Guillaume Séguron/Lionel Garcin/Patrice Soletti en concert à Nantes au Pannonica par Monsieur P

Publié le 05 février 2013 par Assurbanipal

Lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs je vous ai déjà parlé des albums du contrebassiste Guillaume Séguron en solo et en trio. Je vous entends déjà vous plaindre que je n'en ai pas parlé en concert alors que c'est sur scène, face au public, que se mesure la vérité d'un musicien. Cette grave lacune va être réparée. Guillaume Séguron ne passe pas, pour l'instant, par Paris mais il s'est arrêté à Nantes au Pannonica à trois. Monsieur P, fidèle ami nantais, a pour habitude d'aller aux concerts de Jazz en ma compagnie, à Paris, lorsqu'il daigne se rendre de la capitale du Duc de Bretagne à celle du Roy de France. Cette fois-ci, Monsieur P joue à domicile. Je lui laisse donc la parole. Il s'agit ici, pour Monsieur P, à la fois de son premier concert de Jazz en solo et de sa première chronique de Jazz, la 651e de ce blog, alors qu'il est habitué à écrire sur la musique celtique. Merci pour votre indulgence, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs.

Le Pannonica
Nantes, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France.

Mercredi 30 janvier 2013. 20h30.

1ère partie: Guillaume Viltard (contrebasse)

2e partie: Guillaume Séguron (contrebasse)/Lionel Garcin (saxophone alto)/Patrice Soletti (guitare, effets)

Ce soir je vais donc assister à un concert au Pannonica salle nantaise dédiée au Jazz . Cette salle est située au cœur de Nantes et peut  rassembler 140 personnes assises ou 200 debout. Ce sont du moins les chiffres annoncés par le  personnel mais vu la configuration  de la salle , quand il y a 200 amateurs de Jazz, il ne manquerait plus que l’huile et les aromates pour faire boîte de sardines. Ce soir ce ne sera pas le cas , il y a tout au plus une trentaine d’amateurs de Jazz présents.  Ce  concert allait être la soirée des surprises pour moi. 

La salle n’est pas accessible car il faut descendre un escalier assez raide , et attendre que les portes s’ouvrent. Le concert était prévu à 20 H 30  mais je vis sur la porte: ouverture des portes à 20h30, début du concert à 21h00. Cette modification d’horaire n’a pas l’air de surprendre les rares personnes qui sont là et qui me disent que 21h00 est l’heure habituelle d’ouverture des portes. Cette soirée allait donc être la soirée des surprises, disais-je.

La première surprise  c’est le prix très modéré des places:  11€ pour deux concerts voilà qui est très raisonnable. Deuxième surprise , les prix des boissons au bar.  Le bar est situé au fond de la salle , les prix sont très abordables, imaginez chers habitués des clubs de la rue des Lombards à Paris la bière à 2,40 € ,  ce n’est pas dans vos clubs favoris  qu’on verrait ça. (NDR: L'abus de bière est nuisible pour la santé. A consommer avec modération).  Aux murs de la salle et même dans le passage qui mène vers l’entrée sont accrochés plusieurs portraits de jazzmen célèbres. Si vous voulez savoir lesquels, venez à Nantes et vous verrez.  Ces quelques lignes  vous permettront de mieux situer le Pannonica , surtout si vous n'êtes habitués qu’aux seuls clubs parisiens .

Au menu de ce soir, nous attendent deux concerts. Le premier Guillaume VILTARD  à la contrebasse solo , le deuxième un trio  composé de Guillaume Séguron , à la contrebasse et à la composition, de Patrice Soletti  à la guitare électrique et aux effets ( j’en parlerai plus tard) et de Lionel Garcin  au saxophone alto.

Pour commencer, avec un peu de retard  nous avons droit  à la performance de Guillaume Viltard à la contrebasse solo.  Guillaume Lagrée ,  qui est  l’auteur de ce blog  sait qu’en matière de Jazz , je suis plutôt novice  même si je suis  toujours prêt à faire de nouvelles expériences. Cette expérience est un peu extrême pour moi . Pendant une  heure , ou un peu moins ,  le public  a dû écouter voire dirai-je supporter,  le numéro  d’un contrebassiste qui certes paraît habité , qui est totalement dans son monde . C’est bien là  le  problème , Guillaume VILTARD  est trop dans sa bulle. Pas un seul échange avec le public , pas un mot de présentation  et  à peine un  merci à la fin de sa performance. J’ai d’ailleurs  failli partir au milieu de ce premier concert, car  une heure  de contrebasse solo avec un contrebassiste qui ne communique pas , c’est beaucoup, c’est trop . Je ne suis pas  le seul à penser ainsi car les rares applaudissements polis que récolte Guillaume VILTARD prouvent  que nombre de spectateurs présents dans cette salle ne deviendront pas des fans  absolus de ce musicien , si talentueux soit-il .  A la fin de ce long ( trop long ?) monologue, il y a l’entracte .

