Pesticides et idées reçues qui tuent

Publié le 06 février 2013 par Idealmag @idealmag2
Rédigé par Equipe Rédaction le Samedi 5 Janvier 2013 à | Lu 4 fois

Les pesticides seraient responsables de 10% des décès dans le monde, selon l'OMS. Problème, en France, tout le système agricole est basé sur les pesticides. Selon l'INRA, l'Institut National de Recherche Agronomique, les plantes utilisées aujourd'hui, celles sélectionnées depuis 50 ans, ou du moins leur grande majorité, ne pourraient pas survivre sans pesticide. Il serait donc soit-disant impossible de produire sans ces produits.


La France est le premier consommateur européen de pesticides. Toute l'agriculture est basée dessus.

La France est le premier consommateur européen de pesticides Un avis "ignorant les études" partagé par la plus grande majorité des "spécialistes", dont Isabelle Delpuech, porte-parole de l'Union des fabricants de pesticide. "Par exemple, pour du blé, le rendement moyen est de 70 quintaux par hectare avec des pesticides. Sans ces produits, on tombe à 40 quintaux à l'hectare à cause des maladies, des insectes ou encore des mauvaises herbes", explique-t-elle au micro d'Europe1. Et d'ajouter: "autre exemple, les pommes de terre. Au 18e siècle, le mildiou a ravagé la production en Irlande provoquant la famine et l'exode d'une grande partie de la population. Or cette maladie ne peut être combattue qu'en utilisant des pesticides." Source

Il serait bon d'étudier la question de plus près, et vérifier les études faites en la matière par les agences gouvernementales elles-mêmes. Trouverons-nous des réponses dans celles-ci pour éclairer nos lanternes sur les idées reçues les plus fréquemment entendues ?

Vrai ou faux : "Les pesticides, comme les médicaments, sont évalués et homologués donc il n’y aurait pas de dangers !"

Vous entendrez régulièrement cette phrase ?

de la part des individus qui défendent le buisines des pesticides. D’ailleurs, selon le syndicat qui défend les intérêts des producteurs de pesticides, l’UIPP : « L’agriculture bio et l’agriculture “ traditionnelle ” sont toutes les deux soumises à des réglementations sévères dont le respect garantit l’absence d’effets négatifs sur la santé ». Campagne d’information menée par l’UIPP en 2005.

Cette affirmation subtilement présentée vise à faire croire aux consommateurs que les substances utilisées par chacune de ces deux type d’agricultures sont exemptes de dangers. Ceci est clairement faux car les produits utilisés dans ces deux types d’agricultures ne présentent pas du tout le même niveau de toxicité.

Des produits aux niveaux de toxicité bien plus importants sont utilisés en agriculture intensive tel que des substances classées T ou T+ (Toxique ou Très toxique), pouvant entraîner la mort. De plus, des multiples études s’intéressent aux effets à long terme des faibles doses de ces pesticides synthétiques, démontrant leur caractère cancérigène, mutagène, toxique pour la reproduction, perturbateur hormonal, neurotoxique etc. La Commission Européenne elle-même, dans son 6ème Programme d’action pour l’environnement, a reconnu qu’il y a « des preuves suffisantes pour suggérer que les problèmes associés à la contamination de l’environnement et des aliments par les pesticides sont sérieux et s’aggravent ». Cette contamination généralisée est l’œuvre des pesticides de synthèse dangereux utilisés par l’agriculture intensive, et non pas celle de l’agriculture biologique, qui n’en utilise pas !

En outre, l’affirmation qui consiste à dire que sous prétexte que les produits sont homologués ils ne présentent pas de dangers est tout a fait fausse. Ces produits sont conçus pour « tuer », leur toxicité (qu’elle soit aigue ou du fait d’une exposition chronique) ne peut être nié (cf. notre partie sur les risques sanitaires des pesticides).

De plus, depuis de nombreuses années nos ONG attirent l’attention sur les faiblesses des évaluations des produits et donc sur le fait que les homologations ne sont pas garantes de l’innocuité du produits.

Nous attirons aussi votre attention sur le fait que pendant des années les promoteurs des pesticides se sont vantés du fait que les pesticides étaient évalués « comme les médicaments ». Nous savourons aujourd’hui cet axiome depuis l’affaire du Mediator nous ne sommes pas sûr qu’ils osent encore s’appuyer sur cet argument !

Vrai ou faux : "Sans pesticides de synthèse, attention famine !"

Vous entendrez régulièrement cette phrase ?

