Armstrong et une liste de Schindler pour sauver le cyclisme

Publié le 28 octobre 2012 par Jeanpaulbrouchon

Au-delà d'Armstong, la liste des brebis galeuses qui ont trempé dans les affaires de dopage est très longue...

Armstrong déchu et rayé des podiums, c’est Greg LeMond qui triomphe en étant désormais le seul et unique Américain à figurer au palmarès du Tour de France. Une belle revanche pour le triple vainqueur (1986, 89, 90) qui a été l’un des premiers à mettre en doute les
« exploits » de son compatriote. Une attitude qui lui a coûté cher car le Texan a usé de son influence malsaine pour le discréditer auprès des sponsors américains et lui pourrir le marché du cycle à un point tel que LeMond a vu ses affaires péricliter.
LeMond qui demande maintenant la démission de Pat McQuaid, l’actuel président de l’UCI. Mais quid de son prédécesseur, Hein Verbruggen ? On fait le procès d’Armstrong, mais on pourrait faire celui de la fédération internationale qui, pendant une décennie, a laissé le mafieu texan faire sa loi en toute impunité, usant de l’intimidation et des menaces –  pas
uniquement verbales - au sein du peloton sans qu’interviennent les commissaires chargés du contrôle de la course ! Comme si un arbitre de football démissionnait totalement devant la personnalité d’un joueur en plein match…


Désormais le caïd d’Austin est tombé de son vélo. Son arrogance ne fait plus peur à personne et son orgueil en a pris un sale coup, mais pour Armstrong les ennuis ne font que commencer. Car il va falloir maintenant rembourser les sommes indûment encaissées auprès d’ASO, payer ceux qu’il a lésés devant la justice et qui réclament leur argent. En attendant une éventuelle plainte de la poste américaine dont l’action de sponsoring a servi à organiser le dopage au sein de l’US Postal, ce qui pourrait amener son ex-leader à témoigner devant la justice avec le fameux risque de parjure qui pourrait l’emmener en prison (confère Marion Jones, condamnée à six mois ferme dans l’affaire Balco).
Pour Armstrong, la menace est bien réelle et un monde est en train de s’écrouler. Un monde construit dans la contrainte et grâce à de multiples complicités. Trop longtemps il a pu faire jouer ses relations, utiliser ses réseaux, bénéficier de protections en haut lieu sans
qu’aujourd’hui on ne puisse établir une liste des responsables de ce fiasco et de cette crise qui menace l’avenir du cyclisme. Une véritable liste de Schindler, non pour sauver mais pour éliminer définitivement les brebis galeuses, ceux qui ont trempé dans les affaires et sali le cyclisme : les dopés récidivistes, les directeurs sportifs minables et foireux, les managers voyous, les médecins véreux, les financiers complices et les dirigeants corrompus. Tout un monde qui gravite autour des coureurs en transmettant un savoir qui repose sur des magouilles et des expériences personnelles très souvent sulfureuses.
Une belle équipe, bien en place, et qui mériterait d’être clouée au pilori comme le miraculé du cancer. En attendant, Armstrong a perdu ses sept Tours victorieux entre 1999 et 2005. Il est le seul à payer, au sens propre comme au figuré, mais on pourrait aussi rayer du palmarès Pantani (1998), Ullrich (1997), Riis (1996) et pourquoi pas Indurain (1991 à 1995) et d’autres encore ? Et qu’en est-il de ceux dont on ne parle pas, parce qu’ils n’ont pas gagné, certes, mais ont joué les premiers rôles et fait leur carrière à la « grande » époque de l’EPO, les Rominger, Olano, Jalabert ?

Bertrand Duboux