Pérégrinations amazoniennes (1) : de Tarapoto à Lagunas (ou Liliane dans les lianes)

Publié le 17 février 2013 par Melaniepiqpiq
Après les températures hivernales de la montagne (OK j'exagère, c'est jamais descendu en-dessous de 10 en journée, mais quand même), je me réjouissais de retrouver la touffeur tropicale et les petites robes... Je n'ai pas été déçue : dès la sortie de l'avion à Tarapoto, l'odeur de chaleur humide que j'aimais tant en Thaïlande m'a envahi les narines. Nous avons crevé de chaud à poil dans nos lit et avons été importunées par le bruit assourdissant des mobylettes qui traversait les boules Quies, mais peu importe : nous étions revenues à un climat un peu plus dépaysant.
Culinairement parlant, ça change beaucoup aussi.

   pataraschka, poisson mariné avec entre autres de la coriandre avec frites de manioc (yuca en espagnol, encore un faux ami !)

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Dès le lendemain, c'était parti pour Yurimaguas (2h30 de route et non pas 6 comme le disait le Lonely Planet pas DU TOUT actualisé bien que ce soit l'édition 2012),

Notre hôtel à Yurimaguas les pieds dans l'eau

   la mairie

d’où nous comptions prendre un bateau jusqu'à Iquitos (3 jours de traversée).
Nous avons goûté l'inchicapi, une spécialité amazonienne.

   Soupe de cacahuètes, poulet, manioc et coriandre, servie avec des rondelles de banane frite. Plus exotique tu meurs.

Si on avait su que c'était notre dernier repas un peu élaboré avant une semaine, on aurait encore plus savouré. Nous n'en avions pas l'intention à l'origine, mais le petit gars de l'hôtel nous a convaincues de faire une excursion de 3 jours dans la jungle à partir de Lagunas (accessible en bateau sur le chemin d'Iquitos). Bon pourquoi pas, nous avions le temps... pensais-je. Nos hamacs achetés, c'était parti pour un trajet de 10 heures sur un bateau qui transportait autant de passagers que de marchandises.

un taxi mobylette, par exemple

   C'est super confortable en fait ! Faites pas attention à mon gros pif qui s'est remis à gonfler (et à me faire un mal de chien) sans crier gare, à un tel point que j'ai dû recommencer le traitement.

  On est loin du beau Danube bleu avec la saison des pluies qui rend l'eau toute terreuse.

Paraît qu'à la saison sèche l'eau est émeraude... je demande à voir.

Après une nuit à Lagunas, départ pour la réserve.












Autant vous le dire tout de suite : nous ne sommes pas venues DU TOUT à la bonne saison. Comme tout était inondé, il était impossible de marcher, nous avons  tout fait en barque.

Il fallait parfois se courber sous les branches de ces arbres au tronc épineux.  

 Les « fleurs de la liberté », ou la version minoochienne des oiseaux du paradis.

Ceci dit elle en a perdu (ou gagné, ça dépend du point de vue), elle déforme moins qu'avant, moi qui attendais au tournant son « Machu Pikachu », elle ne l'a jamais sorti. Par contre j'ai eu droit à un magnifique « piňa cotta » (elle cherchait le nom d'un cocktail).

Liliane dans les lianes


  Je vous rassure sur un point : ce n'est pas nous qui ramions avec nos bras pleins de fromage blanc. Nous avions un mignon petit guide et une espèce de sorcière pustuleuse et édentée (mais musclée) pour traîner nos grosses fesses. Gentil, le guide, mais pas pédagogue pour un sou... Il parlait super vite, je ne comprenais qu'un quart de ce qu'il me disait (et encore). Frustrant, sachant que la veille dans le bateau nous avions eu la compagnie d'un guide super sympa et expérimenté (celui conseillé par le Lonely Planet) qui s'adaptait à mon niveau de langue et nous avait montré ses morsures de crocodile. Enfin j'ai quand même compris, globalement, que tout est beaucoup beaucoup beaucoup mieux à la saison sèche. Nous aurions vu des tortues, des crocodiles, la cabane sur pilotis dans laquelle nous avons passé 2 loooongues nuit aurait été au milieu d'une plage de sable... Bon, on a quand même vu quelques animaux : de beaux oiseaux jaunes et noirs aux yeux bleus qui faisaient un boucan d'enfer  des singes moines tout mignons,

un paresseux (qui mérite bien son nom, il est pas vif l'animal)


 et le dos de dauphins qui remontaient respirer à la surface. Nous nous sommes essayées à la pêche. La Mounich a commencé par me lancer le hameçon dans le décolleté (ouf, l'appât n'était qu'un bout de poisson sinon vous entendriez encore mes cris résonner jusqu'à chez vous), puis a quand même réussi à nous ramener une feuille à la surface, avant de se faire avoir par un poisson malin qui lui a bouffé son appât sans mordre à l'hameçon. De mon côté j'ai laborieusement mais fièrement attrapé deux poissons, tandis que notre guide, avec une facilité déconcertante (et très énervante) remplissait la barque de magnifiques spécimens.

tels ce piranha un peu prognathe qui, si j'ai bien compris, peut te tronçonner le doigt avec ses petites dents qui n'ont l'air de rien.

Frimeur !

Tant qu'on était sur la barque, ça allait, mais dans la cabane, le temps a été trèèèèèès long. Innocente, je n'avais pris qu'un petit livre de 120 pages et mon dico d'espagnol (dans lequel il n'y a jamais les mots que je cherche). « Le vieux qui lisait des romans d'amour » (que nous n'aurions pas pu lire dans un meilleur cadre) a illuminé une ou 2 de nos longues heures d'oisiveté. À 19h30 nous étions couchées avec nos lampes frontales (pas d'électricité) sous la moustiquaire envahie par des moustiques transgressifs (mais c'était toujours moins pire que dehors). N'ayant plus rien à lire, j'en ai été réduite à faire les dernières grilles de Sudoku de la Reum avec les bêbêtes stupides qui venaient se crasher contre ma lampe. À 2 heures du mat j'étais réveillée avec l'impression d'avoir fini ma nuit... C'est ce qu'on appelle un grand moment de solitude.