Chroniques de Jérusalem (Delisle)

Par Mo

Delisle © Guy Delcourt Productions – 2011

D’aout 2008 à juillet 2009, Guy Delisle a vécu à Jérusalem-Est. Le contexte de ce séjour d’un an est consécutif à une mission que sa femme doit effectuer pour Médecins sans Frontières.

A son arrivée, l’auteur ne connait absolument rien du conflit israélo-palestinien. Dans cet album, il va partager son quotidien, entre vie de famille, rencontres, excursions en solitaire pour croquer les paysages… et sa découverte croissante d’un pays en guerre.

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Depuis quelques albums maintenant, Guy Delisle nous a habitués à profiter de ses séjours à l’étranger. Cela a commencé en 2000 avec la publication de Shenzen ; il travaillait alors encore dans l’animation et a vécu en Chine pendant un an, suite à un remplacement de Direction d’animation qu’il a obtenu. Il poursuit en 2003 avec Pyongyang où il décrit la Corée du Nord, un pays qu’il a également découvert suite à une mutation professionnelle. Le ton change en 2007 avec Chroniques birmanes puisqu’il ne part plus pour son propre compte mais pour suivre Nadège (sa femme) qui travaille à Médecins sans Frontières. Guy Delisle investit alors le rôle de l’homme au foyer et s’occupe de l’éducation de leur fils. Les ballades en poussette sont pour lui l’occasion d’explorer la région. Dans Chroniques de Jérusalem, le principe est le même : une mission M.S.F. de sa femme oblige toute la petite famille (qui s’est agrandie entre temps) à déménager de nouveau. Rapidement, Delisle se fait à l’idée que l’éducation et la garde des enfants le mobiliseront plus que son envie de croquer la région d’un coup de crayon.

Une fois les enfants scolarisés et les modes de gardes en périscolaires trouvés (les frais de nounous sont assez chers), l’auteur peut consacrer quelques heures par jour à visiter la région. Ce qu’il découvre est pour lui une totale découverte, à commencer par la nécessité de s’habituer à l’omniprésence d’individus armés (civils ou militaires) ; c’est l’un des points que l’auteur abordera régulièrement. Ensuite, il s’agira aussi pour Guy Delisle de comprendre les traditions propres à chaque religion et de s’habituer à la présence imposante du mur autour d’Israël.

Delisle © Guy Delcourt Productions – 2011

… et dans la chambre, on a une jolie vue sur le mur. Tous les matins, je me lève et la première chose que je vois, c’est le mur. Le pire, c’est qu’on s’y habitue. J’y fais même plus attention.

Cet album offre un regard intéressant sur la situation en Israël. De même, j’ai été sensible à sa construction qui montre le cheminement de l’auteur-narrateur : totalement ignare à son arrivée à Jérusalem, il s’intéresse aussi bien à la ville (et à ses environs) qu’au contexte historique et religieux du conflit. Il est friand de tous les détails qui l’aident à mieux comprendre la situation. Il emmagasine les savoirs et on accède peu à peu des propos plus « didactiques » (dates, anecdotes, évènements historiques…). Il est évident que l’auteur a cherché à se renseigner et à profiter au maximum de son séjour.

L’auteur se découpe en douze chapitres (août / septembre…). Ils respectent la chronologie du séjour. Au détour d’une excursion faite par l’auteur, on croise ainsi un groupe de jeunes juifs américains profitant d’un séjour organisé par le Taglit, on constate la vitesse à laquelle les membres de M.S.F. ont su se mobiliser pour intervenir à Gaza suite aux attaques aériennes menées dans le cadre de l’Opération « Plomb durci » (décembre 2007-janvier 2008)…

Le grief le plus fort que j’ai envie à l’égard de cet ouvrage concerne sa composition graphique. En effet, elle varie peu des autres chroniques qu’il a publiées (Chine, Corée du Nord, Birmanie). Le trait est expressif mais basique. J’aurais plus envie de voir les carnets de croquis originaux.

Un bon album mais qui n’innove en rien, aussi bien sur le fond que sur la forme. L’avoir lu renforce mes interrogations : justifie-t-il qu’on lui ait accordé un Fauve d’Or (Angoulême 2012). Un Prix « Regards sur le monde » n’aurait-il pas été plus compréhensible ??

L’insouciance et la témérité de l’auteur m’ont parfois agacée. Un ouvrage lu en trois jours avec un nombre incalculable de pauses… cela ne vous étonnera donc pas si je vous dis que Chroniques de Jérusalem n’est pas l’album que j’ai envie de mettre en avant pour sensibiliser un lecteur au conflit israélo-palestinien. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tant de lecteurs encensent autant cet album… Parce que c’est Delisle ? Parce que les propos ne heurtent pas le lecteur ? Cela est-il suffisant pour justifier la qualité d’un album ??

Le blog dédié à la série.

La chronique de Du9 et d’autres avis sur Babelio.

Lecture de février pour kbd

Extrait :

« Il y a une quinzaine d’années, j’ai fait un voyage en Irlande du Nord… à Londonderry. Devant le mur qui séparait chrétiens en protestants, je me suis dit : au moins, nous, on n’a pas ça en Israël. Et regarde aujourd’hui où on en est… » (Chroniques de Jérusalem).

Du côté des challenges :

Roaarrr Challenge : Fauve d’Or 2012

Petit Bac 2013 / Lieu : Jérusalem

Tour du monde en 8 ans : Canada

Récit de Voyage : Israël

Chroniques de Jérusalem

One shot

Editeur : Delcourt

Collection : Shampooing

Dessinateur / Scénariste : Guy DELISLE

Dépôt légal : novembre 2011

ISBN : 978-2-7560-2569-8

Bulles bulles bulles…

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Chroniques de Jérusalem – Delisle © Guy Delcourt Productions – 2011