cause : la fashion week italienne s’est littéralement figée (voire momifiée) dans une atmosphère très sombre et sérieuse.
A tel point que si Les Echos et The Economist ne rabâchaient pas les incroyables résultats financiers des maisons du luxe, on croirait presque que celles-ci cherchent à habiller leurs clients pour leur propre enterrement ! Après ces 4 jours de défilés, on se ainsi retrouve en overdose de noir, de manteaux et de costumes… Mais évitons de nous laisser aller au pessimisme !! Si la Milanaise scande tristement « Back to black » aussi bien que l’a fait Miss Winehouse de son vivant, reconnaissons que la prochaine collection hiver a le mérite d’être une des plus luxueuse que l’on aie vu ces dernières années.
Splendides textures, nobles matières et coupes parfaites nous ramènent au bel âge du tailoring, avec un nombre faramineux de costumes et surtout de manteaux, pièces maitresses et consensuelles de cette fashion week.

Sortez les mouchoirs et surtout, enlevez vos lunettes de soleil : Milan fashion week issue.

C’est (encore) l’histoire de 5 tendances.

Les 5 grandes tendances

On va dire que au delà des Milanais, la majorité des grands designers du monde entier ont fait la part belle au manteau…il y a globalement un vraie cohérence entre les grandes tendances des fashion weeks, ce qui fait que nous retrouveront à Milan des nombreux manteaux longs, ceinturés, du carreaux, du noir (bien sûr) et d’innombrables vestes croisées.

Manteau long et long manteau

Belstaff, Burberry, CK, Costume National, Etro

Un classique de notre vestiaire, qui offre l’avantage de faire une jolie carrure lorsque l’on a la chance d’être plutôt grand.
Un vrai plaisir à porter lorsqu’il est en drap de laine et de cachemire… Il y aura l’embarras du choix l’hiver prochain !

Ode au cuir

Prada, Cavalli, Ferragamo, Bottega Veneta, Zegna

On peut difficilement « faire du Luxe » sans cette incontournable et noble matière.
Parfois détourné (chemises, tshirts, shorts…), le cuir sera utilisé à Milan de manière traditionnelle pour vestes et blousons, sobres et chics.
A noter qu’en hiver, l’utilisation du mouton retourné (fourrure à l’intérieur) est remarquable, bien que l’agneau à l’aspect soyeux reste une véritable star ! Prada et Zegna « oseront » la couleur.

Toujours ceinturé

Belstaff, Armani, Gucci, Ferragamo, Trussardi

Même rengaine des 2 côtés des Alpes. On marque la taille avec une ceinture, effectivement avantageuse pour une silhouette cintrée qui fait ressortir les épaules.
Et c’est en plus très pratique lorsque l’on a la flemme de boutonner le manteau… du gagnant gagnant finalement !

Boutonnage² : les vestes croisées.

Missoni, Bottega Veneta, Dolce & Gabbana, Iceberg, Zegna

Habituellement très présente sur les manteaux, la double rangée de boutons dans l’esprit officier se voit beaucoup plus sur les blazers et les vestes de costumes. Ajustées, ces silhouettes ont beaucoup d’allure, surtout lorsque la matière est aussi belle que chez Zegna !

Carreaux, Tartan & co.

Moschino, Versace, Moncler, Fendi, Gucci

Si Gucci a su la jouer « discret » (avec tout ce que cela implique lorsqu’il s’agit d’un italien), en revanche globalement le carreau se voit ! Moncler et Moschino utilisent ainsi des couleurs vives, lorsque Versace joue plutôt sur l’oversize. De toutes les tailles et de toutes les formes, il y aura forcément le carreau de vos rêves l’hiver prochain.

Les défilés, from B to V.

Belstaff

© Belstaff

Ce n’est que récemment que la ligne homme est réapparue sur les podiums, avec à sa tête Martin Cooper, mais le résultat vaut le détour.

Evidemment le biker est à l’honneur, mais avec un style qui n’a rien à envier aux costumes qui se donnent de grands airs. Plus réaliste que chez Balmain du fait des racines même de la marque, la collection propose de nombreux pantalons de cuir surpiqués aux genoux, des manteaux en tissus techniques ceinturés et des vestes biker en cuir vraiment superbes.
Toutes noires évidemment, ces pièces semblent parfaitement intégrer le côté pratique et résistant des tenues de moto, ce qui est un vrai plus. Pourrait-on se lasser ? Peut être…mais pour le moment, on apprécie de voir du sportwear aussi classe !