Vingt minutes d’entracte, pour changer le plateau  notamment . Au  cours de cet entracte, j’ai l ‘occasion d’échanger avec quelques spectateurs présents, je leur explique que même si  ce n’est pas mon premier concert de Jazz , je fais encore  mes premiers  pas dans le monde  des jazzeux.   Ils me répondent en souriant  que  pour des premiers  pas , j’ai fait un  peu fort , et que ce que j’ai vu , n’était pas représentatif du monde  du Jazz , mais ils saluent la perfomance  de Guillaume VILTARD soulignant au passage, le caractére difficile et exigeant  d’un  passage en solo. 

Je bois une bière nantaise  ( NDR: l'abus de bière, fût-elle nantaise, est nuisible pour la santé. A consommer avec modération ).  Puis la deuxième partie de la soirée commence . Il s’agit du trio  Guillaume Séguron  , composé de Guillaume Séguron  à la contrebasse , de Patrice SOLETTI à  la guitare électrique  et aux effets et de  Lionel Garcin au saxphone alto.  

Tout de suite , je perçois aisément la différence,  la musique  ressemble   plus au Jazz que je découvre  peu à peu.   

Le concert commence doucement avec une phase  de Jazz  que j’aime dans laquelle il y a un a beau  passage de contrebasse solo   au cours duquel Guillaume SÉGURON nous montre à quel  point il est un contrebassiste d’exception  qui n’a rien à  voir avec l’autre Guillaume celui de la première Partie. L’apport de Lionel GARCIN est remarquable aussi , ce duo me fait passer un bon moment. Ensuite Patrice SOLETTI entre en piste avec ses effets électroniques et sa guitare électrique   et là je me surprends à penser que je suis sûrement plus « classique » que «  moderne » car  je dois admettre que  je ne suis pas  un grand fan   de ce mélange surtout quand  Patrice SOLETTI use et  abuse  ( à mon avis)   d’effets électroniques. Ce n’est plus  la musique que j’aime .  Il y a une alternance entre les morceaux  que qualifierai  de classiques ( Contrebasse solo ou Contrebasse + saxophone alto)  des phases  plus d’improvisation  où  je remarque le manque d’unité chacun semblant jouer dans son  coin, et ne se souciant pas  de l’autre et des périodes plus de jazz métalliques  à cause ou grâce ( c’est selon)  à l’intervention de Patrice SOLETTI. D’ailleurs je remarque que dans les parties où Patrice SOLETTI intervient, il y a comme un problème de balance car la guitare  ou les effets électroniques  écrasent tout sur leur passage et donnent l’impression d’être plus à un concert de Métal, même si ça reste du jazz, qu’à un concert de jazz comme on peut on peut en écouter dans les clubs que j’ai évoqués en commençant ce billet. Guillaume SÉGURON  intervient entre chaque morceau et communique avec  la salle . Ainsi va ce concert  un peu tourmenté comme  une rivière  avec ses phases douces où  Patrice  SÉGURON fait des solos de contrebasse d’une grande qualité ou joue avec Lionel GARCIN qui lui aussi très doué  et qui donne presque l’impression d’être à la Nouvelle Orléans   et ses phases plus dures . A la fin de ce passage, les applaudissement se font nombreux, et j’entends même quelques bravos . Je ne suis pas loin de partager  cet avis . 

Après  le concert , je vais voir Guillaume  SÉGURON qui me reconnaît grâce à la présentation qu’a fait de moi Guillaume LAGRÉE et nous parlons de ce concert . A cette occasion  il m’explique que même si je me n'en rends pas compte,  que   le concert forme un tout et que  passages improvisés sont une métaphore de la vie , avec ses  phases plus ou moins rudes , plus ou moins douces et que cette forme de Jazz est, comme la vie, loin d’être un long fleuve tranquille . 

Si je  fais  le bilan de cette soirée , je me dis  que  le coté très, trop, expérimental  de la musique de Guillaume VILTARD m’a formidablement  pesé,  que c’était le voyage au bout de l’ennui . J’ai aussi pensé que ce genre devrait être réservé aux fanatiques de la contrebasse solo et  surtout de la contrebasse solo expérimentale , ce qui ne doit pas concerner beaucoup de personnes.  La  prestation du trio  Guillaume  Séguron  était comme  un lac de montagne, à la fois rafraîchissante et bienfaisante car en dépit des passage où les effets électroniques  m’ont un peu ( beaucoup) gâché le plaisir, j’ai retrouvé une forme de Jazz que j’apprécie.

Comme je ne puis vous donner tout tout de suite, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs, voici le trio Guillaume Séguron/Patrice Soletti/Lionel Garcin non pas en concert à Nantes mais en résidence à La Tour d'Aigues. Allez les écouter sur scène lorsqu'ils passeront près de chez vous. Comme Monsieur P, à Nantes, au Pannonica, vous ne regretterez pas d'avoir voyagé en leur compagnie.