Magnifique Hélène Vincent...

Publié le 14 février 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Au Petit Saint-Martin, la comédienne incarne "Ita L. née Goldfeld", une femme juive comme tant d'autres décédée durant la seconde guerre mondiale dans un convoi la menant aux camps. Evocation d'une vie avant le départ vers une destination alors inconnue. La possibilité de fuir. La résignation. Intense.

L'histoire d'Ita, c'est celle de l'arrière grand-mère de l'auteur, Eric Zanettacci, que ce dernier a voulu reconstituer et mettre en lumière. Au début du vingtième siècle Ita fuit Odessa, les juifs d'Ukraine subissant pillages et massacres, s'installe à Paris avec son mari qui s'engage dans la Légion Etrangère et meurt peu après. Jeune veuve, elle élève comme elle peut leurs enfants, avec amour et foi en la vie, foi en l'homme, jusqu'à ce que ceux-ci ne s'émancipent. En 1942, trente ans après avoir échappé au pire à l'est, la police frappe à sa porte et lui annonce qu'elle a une heure pour faire ses bagages. Dans ce laps de temps si court, elle voit sa vie défiler. Hésite à s'enfuir . Encore ? Pour aller  où ? Pour quoi faire ? Sans son mari qu'elle aima profondément, désormais loin de ses enfants, elle semble prête à accepter son destin. 

Ce monologue poignant qui interroge le spectateur sur ce qui le pousse à lutter, à se battre, sur ce qui le retient à la vie quand ce qu'elle a pu lui offrir de plus beau et de plus fort se trouve derrière lui, Hélène Vincent se l'approprie merveilleusement. Elle insuffle à cette femmme sa tendresse, sa sensibilté, sa simplicité, sa profondeur.

A travers la mise en scène qu'elle cosigne aux côtés de Julie Lopes Curval, elle a choisi, dans une pudeur et un respect qui l'honorent, de ne pas se fondre dans le personnage dès le lever du rideau, donnant par une astucieuse mise en abyme encore plus de force au récit. Le texte en main, dans un premier temps, l'actrice lit, prend connaissance, comme nous, d'un parcours auquel elle va, remisant la brochure, offrir ses traits, ses gestes, sa respiration pour en transmettre toute l'humanité. Une heure durant elle sera Ita, mais en fin de spectacle, avant le salut, elle quittera la peau de celle qui la traversa, aussi bouleversée que ceux qui sont venus l'applaudir.

Très fort.

Allez-y.

Photo : Bernard Richebé