Bottega Veneta

© Bottega Veneta

Une fois semble être coutume, Veneta n’est pas en reste face à cette frénésie du noir : manteaux, chemises, pantalons, chaussures, accessoires…
Heureusement, un beige et un jaune moutarde viennent illuminer le défilé, avec une brillance bien agréable. D’excellente qualité, les cuirs viennent apporter ce que l’on trouve chez tous les copains de la Ritalie : le luxe. A part une texture de drapés pour les costumes vraiment splendides, cette collection est quand même plutôt ennuyeuse.
On porterait tout, c’est certain, mais le vestiaire proposé est presque caricatural de l’esprit milanais de cette fashion week : trop sérieux, trop sage

Brioni

© Brioni

Sombre, bien taillé et très luxueux. What else ?

Burberry Prorsum

© Burberry Prorsum

Après avoir bousillé bon nombre de nerfs optiques avec de la soie métallisée et multicolore pour l’été 2013, le label Prorsum donne un magistral coup de frein dans sa course à la fantaisie !
Trenchs, costumes croisés, accessoires affichant le fameux nova check : back to basics pour les britishs.
Belles coupes, belles matières : la collection aurait presque pu passer inaperçue, comme une belle louange à la mode commerciale bien rentable que la marque adule tant. Si tel est le cas, Christopher Bailey n’a cependant pu s’empêcher d’apporter une petite touche de folie avec des « détails » léopards sur les chaussures, et surtout des trenchs en…latex et des petits imprimés « cœur ». Vraiment vilain !
Surtout que cette ligne est la seule de la marque à produire intégralement en Italie, et à se soucier un tant soit peu de la qualité des pièces (on se souvient de la colère de la reine lors de la délocalisation en Asie de nombreuses usines Burberry : libre échange ma bonne dame). Dommage, la saison sera peut être sauvée par quelques chemises Prorsum de seconde ligne, toujours très bien taillées et très agréables à porter.

Dolce & Gabbana

© Dolce & Gabbana

Sicile.
Voilà c’est dit, c’est fait, on serait tenté de passer au suivant. Saison après saison, le duo nous rabâche toujours la même rengaine, les mêmes inspirations et les mêmes mannequins « street castés » dans les rues de la petite île…mais ça va finir par inspirer le respect tout ça.
Car finalement Domenico et Stefano sont dévoués à cette terre qu’ils aiment tant, jouant cette fois ci sur son attachement tout particulier à la religion : les Siciliens aiment les bondieuseries, c’est un fait. Tuniques à plastrons aux épaules tombantes, broderies florales très baroques, imprimés à l’effigie de la madone, paletots de laine, manteaux longs et beaux souliers du Dimanche… La qualités des broderies et des tissus paraît excellente, et l’ensemble plutôt luxueux. Alors que penser ? Cette obsession stylistique pour la ruralité italienne est-elle une grosse mascarade de designers en manque d’inspiration ? La persévérance dont fait preuve la maison dans cette voie peut faire douter, surtout que l’on doit bien reconnaître que certaines pièces sont vraiment intéressantes…

Ermenegildo Zegna

© Ermenegildo Zegna

Déjà en Juin les adjectifs de « soyeux », « brillant » et  « doux » étaient récurrents pour évoquer le défilé de Zegna pour l’été 2013. L’hiver prochain conserve la même tonalité, avec une collection mettant la soie à l’honneur.
Les premiers costumes (très nombreux) arborent en effet une splendide brillance aussi élégante que luxueuse. On la retrouvera sur certains drapés de manteaux qui sont à tomber avec des cols s’étalant parfaitement sur les épaules dans un esprit châle. Les cuirs renvoient directement à la texture lumineuse et subtile de la soie, aniline oblige : la marque a bien sûr travaillé avec des peaux (mouton, agneau…) d’une qualité parfaite, teintée dans la masse, pour une brillance unique. Finalement c’est ici que les mots utilisés par Miuccia Prada seraient les plus pertinents : « Vous avez envie de tout porter, et c’est cela la vraie mode ».
Tout est beau, bien taillé et raffiné : certes sombre et peu innovante, cette collection symbolise malgré tout la maîtrise et la force d’une maison fière de ses codes et de ses savoir-faire.