L’emploi des pesticides de synthèse serait indispensable. FAUX !  Plusieurs études ou rapport attestent du contraire.

Ainsi, un rapport du Rapporteur Spécial sur le droit à l’alimentation de l’ONU Olivier De Schutter rappelle que l’agroécologie peut doubler la production alimentaire mondiale en 10 ans. Se basant sur les plus récentes recherches scientifiques, le rapport appelle à un virage fondamental en faveur de l’agroécologie, dont les méthodes sont « plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim ». Il rappelle également que l’agriculture intensive accélère le changement climatique repose sur des intrants coûteux, engrais et pesticides, inaccessibles aux petits paysans, et n’est pas résiliente aux chocs climatiques ! Pour avancer de telles affirmations, le rapport se base sur des projets récents menés dans 20 pays africains montrant « un doublement des rendements des cultures sur une période de 3 à 10 ans » !

Le lobby des pesticides suggère que nous aurions à choisir entre les pesticides ou la famine, en employant des phrases comme : « Dans le passé, en l’absence de traitement adapté des récoltes, des cultures entières ont été anéanties, à l’origine de famines. ».

Pourtant, des modes de conduite agricole comme la production intégrée ou l’agriculture biologique produisent en quantité suffisante, en utilisant moins ou même plus du tout de pesticides de synthèse.

Des pays comme le Danemark, la Suède ou encore la Norvège ont divisé par deux, ou plus, leur consommation de pesticides en 5 à 10 ans et parviennent toujours à produire suffisamment.

Plus de 250 000 familles du sud et de l’est de l’Afrique travaillent environ 60 millions d’hectares en biologie, plus d’un tiers de la production agricole de l’ouest de l’Afrique est biologique…et ces personnes ne connaissent pas la famine.

Dans un contexte européen de surproduction, toujours encouragée par la PAC malgré un début de réforme, la question de la productivité est hors de propos. Chacun sait que les secteurs en crise suite à une surproduction cherchent une solution en privilégiant naturellement la qualité.

Il faut garder à l’esprit que la question de la faim dans le monde est la plupart du temps consécutive à des déficits locaux, couplés à des difficultés techniques d’acheminement, à des obstacles politiques à la distribution, enfin au retard ou à l’inadéquation de l’aide.

Par ailleurs, Jean-Marc Jancovici (Diplômé de l’École Polytechnique et Enseignement à Mines ParisTech) a réalisé une étude démontrant que le bio pourrait nourrir toute la planète si les occidentaux diminuaient leur consommation de viande : « Entre 65 et 70% de la surface agricole française est consacrée à l’alimentation des animaux. […] Une bonne partie de la nécessité d’une agriculture intensive tient donc à notre souhait de manger beaucoup de viande à bas prix. […] la quantité de viande consommée par habitant et par an a pratiquement triplé en un siècle en France (en gros de 30 à 100 kg par habitant et par an). »

Vrai ou faux : "On est dans un milieu ouvert donc on trouve forcément des pesticides dans les aliments bio !"

Vous entendrez régulièrement cette phrase ?

L’Agence bio (une agence gouvernementale) affirme que bien « que l’agriculture biologique ne représente aujourd’hui que 3% des surfaces agricoles en France : le risque de contamination par des pesticides présents dans l’environnement, malgré les mesures de précaution prises par la filière, ne peut pas être occulté.

Globalement, les études réalisées pour le compte du ministère de l’agriculture de 1993 à 2008 sur près de 20 000 échantillons de produits biologiques et l’ensemble des mesures mises en œuvre permettent de constater qu’aujourd’hui, plus de 95% d’entre eux sont totalement exempts de résidus de pesticides, ce qui démontre un très faible niveau de contamination. »

En outre, une compilation d’études (allemande, DG Sanco…), réalisée par Claude Aubert (Agronome), montre qu’on ne trouve pas de résidus de pesticides dans les aliments bio, sauf pollution rarissime et aux marges des exploitations.Compilation d’études (allemande, DG Sanco…).
Les études européennes réalisées dans ce domaine, ainsi que celles menées par la DGCCRF montre l’absence de résidus de pesticides de synthèse dans les aliments bio.

L’AFSSA Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments reconnaît que(1):  » Le mode de production biologique en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits, pour la santé humaine. » Source : Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique », AFSSA, Juillet 2003.

En outre, en cas de contamination accidentelle par des pesticides de synthèse, les lots de produits concernés seraient déclassés et ne pourraient porter le label AB.
Source : http://www.generations-futures.fr