[Critique Cinéma] Shadow dancer

Par Gicquel

Collette, jeune veuve, républicaine, vit à Belfast, avec sa mère et ses frères, fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté , Mac, un agent secret du MI5, lui offre le choix : 25 années en prison et ainsi perdre son fils, ou espionner sa propre famille. Elle décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…


"Shadow Dancer" de James Marsh

Avec : Clive Owen, Andrea Riseborough, Gillian Anderson

Sortie Cinéma le 06/02/2013

Distribué par Wild Bunch Distribution

Durée : 102 Minutes

Genre : Drame

Film classé : -

Le film :

Shadow dancer ? Il y a bien longtemps que je ne suis pas sorti aussi chamboulé d’une salle de cinéma. De mémoire je citerais «  Tetro », et surtout «  La Taupe » Tomas Alfredson… avec  son délire paranoïaque qui nous renvoie très explicitement à «  Shadow dancer ».

J’étais vraiment ailleurs, heureux et bouleversé, léger et chahuté par des sentiments contradictoires. C’est du cinéma, c’est du grand spectacle, c’est une histoire à pleurer.Celle d’une terroriste de l’IRA, Collette Mc Veigh, qui pour éviter la prison accepte de devenir l’indic d’un enquêteur anglais. Je n’en dirais pas plus sur l’argument du film, qui au fil des différentes péripéties n’en finit pas de prendre une réelle consistance, et de s’enrichir de la valeur des hommes, et des femmes.

Elle sont au cœur du conflit qui dans les années quatre-vingt dix tiraille toujours la communauté irlandaise, même si des pourparlers de paix sont en cours. C’est la faille d’un système pour les radicaux  de plus en plus marginalisés par leur hiérarchie.

Les garçons de la famille Mc Veigh sont à fond pour la résistance face à une mère silencieuse et secrètement malheureuse de la tournure des événements. Au milieu Collette a fait un choix qui chaque jour, chaque nuit, la tenaille au plus profond d’elle-même.

Entre la culpabilité et le remord, c’est cette déchirure que le réalisateur James Marsh étale au grand jour devant des militants de plus en plus suspicieux. Le doute s’insinue et le malaise, de plus en plus palpable, ne nous lâchera désormais jamais plus.

Ce film sous tension permanente  joue à la fois du thriller et du politique, avec un suspense tout aussi haletant. Le double jeu de la jeune femme  renvoie à une psychologie torturée que le réalisateur ausculte avec encore plus d’acuité au sein de la cellule familiale. Il la chamboule, du scénario à la direction d’acteurs, tous ici excellents (Andréa Riseborough, l’indic Clive Owen, son consultant…)

On en oublie vite l’artifice de la mise en scène, aussi percutante que retenue. Marsh possède un truc qui lui permet de filmer des pièces vides et de leur donner du sens. Il capte des ambiances, cent fois rapportées au cinéma, mais cette fois réellement palpables, dans un grain de lumière assez particulier, là encore. Le chef op’ a bien fait les choses. Lui aussi.