Fendi

© Fendi

On a pu entendre Tim Blanks parler d’Islande, de science et de nature pour évoquer cette collection… Sans que cela lui incombe personnellement, ça n’est absolument pas convaincant. Jolis bleus, belle brillance des matières et jolis costumes, voilà pour le meilleur de cette collection. Le pire (mais encore une fois, c’est un avis personnel), c’est la facilité et le cynisme avec lesquels Silvia Fendi – qui n’est rien d’autre qu’une héritière finalement – utilise et parle de la fourrure. La matière est belle (pour femmes plus que pour homme), mais c’est tellement superflu et anachronique… La « designer » ose évoquer son rapport à la nature pour décrire cette collection, et assumerait presque un certain mépris pour le matérialisme. Et la pire blague de l’année revient à … Que l’on arrête de se moquer du monde, voici ce qui se voit après décryptage de cette collection. Sans inspiration, peut être par pure incompétence car le talent n’est pas héréditaire, la designer de cette ligne masculine se repose sur le déballage de pelures – tant appréciées par le diable qui s’habille en Prada – sans aucune autre valeur ajoutée. C’est trop facile, c’est indécent, c’est navrant. Le bla bla des relations presse (qui ont dû s’arracher les cheveux) n’y changera rien, et même le reporter star de style.com devra meubler son « review » en parlant des canapés et du champagne servi lors de la présentation à 2 reprises. Au moins on s’en souviendra !

Giorgio Armani

© Giorgio Armani

Autant avec Ferragamo deux mots suffisent à décrire la collection, autant avec Signor Giorgio il faudrait un nuage de mots.
Tout y est, du très formel au très casual en passant par de nombreux mélanges de styles, et c’est bien de cela qu’il s’agit ici finalement. Le premier look en est l’illustration : une veste de velours kaki assortie d’un pantalon de laine à rayures. Plus tard c’est un splendide costume façon smoking à rayures qui profite de la politique de diversité d’Armani pour cohabiter avec un… polo en maille, dont la patte de boutonnage revêt une bande de satin très lumineuse. Mais si l’on ne devait retenir qu’une chose de ce défilé, c’est sans doute le velours. Classique ou embossé, en haut ou en bas, il sera très présent l’hiver prochain chez le créateur italien, qui n’en n’est pas à son coup d’essai avec cette matière pourtant très peu utilisée dans le monde du luxe. Vous l’aurez donc compris, que vous soyez businessman, bohême, trendy ou classique, il y aura forcément quelque chose à prendre dans cette collection de l’hiver prochain. Est-ce un effort que fait Giorgio Armani pour « plaire à tout le monde », ou bien a-t-il souhaité faire une synthèse des codes de sa maison et marquer le coup par un gigantesque défilé ? Sans doute un peu des 2… Difficile, avec une quantité si impressionnante, d’avoir un avis tranché, qui finalement s’avère aussi hétérogène que les styles qui nous ont été présentés !

Gucci

© Gucci

Frida Gianini n’en pouvait plus d’attendre l’arrivée des collections croisières, dont elle a toujours été particulièrement fan. Alors elle a fait en sorte de mettre un peu de fraicheur dans cette collection de l’hiver prochain, et ce dès le premier look. L’azur clair ouvre le défilé par un manteau long au drapé très fluide, suivit de près par un autre manteau plus court croisé et un pull en tricot torsadé et col cheminé en angora, qui donne un délicieux aspect flouté à la silhouette. Elle n’oublie cependant pas ce qui a fait son grand succès à la tête de la maison : le style militaire.
Pièces maitresses de ce style (et de la collection), de nombreux manteaux coupe officier à double boutonnage dans les tons foncés rappelleront la signature stylistique de la marque aux deux g. Gucci pâtit aujourd’hui d’une mauvaise réputation, associée souvent au bling bling et à un luxe « trop démocratique ». C’est un jugement sévère : si en effet certains choix stratégiques sont regrettables pour l’image de la marque, en revanche la qualité du prêt à porter et notamment des collections podiums reste excellente.
Ainsi donc c’est sans rougir que l’on peut affirmer que cette collection est une réussite parce qu’elle fait une fois de plus écho à un savoir faire en matière de prêt à porter de luxe qui reste tout à fait honorable.

