Comme la Suisse ? Facile !

Publié le 19 octobre 2012 par Omelette Seizeoeufs
 

Il paraît qu'en appliquant le libéralisme à la France, la France deviendrait une sorte de Suisse. La Suisse est un pays "fit", un pays qui fait du fitness (en salle, car les hivers sont rudes). Les libéraux sont fits aussi, car on est responsable pour son corps. C'est une question de volonté. Et cela leur évite d'avoir à se soucier de ce qu'ils deviendraient s'ils n'avaient pas l'assurance maladie de la Sécurité Sociale, car comme ils sont "fits", ils résistent aux maladies, au vieillissement et souvent au décès.

Mais je digresse.

Le problème que nous avons devant nous, c'est comment faire de la France une Suisse.

 

D'aucuns suggéreront, non sans raison, que les Suisses sont moins nombreux que les Français. Il se trouve qu'il y a à peu près 8.000.000 Suisses en Suisse, contre 65.000.000 Français en France. Il se trouve que nous avons même un peu plus de 8.000.000 pauvres, qui pourraient donc constituer à eux seuls leur propre Suisse. Ce serait bien sûr le contraire d'une Suisse "fitte". En revanche, si on les enlève de notre future Suisse, on arrive quand même à 57.000.000 non-pauvres. Pas terrible, mais c'est un début.

En cherchant un peu, on découvre qu'en France, les ouvriers et employés pèsent pour 50 % dans la population. Ce ne seront jamais des libéraux, car ils passent leurs temps à travailler pour quelqu'un d'autre. Ils ne seront jamais des créateurs d'entreprise. Par contre, quand ils ont un petit rhume ou quand ils arrivent à l'âge de la retraite, vous pouvez être sûr qu'ils sont là pour réclamer leur "".

Pour ces raisons, nous les excluons de notre Suisse. En se dégraissant ainsi, nous arrivons à environ 32.000.000, soit quatre fois la vraie Suisse.

Je sens néanmoins que vous êtes en train de vous dire : "c'est bien, mais il ne suffit pas d'être moins nombreux pour être suisses". Et vous avez raison. Il manque des banques.

Car dans le PIB de la Suisse, les banques font leur part, avec 14 %, tandis que dans notre France obèse, les banques ne représentent même pas 3 % du PIB. On veut bien être "fit", mais il ne s'agit pas pour autant de réduire le PIB juste pour dire que les banques ont une plus grosse part. Et avec l'explosion des créations d'entreprises hi-tech, le PIB, délesté des profiteurs, va de toute façon grimper à des sommets alpins.

Il y a donc des mesures urgentissimes à prendre. Tout d'abord : remonter dans le classement du blanchiment d'argent sale. La vraie Suisse squatte le haut du tableau depuis lontemps. Et ce n'est pas le Monaco, avec sa pitoyable 64e place, qui va nous sortir d'affaire. Car si la Suisse réelle arrive à attirer un quart des placements offshore, c'est que les Suisses sont très forts, et très fits. Dans notre Suisse, il va falloir vraiment réfléchir à comment faire, pour arriver dans les trois premiers, donc en déplaçant le Luxembourg ou les Iles Caïman.

L'autre avantage de ce nouveau créneau bancaire, c'est que si jamais il devait y avoir une crise bancaire internationale qui serait dûe à l'avarice du secteur privé et à l'arrivée d'une tendance toute nouvelle chez les financiers d'essayer de tricher dès que la possibilité se présente, une crise donc complètement différente de celle que nous subissons actuellement, due aux retraités, aux chômeurs et aux malades, alors le fait d'avoir des banques ultra solides pourrait être d'un grand secours. Hypothétiquement parlant, bien sûr.

 

Les commentateurs du billet cité au début, et auquel ce billet doit toute son inspiration, ont souligné que le fait d'avoir les protestants du pays fut une très bonne pour la Suisse et une très mauvaise pour le libéralisme de la France. Nous avons décidé que notre Suisse, l'Edit de Nantes n'aura pas été évoqué du tout. Les protestants sont donc restés, retroactivement, chez nous et ont, rétroactivement, prospéré.

De même, nous avons décidé de supprimer plusieurs autres événements bien trop étatiques de notre passé. Par exemple :

  • L'invasion du reste de l'Europe par Napoléon, un étatiste du pire espèce ;
  • La conquête coloniale. La Suisse n'a pas jamais essayé d'être un pouvoir maritime, et il nous semble essentiel de les suivre sur cette voie innovante.

Il reste quelques détails à règler : sortir de l'Euro, de l'Europe, de l'OTAN, établir une tradition de secret bancaire datant du Moyen-Age. Facile.

Nous pensons d'ailleurs que d'autres pays pourraient faire pareil. Nous suggérons à l'Espagne d'être comme le Bahrein ; l'Italie pourrait imiter le Singapour, et l'Irelande le Hong Kong.