Madame Taubira, « vous êtes en train d’engager une lutte interminable contre la réalité humaine, contre sa partition binaire et contre sa complémentarité. »

Publié le 05 février 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

De Charles-Maurice, sur nos partenaires du Rouge et Noir

Madame le Ministre,

La foule immense qui s’est étendue dans toutes les villes de France, vous ne l’avez pas entendue. Pourtant, c’était le pays réel. Loin des quartiers bourgeois-bohème, loin des arcanes politiques, loin de la presse, loin de ce monde qui tourne sur lui-même et qui oublie que le vrai monde ne suit pas.

Je vous écris sans aucun mépris, sans haine, sans animosité, sans passion même. À ce pays réel que vous oubliez, j’appartiens. Et, comme moi, ce pays réel n’éprouve pas de colère, ni de peur. C’est l’amour de la vérité, de la vie et de l’humain qui nous anime. Cette ferveur collective vous parle : elle vous demande de l’écouter, elle doit être écoutée. Je ne vous parlerai ni de sexualité, ni de psychologie, ni d’éducation. Je m’attache à une chose plus élémentaire, plus fondamentale, plus originelle : la réalité.

La réalité n’est pas un choix, ni une politique, ni une doctrine, ni un projet. La réalité s’accepte, s’assume, se vit.

Vouloir contrarier la réalité revient à construire un rêve, mais dans ce rêve, dans cette chimère, il n’y aura jamais de liberté, aucun but ne sera jamais atteint. Cette grande fuite en avant substitue l’absurde à la nature et pousse l’homme au néant. Loin de rendre le monde plus intelligible, vos réformes donnent à la nature les apparences de l’injustice et de la cruauté. Oh ! c’est un grand pas, un saut, j’en conviens, mais nous sommes au bord du précipice.

Oui, dans cette entreprise politique, vous souhaitez abîmer tout un pays. L’ardeur ne vous fait pas défaut. Je comprends toutes ces personnes auxquelles vous promettez le bonheur, l’amour et l’égalité. Dans cet élan de bonté, il y a toutefois de la haine. Je souffre d’entendre et de voir ma foi parodiée, moquée, insultée, tenue comme responsable de la souffrance d’autres Français. Ces Français que vous dites défendre, je les aime. À votre grand regret, je ne puis éprouver que votre haine. Et en voyant vos soutiens s’enflammer pour une cause contre une institution établie, et contre des valeurs fondatrices, je les aime encore plus. Je vois en eux une tristesse. Et je crains, hélas, que vous en profitiez pour les emporter sur des mauvais chemins : madame, vous faites fausse route.

Vous êtes en train d’engager une lutte interminable contre la réalité humaine, contre sa partition binaire et contre sa complémentarité.

« Il y a des lois fondamentales qu’on ne peut changer, en les violant on ébranle les fondements de la terre. » Ces lois, qu’évoque Bossuet, sont à la source de l’organisation de la société humaine. Deux êtres qui donnent la vie : il s’agit du bien le plus précieux, car il ne s’épuise jamais pour peu qu’on le respecte. Cette humanité ne peut être encadrée dans des lois, ou des philosophies. Car de cette humanité jaillit l’amour, et l’amour n’a pas besoin de l’invention sociale pour exister.

Mais il y a des lois plus dangereuses que celles qui veulent réduire l’amour à un acte légal, il y a ces lois, ces grandes lois, dont vous nous parlez, cette pensée universelle qui chercherait l’égalité. Un rêve en poursuit un autre. Qui en sont les auteurs ? Quelles sont ces lois sans législateurs ? Madame, il n’y a point de règle sans parole.

Contre ces artifices, ces mensonges, ces créations d’un esprit perdu, le pays réel se lèvera, et la tempête se déchainera. Non ce ne sont pas les fantômes du passé qui reviennent, ni le signe d’une espèce que vous croyiez éteinte. Notre cœur est jeune, solide et pur. Nous n’avons été corrompus par aucune idéologie, aucune abstraction philosophique.

Vous nous promettez un monde laid, froid, cantonné à l’organisation des petits désirs individuels. Et dans ce monde, où la religion du progrès a fait conduit à l’asservissement par le lucre, la destruction des cultures, et érigé le vice en vertu, notre jeunesse devra rebâtir une civilisation que vous aurez anéantie avec tant de jouissance.

Madame le ministre, nous ne voulons pas d’une humanité transformée en marchandise.

Nous ne voulons pas « faire famille », nous sommes, par nature, les familles du pays de France.

Notre dessein est d’assurer la continuité des générations, pas de les vendre.

Nous ne vous laisserons pas saboter notre avenir : demain nous appartient.

Charles-Maurice (qui est Charles-Maurice ?)