Missoni

© Missoni

Avec une utilisation massive du très coloré « chevron Missoni », la maison italienne est, une fois de plus, restée enfermée dans ses perpétuels codes. Très casual, la collection fait la part belle aux gilets à boutons ou zippés, aux pulls et aux manteaux croisés. Rien d’extraordinaire, comme si la marque s’adressait toujours à un noyau de clients incompressible, qui reviennent toujours pour les mêmes raisons. Tant mieux si cela fonctionne, et il serait totalement injuste de dire que ces vêtements sont sans intérêt : à défaut de porter un ensemble, on peut en revanche égayer un vestiaire sombre par une belle maille certes colorée, mais non moins raffinée. Le seul risque, c’est de se lasser…
Pour éviter cela, on ne peut qu’encourager Angela Missoni à s’abandonner à un coup de folie : il y aurait plein de choses à faire en conservant l’idée du chevron coloré, mais en y apportant une grosse dose d’innovation…juste histoire de se renouveler !

Moncler Gamme Bleue

© Moncler

Moncler est bling bling et symbole de mauvais gout, de contrefaçon et de made in China. Sauf la Gamme Bleue !
Encore un défilé rafraichissant, décalé et bien agréable, faisant la part belle à de multiples bleus et rouges. L’Ecosse est caricaturée par les divers tartans géants, les kilts et les sporran (petites sacoches) si typiques. Evidemment saturées de tous ces motifs, les silhouettes sont néanmoins amusantes, mais cette collection ne s’arrête pas là. Une magnifique maille torsadée blanche explose la tendance des pulls en servant de matière première pour un costume ! Un usage inédit, très malin et surtout très réussi ! Cette belle énergie continue avec les capes à carreaux (forcément), rabattues vers les épaules pour une allure très sport, ou bien en lainage et portées avec un pantalon à plis pour faire plus habillées.
Très éclectique, cette collection reste très fidèle à l’esprit si sportif de Moncler, sous la belle maitrise de Thom Browne qui a encore fait un superbe travail. Non seulement les coupes sont impeccables, mais en plus le designer se permet la délicieuse folie de l’innovation des matières. Redisons le : il est plus qu’improbable de porter un kilt de nos jours, mais ce n’est pas l’envie qui manque de se laisser aller à un peu de fantaisie avec les manteaux ou les hauts…et surtout avec cette maille torsadée méchamment stylée taillée en blazer ! Au milieu de la morosité milanaise (certes élégante, mais fort lassante), Sir Browne a eu le mérite de nous faire sourire et d’apporter une diversité qui manquait cruellement à la saison prochaine. Félicitations !

Moschino

© Moschino

Le style Moschino a toujours été totalement imperméable aux tendances, et affirme chaque saison une identité forte, avec plus ou moins de bon goût, il faut le reconnaître. Commençant très fort avec un imposant tartan sur des manteaux, pantalons et blousons, la collection apporte ensuite une très jolie surprise tout en contraste. Manteaux longs et pantalons de lainage à plis gris anthracite se voient gratifiés d’applications plus claires ou plus foncées, structurant les tenues d’une façon très intelligente. Il y a, pour terminer, quelques imprimés « city by night » très colorés, et c’est là leur seul intérêt. C’est Moschino : du bon et du moins bon dans une même collection, mais au final un style qui se remarque au milieu d’une saison hivernale qui s’annonce morose pour les italiens.

Prada

© Prada

« C’est ça la vraie mode, vous avez envie de tout porter »… Permettez quelques réserves, Madame Prada.
Votre podium très rétro un brin bizarre était de bonne augure, et effectivement les tissus, les couleurs et les coupes de cheveux des défilants étaient en plein dans le mille. Mais ça n’est, pour autant, pas suffisant : vos beaux pulls colorés, aussi jolis soient-ils, courent déjà les rues. Vos pantalons de lainage et vos souliers à double semelle, certes de bonne facture, ont intégrés les rayons des magasins il y a de cela quelques années maintenant…Enfin, vos fantaisies contrastées sur les cols des vestes ou manteaux, et vos carreaux vichy mono/bicolores, effectivement intégrés dans une tendance rétro, ne suffisent pas à vous distinguer de ce que propose déjà la grande distribution. Nul intention de vous blâmer Mme Prada, car cette collection reste reconnaissable comme votre signature. En revanche, la qualifier de « vrai moment de mode » est exagéré.
C’est au mieux la synthèse des codes masculins de votre maison, au pire un passage à vide dont il résulte une collection bien fade comparée à celle de cet hiver 2012.

