La crise semble plus profonde que certains veulent bien l’admettre. De nombreux commentateurs italiens n’hésitent d’ailleurs pas à parler de «complot ourdi par quelques membres de la curie pour en discréditer d’autres ou préparer, déjà, la relève»…
Banquier. Car le principal scandale en cours ne concerne pas le majordome, mais bien le banquier du pape lui-même, un certain Ettore Gotti Tedeschi, président de l’IOR (Institut pour les œuvres de religion, la «banque» du Vatican). Ce «grand argentier», banquier professionnel international, membre lui aussi de l’Opus Dei et éditorialiste à L’Osservatore Romano, avait été appelé à cette charge en 2009 par le pape pour «mettre aux normes internationales les finances du Saint-Siège», soupçonnées, depuis les affaires mafieuses des années 70 et 80, de pratiques pour le moins opaques et de probable blanchiment d’argent sale. Ecarté par le conseil de surintendance, sans l’assentiment ni du pape ni du cardinal secrétaire d’État Tarcisio Tertone, le banquier serait victime d’un complot de cardinaux s’inquiétant de leur perte d’influence. Car l’IOR n’est pas n’importe quelle institution : son patrimoine est évalué à cinq milliards d’euros, dont 80% appartiennent à des monastères, congrégations religieuses, conférences épiscopales, etc. Seul le pape, les cardinaux membres du conseil de surveillance et les quatre administrateurs peuvent avoir accès aux bilans de ces 33.000 comptes. Pas de pouvoir au sein de la curie, sans la haute main sur ce trésor de guerre…
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 1er juin 2012.]