[notes sur la création] Michel Leiris

Par Florence Trocmé

« Tenter de muer la vie en fête et de se faire, en tant que peintre, le promoteur de fêtes que d’autres pourront vivre s’ils savent user de leurs yeux (de même que ceux qui approchent André Masson n’ont qu’à se mettre à l’écoute pour jouir de la fête à bâtons rompus qu’offre sa conversation), telle semble avoir été, très tôt, la double volonté de cet artiste, qui a certes une vue tragique de la condition humaine, mais est essentiellement un dionysiaque persuadé, comme Nietzsche, que “l’art véritable est toujours un dithyrambe de la vie ” et incapable autant que lui de s’accommoder d’un dieu qui – selon les termes qu’il lui reprend – ne serait pas un dieu dansant » 
Michel Leiris, « André Masson », in Écrits sur l’art, édition établie par Pierre Vilar, CNRS Éditions, 2011, p. 136.