Roberto Cavalli

© Roberto Cavalli

Ou plutôt Daniele Cavalli, si l’on veut être exact, car on est bien loin du faste des défilés du padre Roberto… Et pour cause : pas de défilé, une simple présentation de seulement 20 looks… 
Ce choix fut justifié par l’envie de créer une ambiance « gentleman’s club ». Cependant, le jeune designer semble se retenir, malgré l’annonce d’un nouvel imprimé « téléidoscope »…et on peut comprendre qu’à 26 ans, il doit être difficile d’amener sa propre vision de la marque de papa, encore bien présent à la direction artistique. Smoking bien taillé, veste en alligator et chemises en soie arborant le nouvel imprimé : que l’on se rassure, la ligne homme n’a rien perdu de son caractère luxueux ni de sa capacité d’innovation. Les ateliers italiens de la maison restent en effet maitres dans la manipulation de ces matières nobles, et la qualité sera, à n’en pas douter, au rendez-vous.
Rien que pour cela, il est tentant d’être indulgent avec le jeune Cavalli, dont l’ambition est de donner à la ligne homme la même résonnance que la ligne femme, ce qui, effectivement, n’est pas encore le cas. Souhaitons lui bon courage !

Salvatore Ferragamo

© Salvatore Ferragamo

On a rarement vu autant de manteaux en un seul défilé.
Ferragamo est donc sans conteste la marque la plus représentative de la tendance milanaise à produire de l’outerwear à la tonne. Le podium donnera le ton : un « simili macadam » humide, avec en fond un écran donnant vue sur un automnal New York pluvieux. Le 1er look suffit à lui seul pour décrire la collection, porté par un dandy au visage carré et dur, les cheveux légèrement désordonnés et la démarche assurée donne l’idée d’un homme actif et sûr de lui, pour changer (vous imaginez un designer dire « je voulais un homme hésitant qui ne sait pas où il va et qui soit totalement flasque ?). Il porte un long manteau en lainage noir à double boutonnage dont les bords, jusqu’au col haut, sont gansés de cuir.
Mots clés : noir, manteau, cuir…et avec ça vous savez tout sur Ferragamo hiver A/H 2013 ! Pour le pantalon, un 7/8ème à plis et pour les chaussures, des boots box-calf élégantes, mais bien dans l’esprit temps de pluie ! Enfin, de nombreux cuirs anobliront encore cette collection très chic et, pour une fois à juste titre, vraiment intemporelle. L’occasion de rappeler à ceux qui pourraient en douter que la Maison italienne n’est pas à la pointe de l’innovation ou de l’avant-garde, mais que c’est une des meilleures de ce monde pour proposer un vestiaire masculin luxueux et intégralement fabriqué en Italie. Ca compte encore plus aujourd’hui !

Versace

© Versace

Alors Versace…ah ! ô Versace, maison (pourtant) adorée, maison de luxe et de décadence, de beau (et de moche), de style superbe et de mauvais goût.
Ce défilé illustre parfaitement la schizophrénie suicidaire dans laquelle s’enferme cette marque qui ne tient pas en place.
Ca aurait pu bien commencer, avec du costume aux prints oversize (prince de galle, pied de poule…) et d’amusantes chaussures bicolores façon Al Capone, mais très vite ça dégénère. En effet les imprimés donnent la nausée : zèbre, girafe, barrocco jaune et multicolores… Mais le summum du mauvais goût reste à venir, car voilà qu’arrive un terrible moment de souffrance, dû au fait que sur le podium les parties génitales de pauvres mannequins innocents se retrouvent enfermées et enlacées dans de la lingerie en dentelle, cherchant visiblement un moyen de s’échapper de cette cage de luxe habituellement réservée à ces dames. Le spectacle est affligeant, ponctué de manteaux de fourrures façon pimp, pulvérisant la notion de style et de bon goût.
Et Mme Versace ironise : elle cite un boxeur affirmant que « la virilité ne vous est pas donnée, elle s’acquiert »… Elle veut choquer, comme le faisait son frère il y a bien longtemps, mais ces looks ont 20 ans de retard. L’offre en matière de mode masculine s’est considérablement développée, faisant émerger de nombreux talents du monde entier avec un don certain pour l’innovation. Mais la prétention de la maison Versace l’isole dans un retour aux sources, et donc vers le passé qui, dans le cas de ce défilé, est totalement raté.
Mais nous parlions de schizophrénie, et c’est en effet le cas : au delà de ce déchainement de bling bling affligeant, la qualité des matières, des coupes et de l’assemblage reste excellente. Et il n’y a pas si longtemps, le style était à la hauteur de ce savoir faire… Espérons que Donatella et son équipe cesseront de faire leurs intéressants pour revenir à une mode plus respectable… Si Versace doit persévérer sur cette lancée, alors le respect que l’on pouvait avoir pour cette maison risque de devenir aussi fragile que…de la dentelle.

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